Cet été, La Presse vous parle de romans qu’il fait bon lire en vacances, chez soi ou ailleurs. Cette semaine : La maison dorée, de Jessie Burton.

L’histoire

Le roman s’ouvre alors que Thea Brandt fête ses 18 ans. Orpheline de mère, elle vit avec sa tante Nella, son père Otto et leur domestique, Cornelia, dans une vaste maison située sur l’un des canaux les plus prestigieux d’Amsterdam, en 1705. Malgré la « multiplicité bigarrée » de cette ville portuaire, où se mêlent déjà à l’époque des commerçants de tous les horizons, la jeune femme, qui est métisse, attire les regards curieux en raison de ses traits jugés trop foncés. Soucieuse de la protéger, sa tante lui cherche un bon parti, convaincue que seul le mariage pourra assurer son avenir. Ainsi Nella multiplie-t-elle les démarches pour que sa nièce soit bien en vue dans les hautes sphères de la bourgeoisie. Mais ses plans sont dangereusement compromis par le fait que Thea fréquente en secret le peintre des décors au théâtre où elle passe tous ses temps libres, et que leur situation financière ne cesse de dégringoler. Déchirée de son côté entre ses rêves de liberté et les ambitions de sa tante, Thea doit décider de la voie à suivre, puisque ses choix auront des répercussions sur toute sa famille.

Pourquoi le lire ?

Que vous aimiez ou non les romans historiques, vous tomberez sous le charme de ce roman ensorcelant, malgré sa trame somme toute assez classique. La plume de Jessie Burton est d’un magnétisme irrésistible que la traductrice (qui traduit les romans de David Vann, entre autres) a su rendre de façon impeccable. On le lit pour découvrir la vie amstellodamoise du XVIIIe siècle, qui est reconstituée par le menu détail à travers toutes ces petites choses du quotidien – la cuisine, le froid humide de l’hiver, les vêtements, les déplacements… Mais aussi pour s’immerger dans l’intimité d’un clan qui défie les normes de l’époque, et pour ses personnages dignes de tragédies grecques, minés par les secrets et le poids de la honte. L’héroïne, Thea Brandt, brille à elle seule d’une intensité qui rappelle la jeune Emily Brontë, incarnée par Emma Mackey dans le film Emily, de Frances O’Connor (sorti l’hiver dernier). Si tous les fans du genre adoreront, les novices, eux, auront droit à une agréable surprise.

On aimera aussi…

La maison dorée est la suite indépendante de Miniaturiste, premier roman de Jessie Burton devenu un véritable best-seller mondial depuis sa sortie (en 2015, chez Gallimard). L’autrice y fait de nombreuses références à des évènements survenus dans le titre précédent (qu’elle résume au début), mais celles-ci n’empêchent d’aucune façon de suivre le fil du récit si on ne l’a pas lu. Au contraire, après avoir terminé La maison dorée, on n’aura que plus envie encore de découvrir Miniaturiste pour retrouver, 18 ans plus tôt, une jeune Nella nouvellement mariée, faire la connaissance de la mère de Thea avant la naissance de celle-ci, et lever le voile sur cette mystérieuse miniaturiste dont l’ombre revient planer sur la famille Brandt dans La maison dorée.

La maison dorée

La maison dorée

Gallimard

459 pages