Excusez pardon ? District 31 n’a pas remporté dimanche le prix Gémeaux du meilleur téléroman ? Et c’est la lente — mais correcte – série Nous du Club illico qui a été récompensée, une production que Québecor a débranchée avant même qu’elle n’aboutisse sur les ondes traditionnelles de TVA ?

Il s’agit d’un vrai vol à main armée, un snobisme injustifié. Oui, j’ai vu Nous, un titre confidentiel uniquement offert sur le Club illico de Vidéotron. C’est bon, mais jamais autant que District 31, l’émission phénomène de Luc Dionne qui a captivé 1,8 million d’accros jusqu’à la fermeture du poste le plus bouillonnant en ville.

Manifestement, les membres de l’Académie ont fumé du très mauvais stock, qui a brouillé leur jugement. District 31 méritait ce trophée pour ses épisodes peuplés de personnages attachants et parsemés de revirements inquiétants.

Dans le gala d’après-midi, l’auteur Luc Dionne a même été récompensé pour la qualité des textes de son feuilleton policier. Et qu’est-ce qui fabrique une histoire attrayante à la télé ? Un scénario habilement tricoté.

Produite par les vétérans Anne Boyer et Michel d’Astous, Nous raconte le destin croisé de cinq jeunes adultes de 23 ans, qui se côtoient dans un ancien immeuble industriel du quartier Saint-Henri. L’intrigue pondue par Dominick Parenteau-Lebeuf flirte avec l’ésotérisme et le surnaturel dans une réalisation hyper léchée de Yannick Savard, lui aussi gagnant d’un Gémeaux pour ses superbes images.

Encore plus curieux ? Nous ne compte que 12 épisodes d’une heure. Comment cette émission a-t-elle pu concourir dans la catégorie des séries annuelles longues comme District 31 et Toute la vie ? Techniquement, Nous entre dans la filière des séries saisonnières plus courtes à la C’est comme ça que je t’aime. L’Académie a visiblement tordu ses règlements pour accommoder Nous, dont les 12 derniers épisodes atterriront sur le Club illico plus tard cet automne.

Parlant d’étrangeté, trois mots : Guillaume Lemay-Thivierge. L’animateur de Chanteurs masqués s’est lui-même invité sur scène — son intervention de plus de trois minutes n’était pas du tout prévue — pour passer des messages confus et décousus à propos des élections provinciales et de l’importance de voter de façon massive… pour l’Académie. Gros malaise.

Que voulait-il dénoncer au juste ? Et pourquoi interrompre la maîtresse de cérémonie comme ça ? Guillaume Lemay-Thivierge n’a pas répondu à ma demande d’entrevue dimanche soir.

Dans son envolée interminable au parfum de règlement de comptes, la tête d’affiche de TVA a également envoyé une craque au timonier de Tout le monde en parle, une vanne qui sortait, encore une fois, du champ gauche. « Un rôle de composition, ce n’est pas Louis Morissette qui pleure dans sa grosse cabane. Ça serait Guy A. Lepage gentil et humble. Ça, c’est un rôle de composition », a lancé Guillaume Lemay-Thivierge devant une salle qui riait jaune. C’était gênant pour lui.

D’une durée de plus de 2 h 20 min, ce 37e Gala des prix Gémeaux a été ponctué de moments bizarres, disons-le. Comme celui où Jean-Philippe Wauthier a remplacé Gildor Roy au pied levé. Le nouvel animateur de La tour, et l’ex-commandant Chiasson, s’est désisté des Gémeaux dans la journée de samedi, me dit-on.

Vive et allumée, Véronique Cloutier, la reine de la répartie, n’a jamais paru déstabilisée. Même qu’elle brille davantage quand elle sort de son texte.

La fête de la télé québécoise a débuté avec une excellente vignette où Véronique Cloutier en mode bitch menaçait de démolir tous les finalistes en créant un « scandalissimo » au parterre de la Place des Arts. Une vidéo remplie de bons flashs, très rythmée et rigolote.

Hélas !, devant les têtes couronnées de la télé, ce numéro de « pas fine » s’est dégonflé à vitesse grand V. Même les interventions de Mani Soleymanlou, Guy Jodoin et José Gaudet, qui ont supplié l’animatrice d’être méchante pour vrai, n’ont pas sauvé la séquence.

Véro avait pourtant obtenu la permission de décocher des flèches piquantes aux membres de l’UDA, mais elle l’a ignorée, optant pour sa chorégraphie quétaine signature, qui a été superflue. Et près de 15 minutes pour une introduction, c’est trop long.

