Voilà bien un roman dans l’air du temps – un roman brillant, à la fois politique et écologiste, et qui, s’il n’a pas pour autant franchi la ligne des finalistes aux prix Goncourt et Renaudot, a remporté en revanche les prix Interallié et Jean Giono au cours des dernières semaines.

On pourrait dire a priori qu’il s’agit d’une fable autour des lombrics, puisque le récit démarre avec une conférence sur les vers de terre à laquelle assistent deux étudiants en agronomie, sur le campus d’une université française.

Cette conférence sera déterminante pour Arthur et Kevin, non seulement parce qu’elle signe le point de départ de leur amitié, mais également parce qu’elle influera sur leur avenir. D’un côté, Kevin, fils de paysans modestes, va gravir l’ascenseur social pour devenir un entrepreneur écolo à la mode en mettant au point une technique révolutionnaire de vermicompostage qui pourrait bien résoudre le problème de la gestion des déchets à l’échelle mondiale. De l’autre, Arthur, fils d’avocat, renonce à ses ambitions universitaires et se met en tête de ressusciter la terre de son grand-père, rendue inexploitable par l’utilisation prolongée de pesticides.

Or, le succès ne sera pas sans embûches, ni pour l’un ni pour l’autre. Si quelques passages se sont avérés plutôt arides à la lecture, notamment les détails techniques sur le vermicompostage et les exposés détaillés sur les lombrics, la surprise a été de découvrir que le roman se mue en une dystopie terrifiante dans son dernier quart, prétexte pour l’auteur de mettre la lumière sur ces écolo-libertaires qui pensent que la planète est « foutue » et qu’elle devra renaître de ses cendres.

Entraînant tout en étant instructif, Humus est un roman unique en son genre qui braque les projecteurs sur les véritables enjeux politiques et économiques qui se cachent derrière les décisions liées à l’environnement.

Humus

Humus

Éditions de l’Observatoire

379 pages

7/10