Il y a de ces œuvres littéraires qu’il faut laisser pénétrer en nous avant d’en mesurer la pleine beauté. L’étoile de la montagne, récent roman de Judy Quinn, est assurément une de celles-ci.

Fort de descriptions précises, grâce auxquelles on est transportés dans son décor à la fois enchanteur et hostile, le livre trace le parcours migratoire d’Irène et de Mia. Après un orage, les deux complices, la femme et l’enfant, découvrent par hasard l’étoile de la montagne, un lieu en apparence mystique. S’en suivra un récit d’une violence insoupçonnée, dont les dialogues saccadés et les tableaux d’une exactitude fascinante hypnotisent... jusqu’à empêcher d’arrêter de tourner les pages. Celle qui a remporté le prix Robert-Cliche en 2012 avec Hunter s’est laissé couler détient le secret d’une poésie qui rend visibles les lieux et les corps rencontrés. Malgré tout le flou autour de la situation dans laquelle se trouvent les protagonistes, l’ambiance merveilleusement étrange convainc de nous laisser guider par la plume de Judy Quinn. Et malgré l’absence de repères spatiotemporels, on sait que l’écrivaine veut nous faire ressentir toute l’âpreté d’être déraciné, sans savoir où ni quand nous arriverons, faisant habilement écho à la crise des migrants.

L’étoile de la montagne

L’étoile de la montagne

Leméac

176 pages

7/10