La mort de Michel Côté a suscité de nombreuses réactions lundi matin sur les réseaux sociaux. Des personnalités ont souligné l’héritage important du comédien qui s’est illustré à la télévision, au cinéma et au théâtre.

Marc Messier

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Marc Messier

Marc Messier perd un grand ami, un « frère ». L’acteur a connu Michel Côté en 1972, dans une production de Cyrano de Bergerac à la Nouvelle Compagnie Théâtrale (NCT). Les deux comédiens, alors dans la jeune vingtaine, jouaient de petits rôles, avec leur ami et complice de Broue, Marcel Gauthier.

« À l’époque, on était voisins et on se rendait au théâtre ensemble. On rêvait d’avoir des premiers rôles au théâtre. Michel et Marcel ont eu l’idée de lancer une troupe de théâtre et ils m’ont demandé de me joindre à eux. L’auteur Michel Garneau, qui était professeur à l’École nationale de théâtre, était comme notre gourou. Il nous a écrit nos quatre premières pièces avant le succès de Broue. »

À l’époque où Messier l’a connu, Côté avait déjà beaucoup de charisme et du « panache ». « C’était un vrai capitaine, dit-il. Un gars déterminé et convaincant. Il a toujours eu une bonne éthique de travail. Michel ne se reposait jamais sur un succès. On a joué 3322 représentations de Broue en 38 ans ; et on essayait de faire comme si chaque soir était le premier soir. On se disait toujours : il ne faut pas tenir le public pour acquis. »

La fois où Michel Côté l’a le plus impressionné, c’est lorsqu’ils ont joué Broue en anglais à Toronto et à Vancouver. « Les répliques de Michel marchaient autant en anglais qu’en français, dit-il. Et le public anglophone riait aux mêmes endroits que dans les salles au Québec. »

« J’ai de la misère à réaliser que je ne le verrai plus jamais. Même si je savais qu’il allait partir, que son cancer était incurable… Je trouve ça ben dur. Pour résumer, Michel était un gars toujours de bonne compagnie. Affectueux, généreux et très drôle. »

Louis-José Houde

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Michel Côté et Louis-José Houde, photographiés ici avant la sortie du film De père en flic 2

L’humoriste Louis-José Houde a travaillé étroitement avec Michel Côté dans les films De père en flic 1 et 2 ainsi que Le sens de l’humour. « Ça peut sembler galvaudé comme expression, mais Michel était vraiment un bon vivant. C’était un grand vivant qui était heureux d’être en vie et heureux de faire des films. Il avait ses insécurités d’artiste, mais il restait un grand optimiste, quelqu’un de très calme, de très terre à terre. Il a été une grande rencontre dans ma vie. Il était toujours dans mes pensées, pas seulement depuis que j’étais au courant de sa maladie. Il a été un modèle qui a influencé ma façon de me comporter et de faire les choses. Je l’estimais énormément. »

« Sur un lieu de travail, il était l’inverse de quelqu’un de toxique. Lorsqu’on a tourné De père en flic, j’arrivais de la scène. C’était mon premier gros rôle. Il m’a accueilli avec un profond respect, comme il le faisait avec tout le monde sur le plateau. Il ne me disait pas quoi faire sans que je lui demande. »

« En raison du succès de Broue, je pense que tout le monde ne mesure pas l’étendue de son registre. Il y a un grand écart entre Jean-Lou de La petite vie et Pierre Gauthier dans Omertà. Il faut être extrêmement doué pour jouer dans des registres aussi opposés. Son œuvre va rester avec nous pour toujours. C’est une grande chance. »

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Les trois interprètes qui ont créé Broue : Michel Côté (à droite), Marc Messier (à gauche) et Marcel Gauthier (au centre), en 2018

Marcel Gauthier

« Le Québec perd un grand artiste, mais moi, je perds mon plus vieux chum. Michel, c’est mon plus vieil ami sur Terre, celui que je connais depuis le plus longtemps. » Les deux amis se sont rencontrés vers l’âge de 7-8 ans et se sont toujours tenus ensemble. Ils ont tous les deux fait partie du même corps de tambours et clairons, avant de jouer ensemble au hockey, puis au théâtre.

