Une jeune femme qui disparaît, ses amies d’enfance rongées par la peur et la culpabilité, sa mère, par la tristesse, la serveuse d’un bar qui se retrouve bien malgré elle mêlée à cette histoire, et une jeune journaliste fascinée par les documentaires criminels qui rêve de produire enfin le sien.

Ces voix s’entremêlent pour tisser la toile du récit de Personnages secondaires, deuxième roman de Jeanne Dompierre. Que s’est-il passé ce soir de décembre où Chrystelle, après avoir quitté ses amies Sarah et Amaryllis à la sortie d’un bar de Montréal, ne s’est jamais rendue à sa voiture ? La question hante ces personnages secondaires et réveille leurs propres blessures.

Assis sur une histoire de crime (elles seront quatre femmes à disparaître dans des circonstances similaires sur une période d’un an), le récit n’a toutefois pas l’essence du polar traditionnel. Bien que l’on s’attende à une inévitable résolution du mystère (et elle viendra), c’est dans l’esprit des autres protagonistes de ce roman choral que nous sommes plongés. Ce choix narratif est très approprié pour ce genre de récit, lui apportant beaucoup de profondeur, de dynamisme et de souffle. En entrant dans la tête des différentes narratrices, on prend aussi conscience du regard que chacune porte sur les autres et des traumas qui les habitent. C’est aussi un roman sur les fragilités des amitiés d’enfance qui évoluent et, parfois, s’étiolent.

Par sa description de la peur que bien des femmes ressentent en marchant seules le soir, par le rappel « qu’il y en a quand même une gang qui hésitent pas beaucoup avant de prendre ce qu’ils veulent sans demander la permission » et par l’évocation du mouvement #metoo, Personnages secondaires se veut surtout un écrit féministe, à la fois dénonciateur et libérateur.

Personnages secondaires

Personnages secondaires

Québec Amérique

240 pages

6/10