Comme Christiane Charette, j’adore les émissions diffusées en direct. Tout le monde en parle, Zénith, En direct de l’univers, Bonsoir bonsoir ! ou la finale confuse d’Occupation double Andalousie, le direct apporte une fébrilité et une urgence qui ne se ressentent pas dans un programme préenregistré et formaté pour remplir une case horaire précise.

En direct, il se passe un paquet d’affaires imprévisibles et surprenantes, qui vont d’un alligator en liberté à La semaine des 4 Julie à Jano Bergeron qui massacre la chanson I Drove All Night de Céline Dion en fin de parcours, à Zénith.

Il faut être devant son poste pour vivre la surprise ou le malaise générés par le direct. L’effet s’estompe en rattrapage, je trouve. En temps normal, La voix figurerait dans la liste des incontournables du direct. Mais plus maintenant. Dans sa formule réduite, le télé-crochet musical de TVA ne soumet plus ses concurrents au test du « live », pour paraphraser nos camarades français à The Voice, qui raffolent également des « super cross battles », soupir.

À partir du dimanche 31 mars à 19 h 30, c’est un groupe de 101 personnes en studio qui déterminera les vainqueurs du concours, jusqu’au grand couronnement. Ces 101 juges d’un soir n’ont assisté à aucun autre enregistrement de La voix cette saison et n’ont aucun lien familial ou amical avec les finalistes. Ils ne se basent que sur les performances artistiques pour noter les chanteurs.

Des versions britanniques et australiennes de The Voice ou The Voice Kids fonctionnent avec ce jury de 101 quidams, qui éradique toute tentative de « paqueter » le vote du public. Aussi, le jury des 101 neutralise les candidats qui débarquent à La voix avec des dizaines de milliers d’abonnés sur TikTok ou Instagram, un bénéfice considérable quand commence le scrutin populaire.

Le plus gros désavantage de La voix de 2024, remaniée avec des budgets rétrécis, c’est le retrait de toutes les portions présentées en direct. Tous les épisodes ont déjà été tournés, même la finale, qui a été enregistrée avant Noël. Mettons que ça altère le suspense.

La nouvelle étape des qualifications, déployée dimanche soir, a roulé rondement. Trois numéros par équipe, on conserve le meilleur, on retranche les deux autres, merci, ciao. Et bonne idée que d’atrophier le temps alloué aux commentaires des quatre coachs. Rendu à ce point dans le tournoi, on a amplement eu le temps d’entendre que la voix d’untel est comme « du chocolat fondant qu’on devrait vendre à Pâques », merci.

Dans l’équipe de France D’Amour, le triomphe de Maude Cyr-Deschênes, 24 ans, a été éclatant et sans équivoque. Sa reprise de Holding Out for a Hero de Bonnie Tyler a éclipsé le passage de ses camarades Ange-Élie Ménard, 17 ans, et Alexis Bouchard-Leblond, 23 ans. Elle a un petit quelque chose de Marie-Jo Thério, cette Maude. Franchement intéressante.

Chez Mario Pelchat, j’aurais gardé en jeu Dan Daraîche, 32 ans, le fils du légendaire Paul Daraîche, parce qu’il s’améliore tous les dimanches et qu’il a conquis le cœur des téléspectateurs. J’ai préféré sa relecture, à la batterie, de Mes blues passent pu dans’ porte à l’interprétation assez générique de J’m’en veux de Mélanie Renaud par Priscilla Findlay, 30 ans, que Mario Pelchat a repêchée. Katy Vachon, 43 ans, n’a eu aucune chance en s’attaquant au classique Une femme avec toi de Nicole Croisille, qu’elle a dénaturé.

Du côté de Corneille, très déçu du départ de Jana Salameh, 22 ans, épatante sur Je t’aime de Lara Fabian, façon bossa nova et mélangée avec la pièce Alf Leila Wa Leila, en arabe. Corneille a opté pour Leticia Jimenez, 19 ans, qui a revisité Como La Flor de la chanteuse américano-mexicaine Selena. Leticia a déjà fait La voix junior en 2016 et The Voice Kids, en France, en 2019.

Puis, Roxane Bruneau a dû trancher entre Andrew, 24 ans, et Jonathan Houde, 23 ans, qui ont offert deux solides numéros. Le premier sur Oxygène de Diane Dufresne. Le deuxième sur Someone You Loved de Lewis Capaldi. La coach a gardé sa « popstar » Jonathan, qui devra cependant travailler sa prononciation des mots en anglais, pénible à écouter. Rosemarie Gauthier, 25 ans, n’a pas fait le poids avec la timide ballade Torn de Natalie Imbruglia.

Les femmes ont dominé cette première ronde des qualifications et ont pu siroter un espresso martini de Nescafé Gold devant un mur placardé du logo de Vidéotron.

J’ouvre une parenthèse sur la commandite criarde à la télé québécoise. Oui, les réseaux grattent les fonds de tiroir et intègrent des produits pour adoucir les factures, c’est compréhensible. Il faut bien survivre en ces temps de vaches maigres.

Mais il existe sûrement des moyens plus subtils – et moins agressants, pour nous – de plaire aux annonceurs. Dans Big Brother Célébrités, les intégrations de café et crémier Natrel sont gênantes. Même chose pour la plogue des pubs ludiques Randolph : c’est inutile et non nécessaire à l’histoire.

La palme d’or du placement de produit le plus étrange revient quand même à la téléréalité Sortez-moi d’ici !, qui a réussi à greffer un dépanneur Proxi à ses épisodes. Je répète : il existe un dépanneur Proxi dans la jungle luxuriante du Panamá.

IMAGE TIRÉE DE L’ÉMISSION SORTEZ-MOI D’ICI !

Incroyable, mais vrai : il existe un dépanneur Proxi dans la jungle luxuriante du Panamá !

Il y a un publicitaire qui a de toute évidence abusé de l’ayahuasca, ou qui a été mordu par une araignée venimeuse, sortez-le de là, avant qu’il ne convainque les pizzerias Salvatoré d’embarquer dans Sortez-moi d’ici !. Oups, trop tard.