En s’inspirant de sa propre histoire familiale, la cinéaste catalane Carla Simón frappe un grand coup avec ce film lauréat de l’Ours d’or de la Berlinale l’an dernier.
Elle y raconte en outre la transition entre l’ancien et le nouveau monde en suivant le quotidien d’une famille d’agriculteurs tentant de maintenir à flot une exploitation les ayant fait vivre depuis des décennies, laquelle, dans la dure réalité d’aujourd’hui, n’est plus viable.
Les Solé habitent la même terre depuis pratiquement la nuit des temps. Ils ne sont cependant pas propriétaires du terrain qu’ils exploitent. Depuis aussi longtemps que cette terre existe, la famille propriétaire l’a toujours cédée aux Solé à une époque où, avant même la naissance du patriarche actuel, une parole suffisait pour sceller un contrat qui n’existe pas. Cette absence de document juridique met aujourd’hui le clan dans le pétrin. Le plus jeune descendant du propriétaire a en effet décidé de prendre les grands moyens pour rendre rentable un terrain qui ne l’est plus depuis un bon moment.
La cinéaste évoque ainsi les difficultés que rencontrent les petits exploitants et la grave crise agricole qui les menace de disparition. Cela dit, celle qui fut révélée en 2017 grâce à Été 93 s’attarde surtout à brosser un vibrant tableau avec les enfants qui s’amusent comme ils peuvent et les adultes qui les entourent. Bien que ces derniers forment une alliance qu’on devine solide depuis toujours, la nouvelle réalité fait en sorte que des dissensions importantes commencent à surgir. Tous ne partagent pas la même vision de l’avenir.
Ayant recruté des acteurs non professionnels s’exprimant dans un dialecte catalan apparemment rare, Carla Simón affiche un réel souci d’authenticité. Elle rend aussi hommage à la vie de famille, ainsi qu’à un coin de pays – magnifique – où, avec son propre clan, elle a passé toutes ses vacances d’été pendant son enfance. C’est très beau.
En salle
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Drame
Alcarràs
Carla Simón
Avec Jordi Pujol Dorcet, Anna Otín, Xenia Roset
2 h