Y a le feu (au propane) qui s’allume, à chacun sa chacune, chante, à quelques mots près, La Chicane dans J’reviens chez nous, un grand classique du répertoire québécois de camping.

C’est une métaphore parfaite pour clore ce troisième chapitre « insane » de L’île de l’amour à TVA, où le summum d’un tête-à-tête romantique consiste à arracher cinq ou six fleurs dans un bosquet tout sec, à disposer des coussins du Club Piscine sur un patio en bois traité, à couper trois fraises en deux et à boire un jus avec une paille en métal.

Le tannant en chef de l’émission, Hugo Brochu, travailleur de la construction de 26 ans, a trouvé sa tannante préférée, Lorie Boucher, une esthéticienne de 20 ans. Le public a craqué pour ce duo au parcours houleux, mais attachant, notamment quand le faux surfeur Hugo a tendu la joue – au lieu des lèvres – à la belle Mahyka pendant un jeu de zou bisous bisous à la Casa Amor, le segment de la téléréalité qui sert à tester et à tenter les insulaires.

Ce moment pivot a 100 % fermé les portes de Lorie et Hugo, pas de « scring », pas de craque, aucun courant d’air ne passait par la suite. Les deux tourtereaux les plus bronzés – certains diront carbonisés – de Las Terranas ont ainsi battu le plus vieux couple de L’île de l’amour, soit Kevin et Enya, qui ont dormi collés dès la première semaine. Ils étaient mignons, Kevin Gagnon, entraîneur de 24 ans, et Enya Jaime, infirmière de 23 ans. Elle l’appelait son petit chum. Il la surnommait sa petite personne. Ils se minouchaient tous les soirs.

Mais comment dire ? Ils ont paru bien génériques et ternes en comparaison de Lorie et Hugo, qui ont noué une relation fougueuse, ponctuée de mises au point et de bannissement de « frenchs de plaisance ».

On se souviendra d’ailleurs que ce qui a le plus dérangé Hugo pendant les 28 épisodes de L’île de l’amour, c’est que Lorie « aille une vraie intérêt pour un autre gars ». C’est quand même « full valide » comme inquiétude, préciserait Bianka avant que Cédric pogne les nerfs sur l’attestation, non sollicitée, de ses propres sentiments.

Ce que nous retiendrons de cette troisième saison de L’île de l’amour ? Que le veston masculin se porte dorénavant avec rien en dessous. Que les concurrents se disent au revoir à la manière d’une signature dans un album de finissants de cinquième secondaire : « reste comme que tu es, change pas, on se revoit bientôt, on se lâche pas ».

Et que Deandre, l’entrepreneur web de 22 ans, a bouclé sa valise beaucoup trop vite. Ce dernier, pour qui c’était « super dur d’ouvrir ses émotions », nous a enfilé des perles comme : « moi, j’aime tout ce qui a l’odeur de la vanille. Si ça existerait genre un parfum à la vanille qui feele good, wow », a-t-il marmotté à Destiny, trahissant le fait qu’il n’a jamais fréquenté le Sephora ou l’allée des cosmétiques chez Jean Coutu à l’heure de pointe, pschit, pschit de Cloud d’Ariana Grande.

En deux mois de cérémonies de la flamme, nous avons assisté à une kyrielle de départs super dramatiques rythmés par de la musique pop trrrès intense, dont celui du ricaneux Tristan, le barman, entraîneur et travailleur de la construction de 26 ans. Tristan a « act wrong » après avoir « zigné » sur Dafney, en plus de lui « manger la yeule » live, dixit Émilie, qui a été « shook », on le serait à moins, par cette désagréable expérience.

Terrassé par l’insécurité sur la terrasse, Gabriele, 25 ans, a été rassuré par ses compagnons de gonflette, avec qui il partage des « shake de gainz ». « Tu as été vrai à toi-même », lui a glissé le bon Cédric, 28 ans, poète et opérateur de pâtes et papier. Imprimez ça sur un t-shirt, ça presse.

En fin de parcours, même les textos envoyés par la production se sont mis à déparler : « insulaires, revêtissez (sic) vos plus belles robes et vos plus beaux habits » ! Revêtez, revêtissez, on ne chipotera pas pour une voyelle et deux consonnes alors que Victor a « crash down vite, parce que les filles stick avec leurs boys », n’est-ce pas ?

IMAGE TIRÉE DE L’ÉMISSION SI ON S’AIMAIT ENCORE

Nathalie et Pierre, un couple participant à Si on s’aimait encore

Saucette rapide chez Si on s’aimait encore, où la vaillante Louise Sigouin n’a jamais autant pédalé pour arracher des phrases complètes à deux cas difficiles, soit Jérémie, le marmonneur de 28 ans, et Lee, le boudeur de 41 ans. Mercredi soir, la thérapeute a même félicité Jérémie, car il ne s’exprime plus uniquement en onomatopées et il forme maintenant des phrases quasi complètes.

On progresse chez Louise, mais siffleux que c’est décourageant de voir autant d’hommes incapables d’un minimum d’introspection et de communication.

De son côté, Nathalie, 50 ans, redouble d’efforts pour reconnecter avec sa douceur. « Je veux travailler fort pour qu’on continusse à vieillir ensemble », a susurré Nathalie à son papi Pierre, en empruntant une voix enfantine qui fait l’effet d’ongles sur un tableau noir.

Puis, quand Louise a demandé à Nathalie comment elle manifeste son intérêt sexuel à Pierre, elle a rechaussé ses vieilles pantoufles : « ben, normalement, je lui pogne le paquet et je commence à l’écœurer ». Objectif délicatesse ? Raté.

Finalement, Emmanuelle, fan de liqueur de litchi, porteuse de charge mentale extrême et fan de livres humoristiques légers, avait notre entière sympathie jusqu’à ce qu’elle tombe dans les préjugés envers son copain. « Tu travailles sur la construction, vous êtes pas reconnus pour votre intelligence supérieure », a-t-elle lancé à Jérémie qui, fidèle à lui-même, a répondu par un grognement que seul Hector arrive à capter.