Chaud derrière, chaud devant. Douze anciens concurrents des douze dernières saisons des Chefs !, soit un cuistot par édition, réintègrent la cuisine-atelier de Radio-Canada, dès lundi soir, et s’affrontent à grands coups d’espuma (un indémodable), de riz sauvage soufflé (tendance forte 2024), de légumes brûlés (c’est chic !) et de fleurs comestibles (le dernier buzz de l’émission).

Ce nouveau chapitre fumant s’appelle Les chefs ! : L’affrontement et il se déplie dans nos écrans comme un tournoi étoilé, qui regroupe des cordons bleus formés à l’école Laprise-Boulay-Vari depuis juin 2010. Une académie culinaire haut de gamme qui valorise la maîtrise des techniques et l’assaisonnement des plats, allô l’évidence, tout comme la présentation des assiettes et le choix des ingrédients, de préférence québécois et bios.

Bonus : un poste de travail a été réservé pour une 13personne et trois recrues cuisineront du veau et des palourdes pour le décrocher. Vous verrez cette ultime audition lundi dans un épisode des Chefs ! gonflé à 90 minutes, qui démarre exceptionnellement à 19 h 30, mettez une note à votre agenda. Le reste de la saison jouera à 20 h, comme à l’accoutumée.

PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, LA PRESSE

Une partie de la brigade des chefs

Parmi les anciens participants qui renfilent le tablier noir, il y a mon préféré, Luca Cianciulli (saison 2), chef copropriétaire du Moccione, dans le quartier Villeray. Il y a Ashley Thornton (saison 4), cheffe exécutive des restaurants d’Antonio Park à Montréal et à Toronto. Vous reconnaîtrez également Frédéric Dufort (saison 5), Sébastien Laframboise (saison 3), Suzy Rainville (saison 6), Brenda Poirier (saison 9), de même que Guillaume Couture (saison 10) et Anthony Vien (saison 11).

Le panel des juges reste le même derrière la table, soit Normand Laprise, Jean-Luc Boulay, Pasquale Vari et Isabelle Deschamps Plante. La coach en chef Colombe St-Pierre ramène ses proverbes et l’animatrice Élyse Marquis remet également la main à la pâte et oui, elle demandera aux aspirants-chefs de tout arrêter, car elle a une annonce à faire, OK ?

Évidemment, comme les candidats cumulent tous plusieurs années d’expérience au thermocirculateur et à la caméra, le niveau des défis grimpe, tout comme l’intransigeance et la sévérité des quatre juges.

Rendus à ce niveau de gastronomie, les goûteurs officiels ne pardonnent plus rien, à commencer par une omelette roulée un peu trop colorée au premier duel, qui s’avère cruel pour quelqu’un que j’ai longtemps appuyé lors de sa saison bien relevée. Émoji de cœur brisé.

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Pasquale Vari, Colombe St-Pierre, Élyse Marquis, Normand Laprise et Isabelle Deschamps Plante

En hommage aux catastrophes du passé, le premier épisode des Chefs ! : L’affrontement ressuscite deux recettes classiques qui ont déstabilisé et fait suer les cuisiniers : le bœuf Wellington et le koulibiac. Cette fois-ci, les 13 joueurs devront mitonner en 1 h 45 min ces pâtés fourrés, mais pour 10 clients, alerte aux monstres du fourneau.

Certains en arrachent dans la confection de leurs crêpes ou tremblent en garnissant leurs assiettes, reste que le produit a été respecté et c’est tout ce qui compte. « C’est le départ le plus fort que j’ai vu aux Chefs ! », remarque Isabelle Deschamps Plante une fois le temps écoulé.

Au deuxième épisode, les 12 survivants se séparent en quatre équipes pour élaborer un menu de cantine gastronomique, à l’image de ce que Colombe St-Pierre offre à son populaire comptoir de Saint-Fabien, dans le Bas-Saint-Laurent. Pogos de luxe, fish and chips de flétan, patates frites dauphines façon churros et même un gâteau végétarien décadent. Et non, il ne s’agit pas d’un « dessert de boutique », un genre que Jean-Luc Boulay déteste copieusement, on le sait depuis l’incident de la tartelette trop simple de Michael Ho en 2023.

Encore ce printemps, on retire de grandes leçons de gourmet en visionnant Les chefs ! : L’affrontement. D’abord, il faut toujours retirer le foin d’un artichaut, que les cuistots tournent maintenant comme des toupies d’enfant. Ensuite, le beurre, c’est bon, mais pas au point d’en garrocher des mottes en quantité industrielle, surtout dans une poêle chaude.

Autre truc à retenir : un melon d’eau, ça se compresse. Puis, passer des œufs au tamis – une technique japonaise, semble-t-il – leur confère une couleur jaune uniforme.

Dans les semaines à venir, il y aura bien sûr un défi de pâtes fraîches ainsi qu’une épreuve de desserts inspirés du cube Rubik, qui fête ses 50 ans. Le troisième épisode, en hommage aux Jeux olympiques de Paris, célébrera la cuisine française à toutes les sauces, robert ou béchamel.

Et même s’ils connaissent le tabac et le garde-manger Voilà par IGA, les compétiteurs des Chefs ! ne sont pas à l’abri de collisions ou de fâcheux accidents, prévient Élyse Marquis.

Si vous avez regardé les 12 chapitres précédents des Chefs !, celui-ci, le 13e de la série, vous rassasiera sans vous bourrer inutilement. C’est à la fois intelligent, stressant et amusant.

Sur qui misez-vous pour enfiler la toque d’or ? J’aime bien Luca Cianciulli, Guillaume Couture et Anthony Vien, mais il suffit d’une mauvaise journée ou d’un aliment bizarre (genre : la baudroie) pour que la mayonnaise vire. Maintenant, les œufs sont faits et « advienne que tempura », pour citer le sympathique Sébastien Laframboise.