Après Les employés la saison dernière au Prospero, Cédric Delorme-Bouchard poursuit sa démarche d’écriture scénique autour des univers futuristes, portée par une esthétique fort novatrice.

Pour son tout nouveau projet en tant que metteur en scène, le concepteur se penche sur le « premier roman de science-fiction queer publié en langue chinoise », signé par l’écrivain taïwanais Chi Ta-wei. Un choix audacieux, considérant que le genre est rarement monté au théâtre.

Retrouvailles

Adaptée par l’autrice Rébecca Déraspe, Membrane est présentée sur la scène du Prospero et met en vedette six acteurs : Larissa Corriveau (qui interprète le rôle principal), Ines Talbi, Sébastien René, Pascale Drevillon, Marie-Christine Lé-Huu et Evelyne de la Chenelière. Le spectacle s’attarde à la question de ce qui définit l’être humain et son existence de plus en plus floue.

PHOTO MAXIM PARÉ FORTIN, FOURNIE PAR LE PROSPERO

Larissa Corriveau dans Membrane au Prospero

En 2135, dans un monde niché au fond des mers, Momo s’apprête à revoir sa mère pour la première fois depuis 20 ans, le jour de son 30anniversaire. Des retrouvailles qui éclaireront son passé et chambouleront sa vie, en lui rappelant qu’elle a contracté enfant un virus l’obligeant à vivre en isolement, dans une bulle aseptisée. Depuis, Momo est devenue une esthéticienne prisée, la seule à offrir de prodigieuses et mystérieuses membranes invisibles qui protègent la peau et magnifient l’existence. Mais est-ce vraiment son destin ? Où se situent les véritables frontières de l’identité ?

Production fort aboutie

Portée par une scénographie et des éclairages magnifiques, une ambiance sonore captivante, la production est dans l’ensemble fort aboutie. Or, ce spectacle s’adresse davantage aux cartésiens ou aux amateurs de dystopie et de récits d’anticipation. Le rêveur en moi a trouvé le temps long...

Certes, la proposition aborde des thèmes actuels – l’intelligence artificielle, la transplantation d’organes, les droits des communautés LGBTQ+, l’urgence écologique, etc. –, mais sa forme est déroutante, et son interprétation, inégale. Si Larissa Corriveau, dans la peau de Momo, et Sébastien René, dans le rôle de son « second » Andy, sont très bons et très drôles, le chœur des trois sirènes est parfois dissonant. La mère (Evelyne de la Chenelière) arrive sur le tard, mais avec beaucoup de panache. Mais la comédienne semble jouer dans une tragédie plutôt qu’une dystopie.

Consultez le site du théâtre pour des billets à Montréal et à Ottawa
Membrane

Membrane

Mise en scène : Cédric Delorme-Bouchard. Adaptation : Rébecca Déraspe. Durée : 1 h 30.

Au Prospero, jusqu’au 10 février., À la Nouvelle-Scène à Ottawa, du 22 au 24 février.

6,5/10