Le titre original du recueil de nouvelles de Margaret Atwood, Old Babes in the Wood, traduit mieux l’esprit de ce recueil que son titre français, Promenons-nous dans les bois. En ajoutant le qualificatif « vieux » au titre du conte classique pour enfants, l’auteure de La servante écarlate nous indique qu’elle n’est plus naïve, qu’il sera question de l’expérience qu’on acquiert tout au long d’une vie.

Et c’est en effet la perspective et la maîtrise de l’écriture de Margaret Atwood qu’on retrouve dans ces nouvelles.

La première et la dernière partie du recueil nous invitent à entrer dans l’intimité d’un couple, Nell et Tig, qui, on le devine, est inspiré par celui qu’Atwood a formé pendant près de 50 ans avec Graeme Gibson, mort en 2019.

On fait leur connaissance alors qu’ils suivent un cours de secourisme en vue d’une croisière où ils ont été invités à donner une conférence. Complices, ces deux érudits à l’humour fin aiment bien se taquiner et discuter littérature, politique et environnement. On aimerait les avoir comme amis !

On les retrouve à la fin du livre alors que Nell, en deuil, se remémore leur vie de couple. Ce sont de très belles pages qui parlent de la perte d’un compagnon de vie avec beaucoup de finesse et de tendresse.

Au centre du recueil, plusieurs nouvelles qui abordent des thèmes chers à Margaret Atwood, comme le féminisme, la science-fiction, l’environnement...

J’ai particulièrement aimé « Ma mère, cette sorcière », un texte très habile sur la relation entre une mère et sa fille adolescente. Dans les yeux de l’ado qui rêve de s’émanciper, la mère devient cette sorcière au comportement bizarre et embarrassant. Mais les mères, elles, auront compris que tout ce que désire cette femme, c’est protéger son enfant des épreuves de la vie...

Dans une autre nouvelle, la narratrice a recours aux pouvoirs d’une voyante pour aller à la rencontre de l’esprit de George Orwell. S’ensuit un dialogue entre les deux écrivains dans lequel Atwood rend hommage à celui qui a eu une grande influence dans sa vie artistique.

Chaque nouvelle de ce recueil est à la fois brillante, amusante, profonde et touchante.

Un vrai bonheur de lecture que nous offre, encore une fois, cette grande écrivaine.

Promenons-nous dans les bois

Promenons-nous dans les bois

Robert Laffont

359 pages

8/10