Après une première incursion remarquée dans la sphère du roman (Les survivants), l’essayiste suédois Alex Schulman remet le couvert avec Prochain arrêt, composant à partir du même bassin d’ingrédients.

Pour eux, tout converge vers Malma. Un père de famille monoparentale et sa fille, persuadée d’être rejetée de tous, y transportent une mystérieuse urne pour l’y enterrer. Un couple né et évoluant dans les étincelles. Une femme rondelette traquant un lieu précis au cœur de la petite ville. Tous se sont embarqués dans un wagon filant vers la même destination. Mais si les rails qui les y conduisent s’avèrent les mêmes, bien des trains sont passés sous les ponts entre chacun de leur voyage. Qu’est-ce qui les relie ? Et quel est ce code secret que ce père et sa fille s’échangent avec complicité, « Ninen » ?

De nouveau, Schulman morcelle et reconstitue les lignes du temps pour bâtir un récit multicouche, sautant les décennies pour peu à peu recoudre du même fil la fresque globale de cette histoire familiale. Une psychologie des personnages bien calibrée, une plume sensible et sans fioritures, ainsi qu’une construction narrative empruntant de nombreux aiguillages sans jamais nous perdre (l’auteur ayant résisté aux sirènes de la galerie étoffée de protagonistes, misant plutôt sur le développement d’une poignée d’entre eux) forment de nouveau une formule gagnante. Mais, en vue d’un hypothétique troisième titre, celle-ci ne mériterait-elle pas une plus large entorse, question de nous surprendre encore davantage ? En attendant, on ne boude pas son plaisir en se délectant de ce casse-tête pas si complexe, mais de belle qualité.

Prochain arrêt

Prochain arrêt

Albin Michel

300 pages

7,5/10