Passer du temps avec Michel, « c’était toujours le fun, parce que Michel, c’est un rigolo qui aimait rire, qui aimait faire rire et qui ne manquait jamais son coup. Mais c’était aussi un homme très simple, très près de toutes les sortes de gens, les pauvres comme les riches. Il n’y avait aucune différence pour Michel, il était bien avec tout le monde et il était apprécié de tout le monde. »

Marcel Gauthier lui a parlé pour la dernière fois il y a quelques semaines. « J’ai pris soin de lui répéter que je l’aimais, que je l’aimerai toujours et qu’il reste dans mon cœur. »

Luc Picard

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Luc Picard

« C’est un monument qu’on vient de perdre, estime Luc Picard. Michel a été l’un des plus grands acteurs de composition du Québec. Il pouvait carrément se fondre dans un personnage. Il avait une véracité dans son jeu, et un sens hallucinant de la caméra. »

Luc Picard a connu Michel Côté dans la série Omertà, de laquelle il a partagé la vedette avec lui durant deux saisons au milieu des années 1990. « On ne se fréquentait pas beaucoup depuis Omertà, mais on a gardé une belle complicité tout ce temps. Michel était un gars super généreux sur un plateau de tournage. Il envoie toujours la rondelle sur la palette de son partenaire de jeu. »

Luc Picard note aussi que Michel Côté aimait vraiment son métier et le public. « Il connaissait son monde et savait pour qui il jouait. J’imagine qu’avoir fait partie de la pièce Broue durant si longtemps [38 ans] lui a fait prendre le pouls du public québécois. »

Martin Drainville

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La plus récente distribution de Broue, soit Martin Drainville, Benoit Brière et Luc Guérin, croquée en 2018 derrière la distribution originale composée de Michel Côté, Marcel Gauthier et Marc Messier

Martin Drainville n’a jamais partagé l’écran ou la scène avec Michel Côté – l’un des plus grands regrets de sa vie professionnelle, dit-il –, mais les deux hommes se sont côtoyés lors de la reprise de Broue.

« Il nous a passé le flambeau à Benoit Brière, Luc Guérin et moi très généreusement, très simplement. C’est même Michel qui nous a suggéré de faire nous-mêmes la mise en scène. Il était fier, mais toujours respectueux. Il était de l’étoffe des gars comme Yvon Deschamps, des humains irréprochables. »

« Chaque fois que j’ai joué Pointu, j’ai pensé à lui. Ce qu’il faisait dans Broue tenait de la haute voltige. C’était un personnificateur spectaculaire, toujours dans le vrai. Depuis plusieurs mois, avant les représentations de Broue, on disait au public qu’on pensait à Michel, qu’on lui souhaitait de se rétablir. Le public applaudissait. Ça faisait du bien aux gens de lui manifester leur admiration, mais aussi leur amour. Le lien du public avec Michel dépassait la performance scénique. On était dans l’affection. C’est difficile de concevoir qu’il est parti. Il avait quelque chose du chêne, très droit, qui ne faisait pas son âge. »

Francine Ruel

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Francine Ruel

« Charmeur, élégant, sensible et intelligent », Francine Ruel multiplie les épithètes pour parler de l’acteur qu’elle a connu il y a 44 ans. Selon elle, Côté avait une manière unique de jouer sur les planches et à l’écran. « Il ne jouait pas, il était présent. Il ne faisait presque rien, bougeait un doigt, modifiait un détail, et ça marchait. »

Francine Ruel se souvient du coup de fil de Michel Côté, à l’hiver 1979. Le comédien voulait qu’elle se joigne à l’équipe des auteurs de Broue. Pour l’ouverture du petit Théâtre des Voyagements, boulevard Saint-Laurent, en mars 1979. « ll m’a dit qu’il voulait avoir la vision d’une femme dans la pièce, même si ça se passe dans une taverne. »

