Traiter de violence conjugale dans une œuvre de fiction demande beaucoup de rigueur, de jugement et de prudence. Et Conduire à sa perte donne l’impression que son auteur en a manqué un peu.

Prenant la forme d’un long monologue intérieur, le premier roman de Jean-Nicolas Paul dresse le portrait d’une relation contaminée par les normes sociales, les responsabilités, mais surtout… la misogynie.

Parce que si le personnage d’Alexandre sillonne les routes en se demandant ce qui a pu le mener à commettre l’irréparable, nous, lectrice, réalisons rapidement que nous sommes devant un discours intérieur profondément sexiste. Évidemment, Alexandre est un personnage et Jean-Nicolas Paul ne cherche pas à promouvoir cette violence, mais si l’objectif était de faire une « description phénoménologique », il aurait fallu élargir le spectre d’analyse pour montrer comment la haine des femmes n’est pas étrangère à ce type de crimes.

Le style de l’auteur, sa plume rythmée qui essouffle, est le point fort de ce livre dont les contours manquent de finesse. Il est assez pénible de lire les lamentations de quelqu’un qui vient de tuer sa partenaire et qui tente de se l’expliquer en ressassant les évènements qui l’ont fait « devenir un homme soumis ». Avec la forte hausse des féminicides des dernières années, il nous semble que même la fiction a une responsabilité.

Conduire à sa perte

Conduire à sa perte

Tête première

114 pages

4/10