Le showbiz, particulièrement le milieu de l’humour, grouille de gens égocentriques, manipulateurs, assoiffés de gloire et drogués au pouvoir.

Montantes ou filantes, ces étoiles du star-système se droguent aussi avec autre chose que l’amour du public, on s’entend là-dessus, sniffe, sniffe, tousse, tousse, passe au suivant.

C’est dans cet univers d’excès et de dérapes que nous immerge la féroce minisérie Haute démolition de la chaîne Séries Plus, très fidèle au roman de Jean-Philippe Baril-Guérard, publié en 2021.

Si vous avez dévoré le bouquin, vous retrouverez dans les six épisodes d’une heure le même ton grinçant et moderne, qui taille l’univers des comiques québécois en pièces.

Si vous n’avez pas ouvert le livre, vous allez découvrir que les histoires de (oui, cet humoriste annulé) et de (exact, cet autre saltimbanque) ne sortent pas d’une boîte à surprises.

Conseil de pro : enregistrez de la bonne vieille façon les épisodes sur Séries Plus, les jeudis à 21 h, à partir du 16 mars. Car les rattraper par la suite ou tenter de les visionner en rafale s’avérera impossible, mononcle Hugo vous prévient gentiment.

Donc, Haute démolition, que réalise Christian Laurence (Manuel de la vie sauvage), raconte l’ascension – et la déchéance – d’une cohorte de finissants de l’École nationale de l’humour. Dans cette basse-cour comique, deux jeunes coqs s’affrontent. Il y a Sam Bouvier (Guillaume Gauthier), un humoriste de la relève fendant, hyper confiant et fils d’un acteur célèbre.

Et il y a Raph Massicotte (très juste Étienne Galloy), un apprenti plombier plus talentueux, mais moins joli et moins populaire, qui a été intimidé à l’école secondaire et qui a canalisé tous ses traumatismes dans l’impro.

Comme le bouchon d’une bouteille de champagne secouée, la carrière de Sam décolle, il remplit l’Olympia et ses poches, tandis que Raph végète et jalouse son ancien camarade de classe.

PHOTO MARCO CAMPANOZZI, ARCHIVES LA PRESSE

Étienne Galloy et Léane Labrèche-Dor

La tendance s’inverse le soir où Raph, en spectacle au Tarmac (clin d’œil au Terminal), croise Laurie Blais (Léane Labrèche-Dor), bras droit de l’influent et très superficiel patron d’une boîte de gérance, Michel Forand (Éric Bernier, très drôle).

Laurie, 32 ans, déborde de talent et elle trouve en Raph, 23 ans, un exutoire pour exprimer sa créativité refoulée. Ensemble, Laurie et Raph écrivent du matériel solide, autant pour TikTok que pour la télé, ce qui catapulte Raph dans la même ligue majeure que son « rivalami » Sam.

Les séquences où Raph livre des chroniques à l’émission matinale À vos marques, café !, chauffée par la pimpante Marie-Josée (Hélène Bourgeois-Leclerc), sont hilarantes. Même chose pour tous les numéros de stand-up inclus dans Haute démolition : ils sont super bien écrits avec des références très actuelles aux vêtements Jack & Jones, à L’œil du cyclone, à la cryptomonnaie et aux jeggings.

Évidemment que ça foire entre Laurie et Raph. Leur rupture annoncée aspire Raph vers le fond du baril. Il se gèle, se soûle, sabote sa carrière naissante et répète les comportements problématiques de son collègue Sam, qui collectionne, lui aussi, les conquêtes.

Par applaudissements, pensez-vous qu’il y aura des dénonciations ? Eh oui, les amis.

J’ai beaucoup aimé ce que j’ai vu de Haute démolition. Le personnage de Laurie (Léane Labrèche-Dor) a été approfondi et étoffé en comparaison avec sa version dans le livre. La distribution met aussi en vedette des visages moins connus et c’est rafraîchissant.

Du lot, retenez bien le nom de Carolanne Foucher. Cette comédienne campe l’humoriste Elena dans Haute démolition et elle possède un sens du punch imbattable. À jeun, en plus !

IMAGE TIRÉE DE LA PAGE FACEBOOK DE NOOVO

L’empereur, avec Jean-Philippe Perras

L’avenir de L’empereur

Les courriels inquiets s’empilent à propos de L’empereur, dont Noovo a relayé la grande finale mercredi soir. Le charmant et dégoûtant Christian Savard (excellent Jean-Philippe Perras) paiera-t-il enfin pour ses gestes odieux ?

Aurons-nous le plaisir sadique de voir cet agresseur souffrir dans la suite de cette minisérie pondue par Michelle Allen (Fugueuse, Pour Sarah) ? La réponse à vos questions se lit comme suit : oui, Noovo prévoit un deuxième chapitre à L’empereur. Le feu vert officiel a récemment été donné, confirme la chaîne Noovo.

En revanche, aucune date de diffusion n’a été avancée. On suppose, au plus tôt, une case horaire à l’hiver 2024.

Le deuxième volet de L’empereur se concentrera sur les conséquences que subira le dangereux et dégueulasse Christian après un règne de violences sexuelles de 10 ans. Croupira-t-il en prison ? Comment se déroulera son procès ? Les victimes se rétracteront-elles ?

Le but de L’empereur était de montrer la fabrication d’un monstre, de voir comment un agresseur opère de façon sournoise, en installant doucement, et avec beaucoup de suavité, un climat toxique. Et là-dessus, c’est mission accomplie.

Mercredi soir, on a tous hurlé, quand Christian s’en est pris à sa propre nièce, voyons le maudit maniaque ! La fin abrupte de cet ultime épisode bouclait quand même bien la boucle, je trouve. La première victime de Christian, Manuela (Noé Lira), a déposé une plainte à la police et a brisé un cycle qui s’est trop souvent répété.

Les habits (neufs) de cet empereur ont été chics et de bon goût. Ils ne serviront pas à grand-chose quand la justice tombera. Ou pas.