Les drames ne se jouent pas que dans la salle d’audience d’Indéfendable, où la pauvre Mme Panepinto (Marie Charlebois) revit le meurtre de son mari violent Dario, qu’elle a poignardé à la cuisse après avoir avalé une dizaine d’Ativan et une bouteille de vin rouge.

Un petit bouleversement a secoué l’équipe d’auteurs d’Indéfendable cet automne, me rapportent des taupes bien informées. À la mi-octobre, la scénariste principale de la série quotidienne de TVA, Nadine Bismuth, a été écartée de l’écriture de la deuxième saison. Raison invoquée : restrictions budgétaires.

La productrice Izabel Chevrier de chez Pixcom occupera dorénavant cette fonction vitale pour la création des futures intrigues. « Je ne souhaite pas commenter davantage. Je vais très bien et j’ai depuis replongé à temps plein dans mes projets personnels, dont l’écriture de la deuxième saison d’Un lien familial », m’a confié Nadine Bismuth.

Alors que Marie-Andrée Labbé pilote STAT en solo à Radio-Canada, Indéfendable se façonne avec une escouade de dix auteurs, qui se partagent cette tâche colossale. Ni Izabel Chevrier ni personne chez Pixcom n’a voulu commenter le départ de Nadine Bismuth. « Par respect pour tous, je ne discuterai malheureusement pas de contrat entre une autrice, un diffuseur et la production », m’a précisé Charles Lafortune, un des patrons de la boîte Pixcom.

Les derniers tournages d’Indéfendable, la série la plus populaire de TVA avec ses 1,5 million d’accros, ont été bouclés le 11 novembre. La productrice Izabel Chevrier et son conjoint, le criminaliste Richard Dubé, ont créé l’univers du téléroman de TVA, qui suit les avocats de la défense du cabinet Lapointe-Macdonald.

Selon mes infos, le point de vue procriminaliste d’Indéfendable déplaît aux « vrais » procureurs de la Couronne, que le feuilleton dépeint comme des avocats hargneux, colériques, vengeurs et incompétents.

Jusqu’à présent, c’est bien vrai, les procureurs aux poursuites criminelles et pénales d’Indéfendable — les fameuses « couronnes » — ont perdu presque tous leurs procès devant les criminalistes rusés Léo Macdonald (Sébastien Delorme), André Lapointe (Michel Laperrière) et Marie-Anne Desjardins (Anne-Élisabeth Bossé).

La procureure de la Couronne affectée au dossier de Mme Panepinto, MBiron (Marie-Laurence Lévesque), a été particulièrement détestable et antipathique dans les dernières semaines. Même la juge Lareau (Annick Bergeron) a été forcée de corriger l’attitude agressive et déplacée de l’instable MBiron.

Avant MBiron, une autre couronne, MGirouard (Julie Beauchemin), avait merdé dans l’affaire du réseau de pédophiles au centre jeunesse. La pire couronne demeure le baveux Hugo Janson (Éric Paulhus), qui a même attaqué le droit de pratique de Léo Macdonald, son ancien camarade de classe.

Leur vieille rivalité s’ancre dans une lutte de classes sociales peu subtile. MJanson, fils d’un juge respecté, a grandi dans la ouate d’une famille bourgeoise, tandis que MMacdonald, dont le père Ti-Bill (Jean Maheux) sort de prison, a quasiment vécu dans le ghetto.

Les privilèges hérités de MJanson ne lui permettent évidemment pas de coincer notre valeureux Léo Macdonald, habitué de gagner chacune de ses causes à la sueur de son front, sans passe-droit, sans raccourci réservé à l’élite du palais de justice.

Tous nos espoirs reposent maintenant sur MClaude Duguay (Paul Doucet) pour redorer l’image des procureurs de la Couronne. Car même l’efficace MSonia Cadet (Marilyse Bourke) a échoué, elle aussi battue par le sourire narquois de Léo Macdonald.

Le personnage de MFrédéric Legrand (Martin-David Peters), un criminaliste moins à cheval sur les principes, disons, nous ouvre une porte sur un monde moins divisé entre les méchantes couronnes et les preux chevaliers de la défense.

Le choix de faire triompher les criminalistes a été réfléchi et assumé dans Indéfendable. C’était quasi nécessaire pour lancer la série.

Aucun téléspectateur n’aurait adopté et aimé un téléroman quotidien où les protagonistes se seraient systématiquement cassé les dents au tribunal. On les aurait trouvés nuls, peu débrouillards et inintéressants. Mais c’est évident que nos amis de Lapointe-Macdonald vont finir par se péter la margoulette en cour.

Comme plusieurs d’entre vous, je suis encore à jour dans les deux super quotidiennes de l’automne. Je préfère STAT, mais je ne me prive pas d’Indéfendable, qui ne souffre pas d’une baisse de régime. Les deux productions offrent du contenu divertissant à leurs fans.

Dans STAT, l’auteure Marie-Andrée Labbé intègre bien l’aspect thriller à la familiarité d’une quotidienne. Elle insère des bouffées de légèreté, tout en injectant de l’adrénaline dans ses intrigues. Les rats morts, le suicide de François (Daniel Parent) et l’implication bizarre de la psychiatre Julie Faubert (Isabelle Brouillette), l’enquête principale de STAT nous fidélise tous les soirs, c’est vraiment bien tricoté.

Maintenant, message à ma préférée, l’urgentologue Emmanuelle St-Cyr (Suzanne Clément). Il y a des caméras partout autour de sa McMaison de Carignan, ces caméras ont même filmé Rosalie (Marine Johnson) qui se cachait et dormait dans le cabanon.

Pourquoi Emmanuelle ne consulte-t-elle pas les archives de ses caméras pour voir qui a déposé le rat mort sur son perron ? Plus besoin d’appeler l’enquêteur Alexis Fortin (Emmanuel Bédard) quand Nostradumas est là !