La situation devenant de plus en plus compliquée à gérer après une séparation, un camionneur entraîne sa fille âgée de 9 ans, déjà passionnée de camions et de courses, dans un road trip dont la destination ultime est le grand rodéo des Badlands, en Alberta.

Bien que ce que Joëlle Desjardins Paquette raconte ne comporte apparemment rien d’autobiographique sur le plan du récit, on sent quand même dans Rodéo une authenticité qui ne s’invente pas. Dans son premier long métrage, la réalisatrice, déjà remarquée grâce à ses courts métrages (Paparmane, Sans dehors ni dedans et Flots gris furent primés dans différents festivals), évoque en effet un monde qu’elle a connu – et aimé – dans son enfance. Cet amour transparaît dans chaque plan de son film.

La fascination qu’a Lily (Lilou Roy-Lanouette) pour ces gros camions bardés de lumières qui coursent en crachant sans gêne leur fumée noire dans le ciel est la même que celle qu’a éprouvée la cinéaste à l’âge de sa jeune héroïne. Le récit de Rodéo est ainsi construit autour de cette passion que la fillette partage avec son père (Maxime Le Flaguais), lui-même chauffeur de ce genre de mastodontes. Or, le moment que choisit ce dernier pour entraîner Lily dans un grand road trip – ils rêvent tous les deux d’assister à un rodéo organisé en Alberta – cache évidemment une crise familiale importante.

Principalement concentré sur la relation touchante entre le père et sa fille (les personnages extérieurs ne font que passer), Rodéo est un film visuellement splendide (beau travail de Juliette Lossky à la direction photo), duquel émane aussi une certaine poésie. Si certains détours scénaristiques se révèlent parfois plus prévisibles, les performances des deux acteurs sont en revanche impeccables. Pour son premier grand rôle au cinéma, 13 ans après Piché entre ciel et terre (Sylvain Archambault), Maxime Le Flaguais module avec grande sensibilité les contradictions et les déchirements intérieurs de son personnage. Face à lui, la jeune Lilou Roy-Lanouette, révélée grâce à Jouliks (Mariloup Wolfe), affiche un aplomb de tous les instants, lequel n’est pas sans rappeler celui de la toute jeune Charlotte Laurier 40 ans plus tôt dans Les bons débarras (Francis Mankiewicz).

Gagnant du prix de la meilleure réalisation au festival de Whistler, Rodéo impose d’emblée l’approche singulière d’une cinéaste dont on suivra le parcours avec intérêt.

En salle

Consultez l’horaire du film
Rodéo

Drame

Rodéo

Joëlle Desjardins Paquette

Avec Maxime Le Flaguais et Lilou Roy-Lanouette

1 h 21

7/10