(Bruit de froissement de sac en papier brun). On se calme, Hugo. On respire, on res-pi-re. Bon, OK. Ça va. J’ai repris mes esprits. C’est qu’il y a tant de choses savoureuses à raconter à propos de la deuxième saison de C’est comme ça que je t’aime que je ne sais pas par où commencer cette chronique.

Par l’arrivée de Gaétan 2 (Steve Laplante), le nouveau rival de Gaétan Delisle (François Létourneau) au bureau du premier ministre Robert Bourassa ? Par la dépression post-partum d’Huguette Delisle (Marilyn Castonguay) qui brouille son œil du tigre ?

Par la nouvelle permanente aux frisous très serrés de Serge Paquette (Patrice Robitaille) ? Ou par la décision de Micheline Paquette (Karine Gonthier-Hyndman) d’immerger son couple a) dans la piscine hors terre familiale, bien sûr, mais aussi b) dans l’amour libre ?

Débutons en simplicité : ce deuxième chapitre de C’est comme ça que je t’aime, imaginé par François Létourneau, ne décevra pas les fans qui l’attendent depuis deux ans. Oui, c’est trop long, mais ça aura valu la peine d’aiguiser sa patience.

Les deux épisodes que j’ai vus mardi dosent parfaitement l’humour, le malaise conjugal et les scènes de gangster à la Tarantino. C’est un équilibre fragile, difficile à maintenir, qui ne se brise jamais, bravo.

L’écriture intelligente de François Létourneau, capable de gags puérils autant que de finesse et de sensibilité, se rapproche de celle des frères Coen (Fargo, The Big Lebowski), mais en plus rigolo.

Ce brillant auteur a le tour de parler d’amour – le thème central de C’est comme ça que je t’aime – en plongeant ses personnages dans des situations complètement absurdes.

Vraiment, François Létourneau, épaulé par les réalisateurs Jean-François Rivard et Robin Aubert, confectionne de la télé de grande, grande qualité.

Les détails techniques, avant de plonger dans l’intrigue. Les six premiers épisodes de C’est comme ça que je t’aime 2 arrivent sur l’Extra de Tou. tv le jeudi 3 mars. Les quatre derniers suivront le jeudi 10 mars. Et logiquement, Radio-Canada relaiera C’est comme ça que je t’aime 2 à la télé traditionnelle en septembre.

PHOTO VÉRO BONCOMPAGNI, FOURNIE PAR RADIO-CANADA

Micheline Paquette (Karine Gonthier-Hyndman), Huguette Delisle (Marilyn Castonguay) et Marie-Josée (Sophie Desmarais) célèbrent l’Année internationale de la femme…

De retour à nos émissions, l’action de cette télésérie tragicomique reprend un an après la finale sanglante de la première saison. Nous sommes à l’été 1975, l’Année internationale de la femme (détail pas anodin pour la suite). Après avoir déposé leurs enfants au camp de vacances habituel, les voisins Gaétan, Huguette, Serge et Micheline lèvent l’embargo sur leurs carrières d’assassins, mises en veilleuse pour assurer la sécurité de leur marmaille. Mais là, fini le tataouinage.

Les quatre banlieusards, auxquels se greffe la féministe mao-stalinienne Marie-Josée (Sophie Desmarais) et son futur mari Lucien le vendeur de lingerie (Jean-François Provençal), disposent de trois semaines pour reprendre le contrôle de leur empire.

Mais ce qui s’annonce comme un été tout léger, tout léger de sexe, de poudre et de rock progressif se transformera en tragicomédie.

C’est que la caïd en chef Huguette Delisle, nouvellement maman de la petite Cécile, n’a plus de « pep dans le step ». Elle refuse de tuer et en cette année célébrant la Femme avec un grand F, Huguette souhaite opérer son réseau autrement, au grand bonheur de la militante marxiste Marie-Josée, qui couche encore avec son patron Serge, le plus grand consommateur de cerises alcoolisées de Sainte-Foy.

Mais c’est correct, l’infidélité. Car Serge et Micheline ont décidé d’être un couple ouvert pendant les vacances estivales. Ce plan matrimonial des Paquette dégage des effluves de Craven A et de Baby Duck. Comprendre : ça ne sent pas bon.

Dans l’intimité des Delisle, ça ne va guère mieux. Le nouveau collègue de Gaétan, Gaétan 2 (j’adore ce flash), tombe dans l’œil d’Huguette. Uh-oh. Et comme Gaétan 2 devient également le confident de Robert Bourassa, Gaétan a toutes les raisons de le haïr.

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Puff (Mathieu Gosselin) et Coco (Mani Soleymanlou) sont de retour dans la saison 2.

Pour les fans finis qui se posent la question, oui Coco (Mani Soleymanlou) et Puff (Mathieu Gosselin), les agents doubles sur le party, reviennent, tout comme les ultra-bronzés Jeannine (Chantal Fontaine) et Raymond l’ex-caïd (René Richard Cyr).

La plus grande menace du commerce des Delisle-Paquette viendra de Montréal, sous les traits de Grazia (Charlotte Le Bon), une puissante femme fatale surnommée la Mante religieuse, qui apparaît au quatrième épisode. Émilie Bibeau campera Josette, une veuve naïve recrutée par l’Organisation de Sainte-Foy. Quant à Pierre-François Legendre, le seul des Invincibles à ne pas jouer dans C’est comme ça que je t’aime, il débarquera dans le rôle de Maurice le bandit-barbier.

La deuxième saison s’annonce plus complexe, plus sombre, plus violente et plus grinçante que la première. Sans rien divulgâcher, le deuxième épisode se conclut sur une scène de hara-kiri avec Vivaldi en fond musical. Ça vous donne une idée du ton.

Et oui, vous reverrez la fameuse scène des quatre corps qui flottent dans une piscine de sang sans que personne n’explique l’origine du carnage. Indice : ces images dateraient de l’été 1976, soit un an plus tard que la saison actuelle, ce qui accorderait une troisième et dernière saison au scénariste François Létourneau pour boucler sa trilogie.

On lève ici notre verre de crème de menthe (verte, évidemment) à cette perspective réjouissante.