(New York) L’auteur de Babar, Laurent de Brunhoff, qui a relancé la populaire série de livres illustrés de son père sur un roi-éléphant et qui a présidé à son ascension vers une franchise multimédia mondiale, est mort à l’âge de 98 ans.

M. de Brunhoff, originaire de Paris et ayant déménagé aux États-Unis dans les années 1980, est mort vendredi à son domicile de Key West, en Floride, après avoir été soigné pendant deux semaines, selon sa femme, Phyllis Rose.

Âgé d’à peine 12 ans lorsque son père, Jean de Brunhoff, meurt de la tuberculose, Laurent est adulte lorsqu’il puise dans ses propres talents de peintre et de conteur pour publier des dizaines de livres sur l’éléphant qui règne sur Célesteville, parmi lesquels Babar au cirque et Le Yoga de Babar pour les éléphants. Il préférait utiliser moins de mots que son père, mais ses illustrations imitent fidèlement le style doux et sobre de Jean.

« Ensemble, le père et le fils ont tissé un monde fictif si homogène qu’il est presque impossible de détecter où l’un s’est arrêté et où l’autre a commencé », écrivait l’autrice Ann S. Haskell dans le New York Times en 1981.

La série s’est vendue à des millions d’exemplaires dans le monde et a été adaptée pour un programme télévisé et des longs métrages d’animation tels que Babar : le film et Babar : le roi des éléphants. Les admirateurs allaient de Charles de Gaulle à Maurice Sendak.

M. de Brunhoff était l’aîné des trois fils nés de Jean de Brunhoff et de Cécile de Brunhoff, peintre. Babar a été créé lorsque Cécile de Brunhoff, l’homonyme du royaume des éléphants et épouse de Babar, a improvisé une histoire pour ses enfants.

« Ma mère a commencé à nous raconter une histoire pour nous distraire », a raconté M. de Brunhoff au National Geographic en 2014.

« Nous avons adoré, et le lendemain, nous avons couru vers le bureau de notre père, qui se trouvait dans un coin du jardin, pour lui en parler. Il a été très amusé et a commencé à dessiner. Et c’est ainsi qu’est née l’histoire de Babar. Ma mère l’appelait bébé éléphant. C’est mon père qui a changé le nom en Babar. Mais les premières pages du premier livre, avec l’éléphant tué par un chasseur et la fuite vers la ville, étaient son histoire. »

Le premier album est sorti en 1931 chez l’éditeur familial Le Jardin des Modes. Babar fut immédiatement bien accueilli et Jean de Brunhoff termina quatre autres livres sur Babar avant de mourir six ans plus tard, à l’âge de 37 ans. L’oncle de Laurent, Michael, a aidé à publier deux ouvrages supplémentaires, mais personne d’autre n’a ajouté à la série avant la Seconde Guerre mondiale, lorsque Laurent, alors peintre, a décidé de la continuer.

PHOTO HACHETTE, PARIS, FOURNIE PAR THE NEW YORK TIMES

Le premier album est sorti en 1931.

« Peu à peu, j’ai commencé à ressentir avec force qu’une tradition Babar existait et qu’elle devait être perpétuée », écrivait-il dans le New York Times, en 1952.

M. de Brunhoff s’est marié deux fois, plus récemment avec la critique et biographe Phyllis Rose, qui a écrit le texte de nombreuses publications récentes de Babar, incluant la version de 2017 présentée comme la finale, Le guide de Babar à Paris. Il a eu deux enfants, Anne et Antoine, mais l’auteur n’a pas consciemment écrit pour les jeunes.

« Je ne pense jamais vraiment aux enfants quand je fais mes livres, a-t-il expliqué au Wall Street Journal en 2017. Babar était mon ami et j’ai inventé des histoires avec lui, mais pas avec des enfants dans un coin de mon esprit. Je l’écris pour moi-même. »