Au début des années 1980, Adidas et Converse dominent le marché des chaussures de basketball. Nike joue alors son va-tout sur une recrue au grand potentiel, Michael Jordan.

Je suis tombé amoureux du basketball en troisième année du primaire et les exploits de Michael Jordan avec les Bulls de Chicago y sont pour beaucoup. N’ayant pas eu les moyens de m’acheter des Air Jordan pendant ma jeunesse, je me suis repris à un degré ridicule à l’âge adulte. Le film Air, qui relate comment Nike a convaincu Jordan de porter ses chaussures, semble avoir été fait pour moi et mes semblables. Pourtant, ce qu’il raconte va bien au-delà du basket et des baskets.

Il y a d’abord Sonny Vaccaro, un savant du basketball embauché par Nike afin de dénicher des recrues qui pourraient permettre à l’équipementier de l’Oregon de rivaliser avec ses concurrents, Adidas et Converse. Matt Damon interprète avec justesse cet homme un peu éteint dont le feu est soudainement ravivé lorsqu’il réalise que Michael Jordan est un talent unique. Le persuader de choisir son employeur devient alors sa raison de vivre.

Sonny doit non seulement convaincre le cofondateur de Nike Phil Knight (Ben Affleck, qui semble jouer selon l’image qu’on a de lui : souvent grognon et angoissé, parfois motivé et zen), mais aussi les parents de Jordan. Le mythique athlète a demandé que Viola Davis incarne sa mère. Il ne s’est pas trompé, car l’actrice oscarisée excelle dans le rôle de cette femme posée, mais déterminée.

Sans voler de scène, Jason Bateman et Chris Tucker ajoutent humour et humanité dans leurs rôles d’employés de Nike. Chris Messina, qui incarne l’agent David Falk, parvient quant à lui à nous faire sourire justement par son manque flagrant d’humanité. Même s’il est parfois excessivement colérique, le comédien qu’on a vu dans Argo – aussi de Ben Affleck – donne du relief à un film qui n’en a pas beaucoup.

La réalisation d’Affleck est particulièrement monotone, alors que le sujet permettait certainement plus d’audace. L’artiste polyvalent souligne à gros traits que son histoire se déroule dans les années 1980, mais c’est tout. La répétition de plans montrant la mode, la nourriture (lire la malbouffe), la technologie, les vedettes, les athlètes et les marques de l’époque, en plus de la musique des mêmes années, nous semble un moyen plutôt simple et économique – voire cheap – d’insuffler style et couleurs. Le film Tetris, vu la semaine dernière, et la série Winning Time, qui traite aussi de basket, nous apparaissaient plus astucieux dans leur façon de dépeindre la même décennie.

Nos attentes envers Air n’étaient pas les mêmes que la plupart des cinéphiles, et même si voir plus de basket et de baskets nous aurait fait plaisir, nous aurions été amplement satisfait d’un peu plus de dynamisme et d’originalité pour raconter ce récit fort inspirant.

En salle

Consultez l’horaire du film
Air (V.F. : Air : Courtiser une légende)

Drame historique

Air (V.F. : Air : Courtiser une légende)

Ben Affleck

Avec Matt Damon, Viola Davis, Ben Affleck

1 h 52

6,5/10