La majorité des enfants ont cette fascinante capacité de s’émerveiller devant les petites choses. Ils sont curieux et imaginatifs. Devant un problème, ils trouvent souvent des solutions si simples qu’elles font sourire les adultes. Dans Jules au pays d’Asha, on retrouve toutes ces charmantes caractéristiques de la jeunesse. Cela ne donne qu’une envie : écouter son cœur d’enfant et partir à l’aventure.

Dans ce conte familial récompensé au dernier Festival international du film pour enfants de Montréal, Sophie Farkas Bolla transporte petits et grands « quelque part [dans le] nord de l’Amérique », dans les années 1940. On y fait la rencontre de Jules (Alex Dupras), un garçon débrouillard et curieux, mais solitaire. Affligé d’une maladie de peau très rare, il est la cible de moqueries au village à un point tel qu’il ne peut plus fréquenter l’école.

Lorsque son fidèle compagnon canin Flagrant se sauve dans les bois, Jules croise Asha (Gaby Jourdain). La jeune autochtone lui apprend que sa mère pourrait le guérir. Le seul problème : elle ignore où elle se trouve. Est-elle sur la « réserve actuelle des Indiens » que Jules a vue sur une carte ? Pour le savoir, le duo entreprend une grande expédition.

PHOTO LAURENCE GRANDBOIS BERNARD, FOURNIE PAR MAISON 4 : 3

Jules au pays d’Asha met en valeur la beauté des paysages du Québec.

À travers la quête des deux enfants, on s’émerveille devant la beauté des paysages filmés dans les Laurentides, en Abitibi-Témiscamingue et à la Baie-James. La forêt verdoyante semble presque magique dans la lentille de Sophie Farkas Bolla, qui réalise ici son premier long métrage. Une impression amplifiée par la musique joyeuse qui accompagne les jeunes aventuriers au cours de leur périple ponctué d’évènements étonnants, comme cette nuit éclairée par les lucioles.

Mais au-delà de la beauté de la nature, c’est surtout celle de l’enfance que la cinéaste réussit avec brio à mettre en valeur.

D’abord, en racontant la naissance d’une amitié sans jugement, dans laquelle les différences sont vues comme des forces. Une amitié nourrie par un intérêt réciproque de faire connaissance avec l’autre. En ce sens, le film permet d’en apprendre plus sur l’histoire et la culture autochtones, notamment grâce au personnage du bienveillant Niimi (Kevin Papatie), sans toutefois que cela devienne trop éducatif et ennuyeux.

Ensuite, en montrant que dans les répliques des enfants se cache parfois une grande sagesse qu’on gagnerait à écouter. Lorsque Jules demande à sa mère (Marilyse Bourque) pourquoi son oncle, qui est maire de la ville, déteste les autochtones, elle lui répond qu’il a besoin de leur territoire pour agrandir le village. « On ne peut pas juste se le partager ? », répond le garçon. Une question qui pousse à réfléchir.

Soulignons d’ailleurs la performance d’Emmanuel Schwartz dans le rôle de cet homme froid, strict et méchant. Marilyse Bourque offre pour sa part certaines des scènes les plus touchantes en compagnie de l’interprète de son fils, Alex Dupras. On sent aussi une belle complicité entre le jeune acteur et Gaby Jourdain, qui incarne Asha. Pour cette dernière, il s’agit de ses premiers pas au cinéma.

Un vent de renouveau

Si l’offre de films jeunesse québécois était plutôt faible dans les dernières décennies, l’année 2022 semble marquer un tournant dont on ne peut que se réjouir. Coco ferme, Katak, le brave béluga, Cœur de slush et maintenant Jules au pays d’Asha témoignent de la qualité des productions d’ici pour enfants et adolescents. Des longs métrages qui n’ont rien à envier à ceux de Disney ou de DreamWorks, mis à part leur budget, évidemment.

En salle

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Jules au pays d’Asha

Film familial

Jules au pays d’Asha

Sophie Farkas Bolla

Avec Alex Dupras, Gaby Jourdain, Emmanuel Schwartz

1 h 29

8/10