Je capote sur Wentworth, l’équivalent australien d’Unité 9 sur toutes les drogues de synthèse que les prisonnières réussissent à sniffer, fumer, s’injecter ou avaler illégalement.

Dans l’établissement carcéral de Wentworth, le Lietteville de la télé australienne, Boule de quilles, Jeanne Biron et Britanny Sizzla s’effondreraient d’une simple chiquenaude devant la « freak » Joan Ferguson, la psychopathe Lou Kelly ou la très militante Kaz Proctor.

Les corridors de Wentworth suintent la peur et le danger. Les détenues se piègent dans les douches, se défient dans des combats au couteau artisanal et se torturent à la presse à la vapeur. C’est plus proche d’Oz que d’Orange Is the New Black, mettons. C’est le Game of Thrones de l’univers carcéral, où les héroïnes survivent rarement à plus de trois années dans leurs cellules. Ne vous attachez pas trop à elles, à part avec des menottes. Les larmes coulent à plus fort volume que celui de l’alcool frelaté.

Les derniers épisodes de la huitième et ultime saison de Wentworth sont en ligne sur Netflix et (en version française sous-titrée) sur l’Extra de Tou.tv. Netflix possède toute la collection de Wentworth, soit 100 épisodes, si vous cherchez de la télé à croquer ce week-end.

D’ailleurs, ça m’étonne que Wentworth ne remporte pas plus de succès et que les téléphiles n’en discutent pas davantage sur les réseaux sociaux : c’est un feuilleton extrêmement efficace, bourré de rebondissements.

Pourquoi encenser une télésérie aussi violente et impitoyable ? Parce qu’elle remplit son mandat de divertissement. Parce que les actrices y sont bouleversantes. Parce qu’une prison fédérale comme celle dépeinte dans Wentworth, ce n’est pas un Club Med où l’on se tresse les cheveux entre deux chorégraphies de Macarena.

De retour au huitième chapitre de Wentworth, la tension grimpe au niveau « bingo » à quelques heures de la grande finale. Deux meurtres crapuleux ont été commis à l’intérieur des murs de Wentworth, la direction serre davantage la vis et les prisonnières complotent non-stop pour éliminer leurs rivales.

Et Wentworth n’existerait pas sans son trafic de drogue, ses séjours au trou, ses sévices physiques, ses guerres internes pour contrôler la prison, ses émeutes, ses bombes artisanales et sa mauvaise nourriture.

Provenant de tous les horizons socio-économiques, les femmes enfermées à Wentworth – qui ont enfilé l’uniforme bleu sarcelle – nous ont permis d’explorer une tonne de sujets, dont l’amitié, la maternité, la transidentité, l’homosexualité, la toxicomanie, le racisme, l’abus de pouvoir et la maladie mentale.

J’envie énormément ceux qui découvriront, pour la première fois, la fougue désespérée de la coiffeuse Bea Smith (et sa crinière rouge pompier), l’instinct de survie de la rusée Franky Doyle, une ancienne vedette de téléréalité hyper charismatique, ainsi que l’humour particulier de l’attachante Boomer, la colosse au cœur d’or.

Aussi, les créateurs de Wentworth ont compris comment alimenter notre dépendance. Leurs épisodes se terminent sur des punchs de fou, le suspense nous cloue sur le bout du sofa et la série n’a pas peur de présenter des femmes complexes aux comportements qui s’écartent de la norme.

PHOTO FOURNIE PAR CRAVE

Hacks repose sur la relation compliquée qui s’établit entre la boomer Deborah (Jean Smart, à droite) et sa jeune auteure millénariale Ava (Hannah Einbinder).

Sur une note plus comique, un seul mot pour vous : Hacks ! C’est bon, drôle et intelligent. C’est la comédie de l’année et c’est à visionner sur la plateforme Crave, qui offre huit demi-heures de la deuxième saison en anglais ainsi qu’en version française sous-titrée.

Pas pour rien que l’actrice principale de Hacks, la formidable Jean Smart (Fargo, 24, Mare of Easttown), a été décorée d’un prix Emmy en septembre dernier. C’est de la haute voltige humoristique.

La deuxième saison de Hacks reprend là où la première nous a abandonnés l’an dernier. Dépouillée de ses spectacles en résidence à Las Vegas, l’humoriste Deborah Vance (Jean Smart) saute dans un immense bus de tournée pour tester de nouveaux gags aux quatre coins des États-Unis.

Mais Deborah ne visite pas les salles prestigieuses pour défroisser son matériel. Elle se produit dans des bars miteux, des bateaux de croisière et des foires agricoles. Ego au vestiaire, ça presse.

Encore plus que la saison passée, Hacks repose sur la relation compliquée qui s’établit entre la boomer Deborah et sa jeune auteure millénariale Ava (Hannah Einbinder). Les deux comiques, prises en huis clos dans l’autobus, se picossent constamment, tout en apprenant l’une de l’autre et pas nécessairement de la façon dont on se l’imagine. La recherche de la blague parfaite et pertinente nécessite introspection et autodérision, vous verrez.

Les personnages qui gravitent autour des deux héroïnes sont tout aussi hilarants. Il y a l’adjointe délurée Kayla, la directrice de tournée psychorigide et l’assistant personnel déconnecté qui fournissent beaucoup de matière à rigolade.

Bref, si vous aimez l’humour acerbe, bien vissé dans la tendresse et l’humiliation, oui, c’est possible, Hacks vous charmera. Et contrairement au dernier Gala Les Olivier, vous ne serez pas gêné de le regarder.