Drôle d’idée aussi que d’amorcer la soirée avec un prix qui couronne un absent, soit Patrick Huard, le méritant gagnant de La tour de TVA. L’émotion ne montera jamais dans la salle avec une vidéo préenregistrée.

Par contre, jolie idée de mise en scène que de placer les nommés à côté d’un écran, directement sur la scène. Cela a permis d’insuffler une belle cadence au gala.

Autre beau flash : la séquence des Petits tannants, où Véronique Cloutier a questionné les enfants des nommés dans la catégorie des jeux. Mignon comme tout.

Outre la défaite de District 31, la victoire de Guy Jodoin, d’Alertes, qui a filé devant Roy Dupuis de Toute la vie et Émile Proulx-Cloutier des Moments parfaits, a créé une grosse surprise. Je l’avoue, je ne suis pas un grand fan d’Alertes, malgré les améliorations qui ont été apportées entre les deux saisons.

En rafale, bravo à C’est comme ça que je t’aime et Audrey est revenue, deux super séries, et mes excuses d’avoir douté de la formidable Sandrine Bisson en prédisant la victoire, dans les séries dramatiques, à Marilyn Castonguay, notre Huguette Delisle préférée.

Le C.A. de la bisbille d’OD

Un candidat (Marc-Olivier) s’est fait reprocher « d’avoir l’air de lire des livres », la pire chose, le pire « turnoff » pour casser la « vibe » à Occupation double. Les cheveux de Jay Du Temple ont changé plus souvent de couleur et de coupe que le nombre de gros plans — au ralenti — sur les canettes de Bulles de nuit.

Et un conseil d’administration de quatre célibataires a été élu spécifiquement pour trouer les voiles de cet immense catamaran de l’amour commandité par Couche-Tard. À mon grand bonheur, OD s’annonce aussi coloré que les robes satinées des huit filles qui ont sélectionné leurs sept chevaliers, dimanche soir, sur les ondes de Noovo.

En 90 minutes montées de façon serrée et pilotées par un animateur très en forme, dans tous les sens du terme, le tapis rouge d’OD a déroulé le rebord de multiples twists et même tâté de la poésie, si, si, quand Marc-Olivier, 26 ans, a bizarrement décidé de céder son lit simple dans la villa cubique en Martinique. « Je le sais que c’est la fin de mon aventure à OD, mais l’aventure de nos vies se poursuit », a chuchoté Marc-Olivier, le Fred Pellerin de Saint-Bruno, quelques minutes avant qu’un de ses camarades ne philosophe : « advienne que pourra, gros ». Du génie.

Et comme l’a répété la mannequin de 23 ans Florence Belzile, une sorte de mantra à OD, « moi, mon genre, c’est le vibe ». Le vibe ou la vibe, le genre fluctue selon les épisodes. Mais l’important, c’est qu’un enfant ne vienne jamais scrapper ce sacro-saint vibe, seigneur. Quand la fabricante de selles haut de gamme (le gag vulgaire a déjà été fait, merci) Mégane, 26 ans, a appris que le cowboy Jimy était le papa du petit Liam, 4 ans, elle a sifflé, dans une langue vernaculaire : « un boy qui a un kid, c’est d’la crisse de marde ».

Notre bon chanteur country Jimy a donc été écarté en raison de sa paternité, mais a pu revenir grâce à l’intervention divine du C.A. d’OD, la grande nouveauté de cette édition tropicale. Composé de quatre personnes, ce C.A. fait office de chœur grec et commente l’action, comme nous dans nos salons. Isaack pourrait jouer dans Vampire Diaries ! Le barman Olivier ressemble à la version Wish de mon grand-père !

Puis, Félix, 24 ans, le gars des procédés chimiques, a été étiqueté « le gars aux oreilles décollées » par Ally, celle qui sème le trouble en double.

Si le visage d’Ally, la maître d’hôtel de 22 ans, vous est familier, c’est qu’elle a participé à la docuréalité L’appartement du Club illico en 2019. Ally y documentait son processus de transition et portait alors son ancien nom.

Le fonctionnement du C.A. d’OD n’a pas été expliqué en détail et la production se garde sûrement le droit d’en modifier les statuts constitutifs.

Colliers de perles pour hommes, RW & CO qui devient le nouveau Ernest, des filles qui se donnent du « ma chum » entre elles, des gars qui s’appellent « big » à tour de bras (gonflés), je sens qu’on va viber cet automne, gros vibe en perspective, pour citer (insérez ici le nom de n’importe quel concurrent d’OD Martinique).