Un fonctionnaire veuf condamné par un cancer cherche à donner du sens à sa vie.

Il fallait avoir du culot pour proposer un remake du chef-d’œuvre Ikiru, d’Akira Kurosawa, qui était en partie inspiré du roman La mort d’Ivan Ilitch, de Léon Tolstoï. Contre toute attente, Living tient la route et il s’avère poignant à ses heures.

Le récit intemporel tâte la condition humaine dans ce qu’elle a de plus sombre et de plus lumineux. Qu’est-ce qu’une vie réussie ? Est-ce que la maladie peut transformer une personne ? Et quel héritage laisse-t-on de notre passage sur terre ?

Ces questions – et plusieurs autres – sont encapsulées dans le riche scénario adapté du prestigieux romancier Kazuo Ishiguro (The Remains of the Day), qui vient tout juste d’être retenu aux Oscars. Une étude psychologique se dessine autour d’un homme au crépuscule de son existence, incapable de communiquer avec son fils, et qui revit en aidant les autres. Elle est nouée autour d’un drame social sur la figure du fonctionnaire qui fait perdre tant de temps au simple citoyen. Par moments, on se croirait dans la maison qui rend fou des 12 travaux d’Astérix.

Il fallait un acteur immense pour véhiculer autant d’émotions en n’utilisant que la finesse de ses regards. Bill Nighy (Love Actually, Pirates of the Caribbean) y est arrivé haut la main, ne faisant qu’un avec ce personnage fragile et sincère usé par le temps, étant nommé aux Oscars pour ce qui représente facilement son meilleur rôle en carrière. Le sobre comédien britannique est si convaincant que toutes les scènes où il n’apparaît pas à l’écran sont plus appuyées et explicatives, lorgnant vers les bons sentiments.

Bien qu’un profond sentiment de solitude et de mélancolie baigne l’ouvrage, le cinéaste sud-africain Oliver Hermanus (Moffie) utilise les contrastes pour rappeler la beauté du monde, accentuant son espoir. Sa mise en scène raffinée rend autant hommage aux vieux classiques anglais qu’à Kurosawa dont il emprunte les effets de montage, soignant chacun de ses plans tout en faisant appel à l’élégante musique d’Emilie Levienaise-Farrouch.

De quoi rendre un peu moins glacial Living, dont la retenue est élevée au rang de vertu, et qui rappelle qu’un remake respectueux d’un classique demeure toujours possible.

Living est présenté en version originale anglaise et en version originale sous-titrée en français.

En salle

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Living

Drame psychologique

Living

Oliver Hermanus

Avec Bill Nighy, Aimee Lou Wood, Alex Sharp

1 h 42

7,5/10