« Il avait un talent énorme, poursuit-elle. C’est un grand acteur qui faisait l’unanimité autour de lui. Il y en a peu dans le monde. Mon grand regret aujourd’hui, c’est qu’on ne pourra pas voir Michel interpréter tous ces rôles qu’il aurait pu faire en vieillissant. »

Guylaine Tremblay

PHOTO ROBERT SKINNER, ARCHIVES LA PRESSE

Guylaine Tremblay

« J’ai beaucoup beaucoup de peine », a confié Guylaine Tremblay. La comédienne qui a joué avec lui dans La petite vie et dans le film La vie après l’amour en parle encore au présent. « C’est un acteur au talent immense, doublé d’un formidable être humain. Un leader, un rassembleur. Michel est un gars enveloppant, rassurant, de famille. C’est quelqu’un qui nous tirait toujours vers le haut. »

« Pour moi, Michel représentait l’image de la force et de la santé. Je croyais qu’il allait passer par-dessus sa maladie. Mais la vie en a décidé autrement. On devrait tous se souhaiter collectivement nos condoléances. »

Luc Dionne

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Michel Côté et Luc Dionne, en 2013

Luc Dionne a écrit pour Michel Côté l’un de ses rôles les plus marquants au petit écran, celui de Pierre Gauthier dans Omertà. Les deux hommes se côtoyaient hors du cercle professionnel. « Son départ est une infinie tristesse, car il était tellement en forme. Je me souviens que l’été passé, lors d’une fête au chalet de Denys Arcand, Michel est arrivé en maillot de bain Speedo. Il a dit : quand on a des bananes comme les miennes à mon âge, il faut les montrer ! S’il pouvait faire rire, Michel le faisait. »

« Il a vraiment été un des précurseurs des œuvres populaires, que ce soit au cinéma, à la télévision ou au théâtre. Il était très populaire, car il est demeuré très simple. Il était proche du monde et du public. »

« C’est une grande perte : Michel était un comédien extraordinaire, qui se déguisait très bien. Tu lui changeais le nez et il changeait de personnage ! »

Émile Gaudreault

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Émile Gaudreault

Le réalisateur Émile Gaudreault a dirigé Michel Côté dans trois longs métrages, dont De père en flic, en 2008. « J’ai eu cette idée d’un père et d’un fils qui vont en thérapie et tout de suite, les noms de Michel Côté et Louis-José Houde me sont venus à l’esprit. Pour moi, c’était les deux acteurs les plus drôles de leur génération. »

À ses yeux, l’acteur était un « surdoué, avec du génie », capable de jouer sur les registres à la fois comique et dramatique. « Mais c’est aussi quelqu’un qui doutait beaucoup, ça permet un travail et d’aller plus loin. Il n’était pas à ses idées, au contraire, il voulait aller plus loin, tant autour de la table que sur les plateaux. C’était un virtuose et à la fois quelqu’un de très vulnérable. Ça me permettait d’explorer avec lui. »

Le réalisateur du Sens de l’humour dit aussi que l’acteur avait un bel esprit d’équipe.

« Michel connaissait le prénom de tous les techniciens sur un plateau. À la fin d’une journée de tournage, il remerciait tout le monde en les nommant. Pour ces gens qui sont dans l’ombre, c’était très important. Ça donnait une super ambiance sur un plateau. »

« J’étais prêt à travailler avec lui n’importe quand. Il avait un charisme fou, c’est précieux pour un réalisateur. La caméra l’adore. Tout transparaît dans ses yeux. »

Pierre-Luc Brillant

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De gauche à droite : Michel Côté, Danielle Proulx, Pierre-Luc Brillant et Marc-André Grondin, qui ont partagé l’écran dans le film C.R.A.Z.Y. de Jean-Marc Vallée

Pierre-Luc Brillant a partagé le grand écran à trois reprises avec Michel Côté, dans les films La vie après l’amour, Ma fille, mon ange et, surtout, C.R.A.Z.Y.

