Le mot le plus beau de leur langue, selon les Islandais, est celui qui est utilisé pour désigner les sages-femmes. Un terme qui signifie littéralement « mère de la lumière ». C’est ainsi que s’amorce ce nouveau roman d’Auður Ava Ólafsdóttir, tout en douceur et en poésie.

Comme sa grand-tante et son arrière-grand-mère, Dýja accompagne les accouchées et accueille les nouveau-nés. En plus d’avoir suivi la voie empruntée par sa grand-tante, elle habite désormais dans son appartement et se plonge dans ses écrits – manuscrits dont les centaines de pages envahissent l’espace et dont elle a hérité, avec la mission d’en prendre soin.

Ses parents, quant à eux, dirigent une entreprise de pompes funèbres. C’est donc une longue tradition familiale que de s’occuper de l’être humain, raconte Dýja, aussi bien au début de sa vie que lorsqu’il arrive « à sa destination finale » : « La branche maternelle prend l’homme en charge lorsque la lumière s’allume et la branche paternelle prend le relais lorsqu’elle s’éteint. »

Alors que décembre ensevelit Reykjavik sous les ténèbres, la jeune femme s’immerge dans les observations de sa grand-tante – sur la conception, la naissance, la vie, la mort… S’y mêlent ses propres réflexions récoltées au fil des centaines de naissances auxquelles elle a assisté. La naissance, « l’expérience la plus périlleuse dans la vie d’un être humain », parce qu’il y a ces accouchements auxquels l’enfant ne survit pas, et ces autres desquels la mère ne se remet jamais tout à fait.

Mais que vaut la vie de l’homme face à la magnificence du règne animal et à l’immensité de la nature qui l’entoure ? De surcroît dans une île comme l’Islande, où les tempêtes peuvent être d’une violence inouïe – comme celle que la sœur de Dýja, météorologue, redoute à l’approche de Noël –, et où la puissance des animaux – cétacés, oiseaux migrateurs… – offre un spectacle à longueur d’année ?

À travers les écrits de sa grand-tante, se dévoile une grande sagesse qui explore le sens de la vie, du hasard, de cette force appelée lumière que recherchent tous les êtres vivants, de l’animal au végétal. La vérité sur la lumière est sûrement l’un des romans les plus contemplatifs de l’écrivaine islandaise, et sans aucun doute celui qui pousse ses réflexions existentielles au plus loin en remettant l’essence de l’humain en perspective. Assurément l’un de ces livres précieux que l’on prend plaisir à annoter, lire et relire avec lenteur, et dans lequel le moindre passage révèle une nouvelle profondeur à chaque relecture.

La vérité sur la lumière

La vérité sur la lumière

Zulma

224 pages

8/10