Après 12 semaines de cris saccadés et de mouvements mécaniques de Guillaume Lemay-Thivierge, l’émission la plus populaire du petit écran québécois, tous réseaux confondus, a démasqué dimanche soir sa dernière mascotte à la voix robotisée.

Maintenant, l’alerte au divulgâcheur sonne ici comme une ancienne élève de Star Académie, qui a été revue et corrigée plusieurs fois. Alors, c’est Véronique Claveau qui se cachait dans le costume impérial de la Reine du jour et de la nuit et qui a été couronnée grande gagnante de la deuxième saison de Chanteurs masqués à TVA.

Sa relecture de Tous les cris les S.O.S. a été magnifique, et l’imitatrice de l’émission À la semaine prochaine de Radio-Canada a été l’une des rares concurrentes à chanter a cappella, entourée de meubles suspendus, dans un tableau scénique joliment composé.

Contrairement à l’an passé, les voix des chanteurs masqués ont été moins trafiquées, moins bidouillées électroniquement, ce qui a permis aux oreilles fines de reconnaître le timbre cristallin de Véronique Claveau, une des têtes d’affiche de la comédie musicale Annie.

Pendant Ça plane pour moi de Plastic Bertrand, ce fut aussi facile d’identifier l’animateur Pierre-Yves Lord, alias la Super Loutre, qui a conclu sa prestation suspendu dans les airs. Même le grain de voix distinctif de Ludovick Bourgeois a transpercé son armure de Robot quand il a refait What About Us de P!nk dans un numéro de chaîne de montage habilement chorégraphié.

Cet automne, ce sont les capsules-indices, plus cryptiques et moins évidentes, qui ont donné du fil à retordre aux téléspectateurs. Mettons que certains renseignements sur nos vedettes mystères ont été puisés loin, loin dans leur CV.

PHOTO BERTEXERTIER, TIRÉE DE LA PAGE FACEBOOK DE L'ÉMISSION

Les finalistes de 2021 ont chanté sur scène dimanche soir.

La tonitruante conclusion de Chanteurs masqués a démarré avec le retour des finalistes de 2021, soit le Harfang des noces (Johanne Blouin), la Dinde noire (Jason Roy Léveillée) ainsi que les Inséparables (Wilfred LeBouthillier et Marie-Élaine Thibert), qui ont entonné The Winner Takes it All d’Abba, un choix de pièce assez convenu et prévisible, disons-le.

Anouk Meunier demeure mon enquêtrice favorite du panel. Elle a du flair, de l’enthousiasme, de la répartie, et elle détecte toujours les infos clés qui ont glissé sous le radar.

Chanteurs masqués est une émission efficace, dynamique, bien construite, qui finit cependant par devenir répétitive. Cela dit, c’est un divertissement taillé sur mesure pour la famille, qui reviendra en septembre 2023 pour un troisième tour de piste.

Dans ce défilé pétaradant de déguisements haut de gamme, je trouve que Laurence Jalbert (la Moufette punkette), Stéphane Archambault (le Mandrill) et Véronique Béliveau (la Luciole) auraient mérité de progresser plus loin dans la compétition. Justice pour ces créatures incomprises, bon !

L’heure de thérapie de vérité

En visionnant L’heure de vérité dimanche soir, un néophyte aurait pu croire qu’Occupation double : Martinique a été l’expérience la plus merveilleuse, la plus humaine et la plus enrichissante de l’histoire moderne de la téléréalité québécoise.

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Des candidats d’Occupation double lors de L’heure de vérité

Des expressions comme « amis pour la vie », « leader positif », « belle bromance », « juste du love », « être là les uns pour les autres » et « apprendre sur soi-même » ont parsemé cette émission de 1 h 30 min qui ressemblait davantage à une thérapie de croissance personnelle qu’à une mise au point nécessaire après autant de turbulences.

« Tout le monde récolte le fruit de leur personne », a philosophé Jimy le cowboy-carreleur, qui n’avait heureusement pas traîné sa guitare.

Ça sentait très fort l’opération de relations publiques pour redorer l’image d’OD, qui a été salie par le scandale de l’intimidation des trois fantômes de Noël, présent, passé et futur.

Jay Du Temple, d’une sobriété capillaire et vestimentaire étonnante, a confessé les concurrents sur le ton d’une Louise Sigouin déchirée entre deux dualités. Qu’as-tu appris sur toi-même, mon ami ?

Et quand des candidats d’OD balancent des phrases comme « tu lui as fait le cadeau de lui laisser son espace », pour vrai, il y a clairement une erreur sur la nature du programme. Cette formule intime, rythmée par une trame sonore de type Noël avec André Gagnon, n’avait plus rien à voir avec les anciennes heures de vérité, où ça brassait pas mal plus.

Cette cuvée 2022 a-t-elle bu une boisson amnésiante — et non énergisante — avant que les caméras ne s’allument ? Les confidences du pompier Jonathan, le célibataire qui a été pris en grippe par Voldemort et ses deux « toxiamis », ont été le seul moment authentique de la soirée. « J’avais jamais vécu ça de ma calisse de vie », a résumé Jonathan à propos de l’exclusion qu’il a subie devant des centaines de milliers de téléspectateurs. Sans la présence des caméras, Jonathan a rencontré Félix (l’un des trois bannis d’OD) en compagnie du médiateur Jasmin Roy pour recoller les pots cassés. De ce qu’on a déduit dimanche soir, Jonathan souhaite effacer OD de son CV, et on le comprend.

Selon la production, Kiana a décliné l’invitation pour se joindre à L’heure de vérité, tandis que Sandrine faisait de la fièvre le jour de l’enregistrement. Isaack et Philippe, les deux responsables de la débâcle, ont évidemment été rayés d’office du plateau.

Le pourcentage des votes n’a pas été dévoilé publiquement, mais Claudia et Jimy ont gagné avec un « écart très considérable », me dit-on. Comprendre : Aïssa et Walide n’ont récolté que des miettes.