Avec ce 21titre de sa série autour de l’enquêtrice Maud Graham, Chrystine Brouillet continue d’ausculter les nombreux problèmes sociaux issus de la pandémie et leurs conséquences dévastatrices.

Le mois des morts est une toile solidement ficelée et tissée autour de plusieurs affaires qui donnent du fil à retordre au service de police de la Ville de Québec, mais également de Longueuil, où le fils adoptif de Maud Graham, Maxime, est devenu patrouilleur et commence à occuper une place à part dans la série.

D’une ville à l’autre, mère et fils se font écho, témoins de crimes et de drames humains qui les font douter de leurs moindres gestes et actions. « [Maud Graham] ne savait jamais quelle attitude adopter quand une main se tendait vers elle. De plus en plus souvent. Tout était pire depuis la pandémie », écrit Chrystine Brouillet.

Tandis que son roman Une de moins, paru l’an dernier, était sombrement inspiré du nombre alarmant de féminicides au Québec au début de la pandémie, Le mois des morts aborde en toile de fond la pauvreté grandissante et la hausse flagrante de la consommation de drogues qui ont frappé la province par la suite. L’autrice nous entraîne à la fois dans les rues de la banlieue montréalaise, dans un refuge de Québec et dans un squat où tente de survivre un jeune artiste qui a fui la maison de sa mère ; également dans la somptueuse demeure d’un riche entrepreneur qui songe à se lancer en politique, mais qui n’accepte pas l’homosexualité de son fils – nœud central de l’intrigue.

De son côté, Maud Graham recherche un homme qui aurait dupé un grand nombre de femmes vulnérables, rencontrées en ligne, et à qui il aurait volé de grosses sommes d’argent. Les différentes affaires s’entremêlent et se resserrent pour finir par composer un roman qui porte bien son titre puisque des morts, il y en aura beaucoup trop en ce noir mois de novembre 2022.

À travers ses personnages, Chrystine Brouillet exprime plus que jamais sa profonde consternation devant l’effritement du tissu social, tout en démontrant son engagement à dénoncer des comportements répréhensibles comme l’homophobie – ce qu’elle assure continuer à faire « le temps qu’il faudra » dans sa note en fin d’ouvrage. Le mois des morts n’est pas le genre de polar qu’on lit pour s’évader, car on y est confronté à toutes ces nouvelles sombres qui font de plus en plus les manchettes depuis un certain temps. C’est un roman policier profondément contemporain qui fait réfléchir avec audace aux dérives de notre société.

Chrystine Brouillet accordera un grand entretien à Tristan Malavoy ce dimanche, au Salon du livre de Montréal (à 15 h 45), en plus d’y tenir trois séances de dédicaces durant le week-end.

Consultez le site du Salon du livre pour tous les détails
Le mois des morts

Le mois des morts

Druide

328 pages

7/10