À Paris, en 1942, une jeune fille juive mord dans la vie en découvrant l’amitié, l’amour et, surtout, en cultivant sa passion pour le théâtre et son désir de devenir actrice. Les journées s’enchaînent alors dans l’insouciance de la jeunesse…

En guise de premier long métrage à titre de réalisatrice, Sandrine Kiberlain nous offre un bel exercice d’équilibriste. Celle qui a déjà été citée neuf fois comme actrice aux Césars (elle a obtenu le trophée en 2014 grâce à sa performance dans 9 mois ferme, d’Albert Dupontel) réussit un genre de tour de force en faisant écho à la fougue de la jeunesse, à sa légèreté aussi, bien que le cadre dans lequel est campé ce récit initiatique évoque l’une des périodes les plus sombres de l’histoire de l’humanité.

Signant seule son scénario en s’inspirant librement de sa propre histoire familiale, Sandrine Kiberlain suit ainsi le parcours d’une jeune femme de 19 ans, Irène, juive française qui, en cette année 1942, vit des passions sur plusieurs fronts, la principale étant son désir absolu d’entreprendre une carrière d’actrice.

Même si l’Occupation rend très particulier le contexte dans lequel Irène évolue, la cinéaste n’insiste pas sur la reconstitution d’époque ni sur les symboles mille fois vus au cinéma. La menace nazie est plutôt illustrée de façon plus sourde au départ, pour ensuite se faire progressivement plus insistante. Dans l’esprit de la future actrice, le port obligatoire d’une étoile jaune ne pourra pas venir à bout de ses rêves ni des moyens qu’elle prendra pour les réaliser. Jamais.

Du coup, Sandrine Kiberlain nous offre en prime un superbe portrait de famille. Autour de la remarquable Rebecca Marder, qui trouve ici son premier grand rôle au cinéma (elle a joué la jeune Simone Veil dans Simone, le voyage du siècle et nous la verrons très bientôt dans Mon crime, de François Ozon), gravite une excellente distribution. On notera en outre la présence d’André Marcon dans le rôle du père, de même que celle de Françoise Widhoff, monteuse et productrice d’expérience, qui tient ici pour la première fois de sa vie un rôle, soit celui, très touchant, de la grand-mère.

Lancé à la Semaine de la critique du Festival de Cannes en 2021, Une jeune fille qui va bien nous arrive – enfin – après un long détour dans les méandres de la distribution internationale.

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Une jeune fille qui va bien

Drame

Une jeune fille qui va bien

Sandrine Kiberlain

Avec Rebecca Marder, André Marcon, Anthony Bajon

1 h 38

7/10