J’étais dans une fête privée avec plusieurs personnes influentes dans le milieu de la télévision québécoise le week-end dernier. Et de quoi les convives jasaient-ils, selon vous, entre trois gorgées d’Aperol Spritz, deux bouffées de cigarette et une bouchée de guacamole du Roi du taco (le meilleur en ville) ?

De la sanction royale du projet de loi C-11, qui forcera les Netflix et compagnie à injecter du fric dans la production locale ?

Des conglomérats médiatiques qui achètent de gros morceaux d’importantes boîtes de production indépendantes comme Sphère, Pixcom ou Déferlantes ?

Des publications Facebook de Josélito Michaud qui se surpassent en hyperboles et qui provoqueront bientôt une pénurie d’encensoirs ?

Pas du tout. Vous êtes dans le champ. Les discussions les plus animées du party ont tourné autour de Si on s’aimait encore à TVA, au plus grand bonheur de mon monde intérieur, seigneur.

« Je suis complètement accro », m’a même confié un des scénaristes les plus occupés du showbiz québécois que l’on ne s’imagine pas en train de se demander s’il est plus dépendant ou codépendant dans sa relation de couple.

Cette saison de Si on s’aimait encore, axée sur les problèmes conjugaux, achève – il ne reste qu’une semaine de diffusion – et ça ne sent pas super bon pour l’avenir du couple formé par Janie et Lee, les champions des inconforts sur tableau noir.

En même temps, leur embarras traduit une détresse évidente, surtout chez Lee, un homme de 43 ans qui lutte avec une colère sourde et des sentiments dépressifs, qu’il calme en fumant du haschisch tous les soirs, seul dans son bachelor. Lee a lui-même admis sa consommation de drogue à une Louise Sigouin qui fouille de plus en plus loin dans son coffre à outils pour rafistoler cette union brisée.

Si, au début de la série, on se plaisait à se moquer du mode de vie atypique de Janie et Lee, qui ne dorment jamais dans le même lit, on a découvert cette semaine l’ampleur du désarroi qui envahit Lee. Il n’y avait rien de drôle à l’entendre hurler son mal-être sur la terrasse du chalet.

Puis, dans la scène suivante, l’empathie que nous avions éprouvée pour Lee a été anéantie par une énième séance de boudage et de grognements. À ses côtés, Janie, 40 ans, se fige et lui repose sans cesse les mêmes questions, auxquelles il n’a jamais de réponse claire ou audible. Et Janie insiste, et s’acharne, et le vieux disque saute.

Ils sont courageux – ou insouciants – les candidats de Si on s’aimait encore. Ils dévoilent des choses extrêmement intimes à 529 000 téléspectateurs, en moyenne, comme la fréquence de leurs relations sexuelles, ou l’absence de sexualité entre eux, de même que leurs habitudes de masturbation, qui embêtent certains conjoints.

IMAGE TIRÉE DE L’ÉMISSION

Emmanuelle et Jérémie

Ils s’exposent également à des commentaires acides sur la façon dont ils élèvent leurs enfants, particulièrement Emmanuelle, 34 ans, et Jérémie, 28 ans, dont les deux derniers, Nolan et Éloi, brassent beaucoup, beaucoup d’air.

C’en est étourdissant, surtout à l’heure du souper, où la cacophonie enterre même les conseils de l’éducatrice spécialisée appelée en renfort à la Nanny 911.

Encore là, notre sympathie envers Emmanuelle virevolte au gré des épisodes. Mercredi soir, Emmanuelle a traité Jérémie de loser au restaurant en plus de menacer une de ses filles, qui lui tenait tête, de la jeter dans le feu, qui était en fait un feu de foyer retransmis sur un écran de télé.

Réplique de la préado d’Emmanuelle ? « Heille han, j’vais plus péter la télé que d’autre chose. Pas très intelligente la madame », a-t-elle lancé à sa mère sans ciller.

Riposte d’Emmanuelle : « Elle est où, ma fille ? T’sais, la petite fille de 3 ans qui était belle et qui était fine. C’est quoi cette affaire-là ? »

Réponse de la deuxième fille, qui a évoqué « le sale caractère » de sa mère : « Es-tu en train de dire qu’on n’est pas belles ? » Ça sonnait de cette façon, oui. Malaise.

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Nathalie et Pierre

Heureusement, le couple mal-aimé des premières semaines, Pierre et Nathalie, prend des forces même s’ils continuent à se parler en bébé, doux Jésus que c’est spécial. Pierre, 56 ans, Nathalie, 50 ans, ont reconnecté dans un atelier de tantrisme aussi étrange qu’efficace. Le travail de la thérapeute Louise Sigouin fonctionne avec eux. Par contre, notre chère Nathalie attend « toujours sa paye », comme elle le répète constamment.

Sa quoi ? Sa paie, c’est-à-dire une relation sexuelle complète avec Pierre. Nathalie en parle depuis le premier jour où elle s’est assise devant Louise Sigouin, qui lui a rapidement dit de se calmer le chihuahua intérieur si elle souhaitait obtenir du sexe.

Pourquoi connaissons-nous tous ces détails de la vie quotidienne de purs inconnus ? Parce que tout est filmé à Si on s’aimait. D’ailleurs, c’est d’ici jeudi soir que nous devrions connaître l’issue de la saga du bidet, alias la toilette lave-cul, que Pierre voulait installer, mais à laquelle Nathalie résistait avec toute la force que lui transmet son chien Hector.

Merci la vie pour ces précieux moments, gratitude, namasté et tout autre slogan de chalet écrit sur une affichette en bois de grange.