Si Pier-Luc Funk n’atterrit pas dans les catégories d’interprétation non genrées du prochain gala des prix Gémeaux, Houston, nous avons un problème (ou un tartare de saumon servi au Centropolis de Laval, c’est selon).

L’acteur de 28 ans offre une performance époustouflante dans la quatrième saison de l’excellente minisérie Plan B, qui débarque jeudi sur l’Extra de Tou.TV. Il y campe le torturé Jessy Bonin, un bum de 23 ans qui sort de prison pour un vol dans un magasin d’électronique.

Ce jeune homme complexe défendu par Pier-Luc Funk est à la fois charmant et odieux, vulnérable et dégueulasse, violent et attachant. D’un épisode à l’autre, le talentueux Pier-Luc Funk passe ainsi d’un trou de cul fini à un adulte en détresse que l’on aurait le goût de serrer dans ses bras.

J’ai vu les six épisodes d’une heure de ce quatrième chapitre de Plan B et, contrairement à Mégantic qui se visionne en doses homéopathiques, cette œuvre touffue et dure de Jean-François Asselin et Jacques Drolet encourage la boulimie télévisuelle. Comme dans les éditions précédentes, les épisodes regorgent de détails intrigants et l’histoire nous happe au point où l’on veut savoir comment elle va finir, pour l’amour du saint ciel.

Et non, pas besoin d’avoir vu les trois volets antérieurs pour embarquer dans cet univers foisonnant, enrobé d’un chouïa de science-fiction. Juste savoir qu’il existe une entreprise – la fameuse société Plan B – qui permet à ses utilisateurs de remonter dans le temps pour corriger des erreurs ou éviter des drames.

Plan B 4 repose sur une énorme question : peut-on s’extraire d’un milieu de vie pourri, surmonter ses traumatismes et vivre dans un certain équilibre ? Ou porte-t-on à jamais les stigmates de la pauvreté, de l’abandon et du manque d’éducation ?

Revoici donc notre protagoniste Jessy (Pier-Luc Funk), qui habite dans un HLM défoncé d’Hochelaga-Maisonneuve avec son père Jocelyn (très juste Patrice Robitaille), un homme brisé, casanier, désabusé et obsédé par le fric qu’il n’a pas.

La mère de Jessy, la serveuse de casse-croûte Sandra (bouleversante Évelyne Rompré), est accro à l’héroïne et se prostitue pour payer ses doses. Comme dirait un coucou sur Twitter : sa va po ben.

PHOTO DANY TAILLON, FOURNIE PAR RADIO-CANADA

Guillaume Laurin et Marc Beaupré interprètent les frères Dupuis, deux petits caïds.

Jessy croit que l’argent recollera les morceaux de sa famille disloquée. Il multiplie donc les larcins pour s’enrichir et croise de nouveau la route des frères Dupuis, Dany et Sylvain, deux petits caïds joués par Marc Beaupré et Guillaume Laurin. Au palmarès de la mauvaise influence, les frères Dupuis scorent très fort.

Dans sa spirale criminelle, Jessy entraîne également le sympathique et naïf Dave (Étienne Galloy), son meilleur ami qui habite le même immeuble, où tous les locataires survivent grâce à l’aide sociale.

Les deux premiers épisodes renferment des séquences très difficiles de prostitution, de négligence et de mort. Ça se tapoche tout le temps, ça s’apostrophe à coups de « crisse de fif » et ça se traite comme de la marde, n’ayons pas peur des mots.

Puis, Jessy tombe par hasard sur l’agence Plan B pendant un évènement qui bousillerait votre écoute si je l’expliquais en détail. Sans rien divulgâcher, sachez que Jessy revisitera son passé pour a) se sortir du trou, b) gagner beaucoup de sous et c) retrouver l’affection de ses parents.

À propos des punchs, le cinquième épisode en renferme un super étonnant, qui ne fait pas du tout gadget ou bébelle. Au visionnement de presse mardi matin, personne ne l’avait vu venir et il est exécuté de façon habile.

Il existe même deux personnages pivots dans la série dont on ne peut dévoiler l’existence – ou leurs interprètes – afin de préserver un secret important de l’intrigue.

Si vous êtes fans de cette franchise, vous reconnaîtrez en souriant plusieurs clins d’œil aux saisons précédentes, comme le veut la tradition implantée par le réalisateur Jean-François Asselin.

Et ça saute aux yeux dès les premières minutes de Plan B 4 : Jessy court toujours. Il court après l’amour de sa mère, il court après des chèques, il court après un emploi, il court après ses souvenirs, il court après le trouble. Cours, Jessy, cours !

La scène qui montre et explique d’où provient ce désir de fuite en avant vous remplira les yeux d’eau. C’est très, très bon.

La téléréalité au top du top

TVA a décroché l’audience la plus costaude du dimanche soir en présentant la téléréalité Sortez-moi d’ici !, qui a intéressé 1 624 000 curieux. Les vedettes catapultées dans la jungle ont battu la première ronde des duels de La voix, dont la cote d’écoute a été estimée à 1 497 000 téléspectateurs.

Big Brother Célébrités, qui vise un public similaire, n’a pas trop souffert de la présence de Sortez-moi d’ici ! avec ses 692 000 fidèles au poste. À Radio-Canada, la grand-messe de Tout le monde en parle a été célébrée en présence de 804 000 adeptes, soit légèrement moins que les 822 000 personnes qui ont syntonisé La vraie nature à TVA.