Un (drôle) de croisement entre Mike Ward et Michel Louvain… Voilà comment Jean-Sébastien Girard se présente, en ouverture de son spectacle solo, Un garçon pas comme les autres.

Certes, Girard est un curieux mélange. Il a beau être « un garçon pas comme les autres », tel le Ziggy de Plamondon, c’est difficile de ne pas l’aimer. Mercredi soir, à l’Olympia, les applaudissements du public enthousiaste ont eu raison de sa nervosité d’un soir de première.

Durant 80 minutes, l’humoriste a donné une solide performance, malgré quelques flottements dans sa livraison en cours de représentation (l’expérience de scène viendra vite corriger cela). Son spectacle trace le récit de sa vie à coups de blagues grivoises et méchantes.

Un humour acerbe qui fait aussi réfléchir, sur les grandes et petites humiliations qui sont le lot de bien des existences.

Le « p’tit gars de Rosemont » dévoile encore son personnage, drôle et singulier, que les auditeurs d’ICI Première ont découvert avec La soirée est (encore) jeune. Or, le spectacle va plus loin qu’à la radio. Toujours pince-sans-rire et baveux (toutes les personnalités québécoises y passent, ou presque !), le comédien joue la carte de la tendresse et des confidences. D’où les roses.

Un enfant de la télé

Il parle de sa grand-mère, de sa relation quasi fusionnelle avec sa mère ; de son défunt père, un pompier moustachu, un peu bourru, avec qui le fils n’avait pas d’atomes crochus. Il évoque la mort de son frère à la naissance à l’hôpital, dans un grand moment d’humour noir et absurde.

PHOTO DOMINICK GRAVEL, LA PRESSE

Mercredi soir, à l’Olympia, les applaudissements du public enthousiaste ont eu raison de la nervosité de soir de première de Jean-Sébastien Girard.

Seul en scène avec un tabouret et trois roses comme uniques accessoires, il commente ici et là de vieilles photos de famille et quelques perles d’archives télévisuelles. Comme cette scène surréaliste, en deuxième secondaire, où il participe à une émission de service à la télé : il s’adonne à une séance d’acupuncture à moitié nu sur une table installée au milieu du studio !

Bien sûr, il y a un enfant de la télé, chez Girard. Avec ses références nostalgiques aux vieux téléromans, comme Terre humaine et Poivre et sel, son admiration pour les vedettes du petit écran.

Une soif de notoriété qu’il a mise en veilleuse après des études peu concluantes en jeu : « Faire un bac en théâtre à l’UQAM, c’est un peu étudier en entrepreneuriat avec Caroline Néron… » !

Douce revanche

Son spectacle, c’est un peu la douce revanche du garçon différent, efféminé et intimidé sur ces gars straights, forts et sportifs qui le toisaient à l’école. Comme lorsqu’il raconte son épiphanie de jeune ado, le jour où il a pu enfiler les talons hauts de sa mère, parce qu’enfin ils portaient la même pointure… « Tous les gars dans la salle chérissent ce précieux souvenir, non ? »

PHOTO DOMINICK GRAVEL, LA PRESSE

Seul en scène avec un tabouret et trois roses comme uniques accessoires, Jean-Sébastien Girard commente ici et là de vieilles photos de famille et quelques perles d’archives télévisuelles.

La fin du spectacle rend un bel hommage à sa mère. Sans aucun sarcasme. Il lit un passage de sa pièce préférée : Encore une fois, si vous permettez, de Michel Tremblay. La touchante tirade sur l’actrice Huguette Oligny, où le dramaturge regrette que sa mère soit morte sans connaître le succès de son fils. Jean-Sébastien Girard est fier que sa mère soit avec nous, dans la salle. Puis, il se confie sur sa peur de la voir partir un jour, en laissant un vide immense dans son petit cœur d’enfant.

On comprend alors que le désir de lumière de Girard, c’est surtout la fierté de partager son éclat avec les gens qu’il aime. Et que son sarcasme est une belle fleur, jamais une arme.

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Un garçon pas comme les autres

Un garçon pas comme les autres

Jean-Sébastien Girard

En tournée au Québec, jusqu’en décembre 2023

7,5/10