Comme le plombier Mario dans les jeux vidéo de Nintendo, de plus en plus de gens gobent des champignons magiques, de préférence en capsules microdosées, parce que c’est plus chic et moins paysan, mais aussi de façon traditionnelle, soit en mastiquant des morceaux caoutchouteux qui goûtent le diable.

Le bon vieux « mush », substance illégale qui provoque hallucinations et distorsions visuelles, pousse même dans plusieurs de nos séries télé québécoises préférées, avec des effets secondaires oscillant entre la folie toxique meurtrière et l’hilarité incontrôlable pendant quatre heures.

Mardi soir, Indéfendable à TVA a diffusé la scène la plus surréelle – et la plus burlesque – d’une personne ayant ingéré, pour le buzz, des champignons magiques. Alors, la pimpante Élodie (Mirianne Brûlé) a invité sa chum de fille Tania (Guenièvre Sandré) à fêter son retour au pays après un voyage de trois mois en Thaïlande.

Guillerettes, les deux jeunes femmes ont sifflé, en deux heures, deux bouteilles de mousseux cheap. Puis, la coquine Élodie a sorti un ziploc contenant le fameux mush. « Y a rien là, capote pas, c’est du bon stock », a plaidé Élodie à son amie craintive Tania, qui n’en avait jamais consommé.

Quantité de drogue absorbée par chacune des filles : un gramme. Après l’euphorie initiale, Tania s’est mise à perdre la carte. Solidement. Elle entendait des voix, se sentait menacée et, oh boy, filait le pire des cotons bas de gamme.

Déconnectée de la réalité, Tania a empoigné un sabre accroché au mur et en a sacré un grand coup direct dans la face de son amie bronzée (pauvre Sélina !), avant de s’enfuir dans la rue avec l’arme ensanglantée.

Honnêtement, cette scène hallucinante de la quotidienne Indéfendable a sûrement effrayé une génération complète de parents qui s’imaginent que leur enfant aboutira direct à Pinel s’il avale une branche de mush.

À l’opposé, la série Avant le crash de Radio-Canada a privilégié l’approche douce dans l’ingestion de champignons magiques, soit la consommation en petites quantités, le microdosage. Ces capsules ont amélioré la qualité de vie du sympathique Patrick (Mani Soleymanlou), qui a ainsi sauvé son mariage et son emploi de banquier d’investissement.

Dans le cinquième épisode de l’excellente comédie Inspirez, expirez de la plateforme Crave, tous les participants de la retraite de yoga boivent, à leur insu, une tisane infusée aux champignons magiques, ce qui provoque un délire collectif, des étourdissements et des engourdissements du visage, oui, mais pas d’attaque de ninjas, Dieu merci.

La série STAT de Radio-Canada a aussi proposé, en mars, son moment psychédélique quand Emmanuelle (Suzanne Clément), Philippe (Patrick Labbé), Isabelle (Geneviève Schmidt) et Éric (Stéphane Rousseau) ont vécu un gros trip de mush sans fâcheuses conséquences.

Confession, ici : oui, j’ai déjà pris du mush, en microdose et en pièces détachées (c’est dégueulasse). Je n’ai pas sombré dans la démence, pas encore du moins, et je n’ai pas non plus fini avec une aiguille dans le bras dans la ruelle du crack, au centre-ville de Montréal. Faut dire que j’y suis allé « en parciminie », pour citer Rebecca dans OD.

Mais je comprends l’enjeu : montrer à la télévision des personnages intoxiqués aux champignons magiques équivaut-il à cautionner le geste ou à en faire la promotion ?

Même le cannabis, pourtant légal au Québec, déclenche encore des réactions de téléspectateurs outrés.

C’est arrivé récemment quand Emmanuelle et Éric ont partagé un joint, dans STAT, alors qu’ils avaient terminé leur quart de travail à l’hôpital Saint-Vincent. Plusieurs d’entre vous avez flippé : quoi, des médecins qui fument du pot ? Inacceptable !

Nouvelle de dernière heure : oui, ça peut arriver que des médecins s’offrent des produits achetés à la SQDC.

Maintenant, comment parler de mush à la télé sans jouer au curé moralisateur ou au rescapé baba cool des années 1970 ? Il faut être honnête et transparent.

« L’enjeu dans toutes ces représentations-là, c’est d’éviter les extrêmes et c’est complexe, parce que les extrêmes existent. Il faut être sensible pour ne pas renforcer certains stéréotypes et il ne faut pas non plus banaliser l’usage de la drogue », explique Jean-Sébastien Fallu, spécialiste en toxicomanie et professeur à l’École de psychoéducation de l’Université de Montréal.

Si je me fie aux messages que vous m’écrivez, la cigarette vous choque davantage que le cannabis, le champignon magique ou même la cocaïne.

Isabelle (Karine Gonthier-Hyndman) d’Avant le crash sniffe un rail de poudre long comme son avant-bras ? Silence radio. Sophie (Sonia Cordeau) d’Inspirez, expirez s’allume une clope dans son char ? Vous collez au plafond.

Rangez les sabres et les épées, il y a de quoi faire une psychose.

Je lévite

Avec Super bien, merci, de Monica Heisey

Vous cherchez la nouvelle Bridget Jones ? La voici. Elle s’appelle Maggie, a 28 ans, vit à Toronto et entame… son premier divorce. Assistante de recherche (démotivée) dans une université, Maggie n’a plus d’argent et se nourrit de burgers commandés à 4 h du matin sur Uber Eats. Ce roman n’est pas aussi drôle que ceux d’Helen Fielding, mais il est plus réaliste, plus contemporain. Son héroïne milléniale, toujours en ligne, n’est pas 100 % aimable, elle est bordélique, râleuse, égoïste et reste qu’on finit par l’accepter (et l’aimer) avec tous ses défauts – et ses rendez-vous Tinder désastreux.

Je l’évite

PHOTO PATRICK SANFAÇON, LA PRESSE

La première neige à Montréal, rue de la Commune

La neige en novembre

Ça, c’est non. Refusé. On va vivre avec cette cochonnerie blanche pendant six mois, pourrait-on au minimum avoir une pause jusqu’à Noël ? Il n’y a rien de féerique à se réveiller avec du verglas dans les marches et de la gadoue étendue partout sur les trottoirs encore encombrés de vieilles feuilles mortes pourries. Beurk.