Il y a des séries et des téléfilms qui encapsulent parfaitement l’esprit de Noël avec leurs grelots joyeux, leur coulée de sentiments sucrés et leur neige duveteuse qui ne pince jamais le visage des protagonistes sous forme de giboulée.

On regarde ces bluettes les yeux embrumés en ayant le goût de quitter Montréal et d’ouvrir une ferme de sapins dans un coquet village à la lisière du Vermont, où vit une personne de notre secondaire qui exerce aujourd’hui un métier manuel.

Il existe le même type de télésérie qui sent le sel de mer, la peau qui dore au soleil et les feux de grève sur la plage. Il s’agit de The Summer I Turned Pretty, L’été où je suis devenue jolie, en version française, offerte sur le service Amazon Prime Video. Et c’est très bon, dans ce genre bien précis du récit d’apprentissage, où tout bascule le temps d’un été ensoleillé.

Dès le premier épisode, l’envie nous prend de réserver une maison trop chère en bardeaux de cèdre à Nantucket, Ogunquit ou Cape Cod. The Summer I Turned Pretty, qui dérive de romans écrits par Jenny Han (À tous les garçons que j’ai aimés), se déroule dans une splendide résidence d’été d’une station balnéaire fictive de la côte est américaine. Pensez plus à Martha’s Vineyard qu’à Old Orchard Beach.

Ce magnifique château rempli de fleurs fraîches appartient à la riche famille Fisher de Boston. Depuis toujours, les Fisher passent leurs étés – idylliques, bien sûr – à la plage avec la famille Conklin. La mère Fisher, la peintre Susannah, connaît la mère Conklin, l’écrivaine Laurel, depuis l’université, et leurs quatre enfants ont grandi ensemble entre deux parties de Marco Polo dans la piscine creusée.

Les longues vacances à la mer se ressemblent jusqu’à celles où l’héroïne, Belly, fête ses 16 ans. Comme dans une chanson de Britney Spears, Belly n’est plus une enfant, mais pas encore une femme non plus. Les deux fils de Susannah (rappel : il s’agit de la peintre bohème qui possède la maison cossue) regardent maintenant Belly avec des yeux différents, et c’est ce que Belly souhaite : se défaire de son image de petite fille naïve à lunettes et broches.

Belly entame ainsi un été de flirts, de triangle amoureux et de premières margaritas glacées à la pomme grenade. C’est un classique, limite cliché. Les deux premiers épisodes (sur un total de sept) paraissent rose bonbon, très magazine Vanity Fair dans l’esthétique Nouvelle-Angleterre, mais attendez. Cette histoire multigénérationnelle prend de la profondeur, notamment dans l’exploration du rapport d’amitié complexe entre les deux mères, dissemblables, qui ont plusieurs crottes sur le cœur.

Il y a des tensions qui bouillent entre les adultes, des tiraillements entre les ados et les adultes, ainsi que des conflits entre les ados eux-mêmes.

The Summer I Turned Pretty aborde des enjeux actuels comme le racisme, les privilèges de classes sociales et la diversité sexuelle sans sombrer dans le didactisme primaire.

C’est amené avec naturel et bienveillance. Et le ton demeure léger avec tout ce que comporte une série de jeunes qui vivent leur best beach life sur Instagram : des films en noir et blanc au cinéparc, des partys au ukulélé sur la plage, des balades en jeep sur une musique pop pétillante, une tonne de chansons acoustiques de Taylor Swift et des bains de minuit à la pleine lune.

PHOTO FOURNIE PAR AMAZON

The Summer I Turned Pretty est une série d’été qui se déroule dans une splendide résidence d’été d’une station balnéaire fictive de la côte est américaine.

Les téléspectateurs adultes se pâmeront davantage devant la magnifique cuisine des Fisher, toujours joyeusement bordélique-chic et remplie de vaisselle sûrement confectionnée par un céramiste de Provincetown.

Les parents dans ce type d’émission héritent toujours du rôle ingrat de gardien de la morale. Pas dans The Summer I Turned Pretty. Les deux mamans de la génération X, sans devenir irresponsables, se gâtent dans les jujubes au pot et le vino. Et les mères butinent dans des bars de plage où il y a des planches de surf usées et des bouées vintage suspendues aux murs.

Ah oui, la série renferme aussi une intrigue de bal de débutante et de country club qui fait très Dirty Dancing.

Belly se joindra à la cohorte d’adolescentes qui désirent entrer en société avec des gants blancs qui montent jusqu’aux coudes. Très Bridgerton, tout ça.

L’été qui commence s’annonce crucial tant pour Belly que pour son entourage, qui ne se doute pas que cet âge de l’innocence tire à sa fin. Pas de divulgâcheur, rassurez-vous.

Est-ce que The Summer I Turned Pretty est la meilleure série du monde ? Non. Est-ce qu’elle se regarde bien en buvant un thé glacé ou un verre de Sancerre ? Absolument, oui. Vive l’été et son doux vent de liberté. Lancez ici la chanson Is It True de Tame Impala. Ou pas, à votre choix !