Elles surviennent à tout moment, n’importe où. C’est rendu si banal qu’on ne les voit plus, ces microagressions que les femmes vivent depuis leur enfance.

L’autrice Pier Courville en énumère plusieurs dans son deuxième roman, Elles. Après avoir raconté son expérience en néo-natalité avec ses jumeaux dans le livre Petits géants (Hamac, 2020), elle se plonge dans le dérangeant, l’intimité des femmes, en déclinant en courts chapitres ces moments où la honte envahit les victimes après avoir été critiquée, harcelée ou violentée. Quand leur corps ne leur appartient plus. Qu’importe si le bourreau est une femme ou un homme.

Ces courts récits du quotidien relatent des situations souvent à l’apparence banale, d’autres plus tragiques. En racontant des moments survenus dans la cour d’école, au travail, dans la rue ou même à l’hôpital, l’autrice frappe dans le mille avec des phrases courtes et précises et raconte avec une économie de mots comment une parole ou même un regard peut miner la confiance des femmes, les heurter psychologiquement. La force du livre se trouve dans la somme de ces situations qui dérangent et qui peuvent troubler le lecteur. Et le laisser dans une grande impuissance devant l’accumulation de ces petites et grandes violences. Cela dit, Elles a le pouvoir de faire œuvre utile en sensibilisant ceux ou celles qui minimisent ces agressions ou certains comportements malaisants. Ou qui en sont les auteurs.

Elles

Elles

Hamac

176 pages

6,5/10