« Michel a été une rencontre importante dans ma vie de jeune acteur. Il m’a poussé à continuer dans le métier. Tout le monde adorait travailler avec lui. C’était un rassembleur. Il faisait tout avec une pointe d’humour, même deux minutes avant de tourner une scène très dramatique. En apprenant la nouvelle de sa mort, l’un des premiers souvenirs qui me sont venus en tête a été le fou rire pas possible qu’on a eu juste avant de tourner la scène de mariage dans C.R.A.Z.Y, celle où je devais me battre avec mon oncle ! On a eu de la misère à continuer ! »

Pierre-Luc Brillant l’a croisé à quelques reprises ces derniers temps. « Il venait chercher ses petits-enfants au même service de garde où je vais chercher ma fille. Chaque fois, c’était comme si on avait pris une bière ensemble la veille. »

« On se souviendra beaucoup de Michel comme d’un grand acteur comique. Même dans les scènes les plus humoristiques, il avait cette capacité à aller chercher la vérité de ses personnages. On voyait leur détresse et le fond de tristesse dans leurs yeux, comme dans Cruising Bar. C’est une grande qualité pour un acteur de pouvoir faire ça. »

Rémi-Pierre Paquin

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Les acteurs Rémi-Pierre Paquin et Michel Côté ont travaillé côte à côte dans l’émission La théorie du K.O.

Rémi-Pierre Paquin et Michel Côté ont joué ensemble lors des deux saisons de l’émission La théorie du K.O., où le premier jouait le fils du second. « Ce que je retiens surtout de Michel, c’est son authenticité. Il était un artiste incroyable, mais il ne se prenait pas au sérieux pour autant. Il me touchait beaucoup, car il avait ce côté gars de région, cet orgueil bien placé du gars du Lac-Saint-Jean ! En tournée de promotion, il parlait à tout le monde ! Il était près des gens. Comme acteur, il pouvait jouer dans des drames, des comédies, dans des films plus nichés. Il ne dénigrait aucun style. C’était un modèle pour moi, autant comme humain et comme comédien. »

Réactions politiques


Michel Côté devait être décoré de l’Ordre national du Québec en juin, a révélé le premier ministre François Legault. « Un de nos grands comédiens s’est éteint aujourd’hui. Je ris encore aux éclats de Broue, de Cruising Bar, de La petite vie, mais je me souviens aussi de son touchant rôle dans C.R.A.Z.Y. Mes pensées sont avec sa Véronique, ses 2 fils qu’il adorait et tous ses proches », a-t-il ajouté sur les réseaux sociaux.

  • Réaction du premier ministre François Legault à la mort de Michel Côté

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    Réaction du premier ministre François Legault à la mort de Michel Côté

  • Réaction du chef intérimaire du Parti libéral du Québec, Marc Tanguay, à la mort de Michel Côté

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    Réaction du chef intérimaire du Parti libéral du Québec, Marc Tanguay, à la mort de Michel Côté

  • Réaction du chef du Parti québécois, Paul St-Pierre Plamondon, à la mort de Michel Côté

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    Réaction du chef du Parti québécois, Paul St-Pierre Plamondon, à la mort de Michel Côté

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Les témoignages de la classe politique sont d’ailleurs nombreux. « Nous venons de perdre un grand acteur, un grand Québécois. Michel Côté était aimé et respecté. À travers ses nombreux rôles, il aura marqué des générations de Québécois. On vient tous de perdre un petit peu de nous autres », a écrit le chef intérimaire du Parti libéral du Québec, Marc Tanguay.

Pour le chef parlementaire de Québec solidaire, Gabriel Nadeau-Dubois, « Michel Côté laisse un héritage immense, à la hauteur de l’homme et de l’artiste qu’il était. Tout le Québec est en deuil, parce que tout le Québec l’aimait ».

Le chef du Parti québécois, Paul St-Pierre Plamondon, a également témoigné de sa « tristesse ». « L’un des comédiens les plus marquants et les plus appréciés de l’histoire du Québec. Il restera à jamais gravé dans notre mémoire collective. Également un homme d’une simplicité et d’une grande gentillesse. Michel est parti beaucoup trop vite. »

Avec Tommy Chouinard, Mario Girard et Dominic Tardif, La Presse