Le gala de l’ADISQ se tire souvent dans le pied de micro. Ses concepteurs « oublient » qu’il s’agit d’abord d’une émission de télé grand public et construisent leur cérémonie pour les gens de l’industrie et non pour les téléspectateurs à la maison.

Résultat ? On ouvre la fête de la musique québécoise avec un numéro fourre-tout, pointu et décousu, qui réunit la violoniste Angèle Dubeau, le slammeur David Goudreault, l’artiste autochtone Scott Pien-Picard, le musicien électronique CRi et la chanteuse pop Roxane Bruneau. Les spectateurs de la salle (distanciée) Wilfrid-Pelletier ne comprenaient pas trop le fouillis qui se déroulait sur scène. Nous non plus, dans nos salons.

La construction du 43e gala de l’ADISQ plutôt hermétique n’a pas facilité son accessibilité et la rétention de ses fans, mettons. On ne remet pas le Félix de l’album de musique instrumentale — en sachant que le gagnant Daniel Bélanger ne viendrait pas – suivi de celui du spectacle en ligne (Klô Pelgag), pour compléter le tour du chapeau avec l’artiste autochtone de 2021 (Anachnid).

On essaie d’intercaler des catégories plus populaires entre celles moins connues. C’est la base pour éviter l’exode. Surtout qu’en cette soirée électorale, les téléspectateurs zappaient furieusement.

Par exemple, juste inverser les prestations de Klô Pelgag et de Charlotte Cardin aurait été si simple pour accrocher le plus grand nombre possible de personnes dans la première demi-heure du gala. Mais non. On jurerait que les organisateurs de la cérémonie ont voulu se débarrasser des auditeurs de la radio commerciale pour se concentrer sur les mélomanes aguerris. Il faut en donner aux deux camps, ce que l’ADISQ n’assimile pas encore tout à fait, notamment dans la sélection des prix remis en ondes. Il y aurait matière à débat ici.

Heureusement, l’impeccable Louis-José Houde, qui pilotait son 16e gala de suite, quel exploit, a injecté une solide dose de rire et de pep à cette soirée terne dans son ensemble. Comme c’est plaisant de voir un maître de cérémonie s’amuser et mettre en valeur le talent des artisans avec un naturel désarmant. Tout a l’air si facile pour lui, c’est épatant.

Le monologue d’ouverture de l’humoriste, qui a heureusement rangé au placard sa coupe Longueuil, a été incisif et d’une précision chirurgicale. Louis-Jean Cormier le prof de catéchèse, les gags de sirène à Alex Nevsky, Vincent Vallières le quincaillier d’Acton Vale, la vague de dénonciations, Louis-José Houde a visé juste et n’a pas hésité à s’attaquer à des sujets délicats, avec la finesse et l’intelligence qu’on lui connaît.

Le timonier du gala a livré un solide numéro de stand-up, ce que Véronique Cloutier a (hélas !) retranché de son gala des Gémeaux en septembre.

Parmi les bons coups dimanche soir, il y a eu le dynamique numéro country, qui a rassemblé Irvin Blais, Léa Jarry, Guylaine Tanguay et Alex Burger. Joli mélange de générations et de visages familiers et moins connus. À son piano, Charlotte Cardin a été sublime, sans artifice, sans costume ou maquillage.

Côté remerciements, personne n’a tiré de larmes ou de rires francs dans la salle. Contrairement à la bonne élève Roxane Bruneau, Klô Pelgag, alias Chloé Pelletier-Gagnon, 31 ans, a looonguement empiété sur la musique signalant que son temps était écoulé. C’était confus et inutile.

Et entre vous et moi, attribuer 12 prix en près de 2 h 15 min de gala, c’est assez chiche. Plus de trophées, s’il vous plaît.

Pendant ce temps à Whistler

Quand la production d’Occupation double dans l’Ouest se résigne à catapulter le chanteur Claude Bégin dans le jeu (ainsi que le chien de Clodelle), ça sent légèrement le désespoir et les relents de Big Brother Célébrités, le plus gros succès de la chaîne Noovo.

L’ex-amoureux de Clodelle l’a déstabilisée, surprise ! La mannequin de 27 ans n’en pince pas pour Alex Yelle, 25 ans, elle aime encore son musicien d’Alaclair Ensemble qui, lui, a rompu avec la youtubeuse Lysandre Nadeau quelques mois après sa sortie du manoir de L’Île-Bizard. Suivez-vous toujours ? Pas grave. Ce n’est pas tant palpitant.

Les concepteurs d’OD se tuent à l’ouvrage — ils n’ont pas le choix — afin de disloquer les couples originaux, qui sont soudés à jamais, pour citer un grand succès de Nancy Dumais.

L’histoire des top 2, qui a meublé deux longues émissions quotidiennes, de même que le voyage de surf de Robin, 25 ans, et Marilou, 22 ans, les balles courbes frappent fort les célibataires, dont Alexandra, l’agente de bord de 27 ans qui a composé cet alexandrin urbain : « pu capable de cet estie de jeu de marde de câlisse-là ».

Puis, Alexandra a ajouté que « tout va bien qui finit bien », avant d’encore douter de sa relation. La pression exercée sur la paire Alexandra-Robin a finalement fonctionné. Robin le charpentier-menuisier a fendu et opté pour la mannequin Marilou, qui a eu la pensée la plus mature du groupe : « faut se calmer là, c’est un jeu ».

Jackson, 26 ans, est mêlé comme un jeu de cartes, le proverbial jeu de cartes d’OD que les concurrents se plaisent à brouiller ou à brasser. La possessive et négative Kathleen, 30 ans, qui a planté ses ongles manucurés dans les biceps du mal-intentionné Jackson, s’est auto-sacrifiée sur la table des délibérations. Et sans surprise, comme toutes les éliminations depuis le début de l’aventure montagnarde, Nicolas, 28 ans, a été évincé et ne pourra plus « enjoy » la good vibe de ses « boys », ce qui est très « wack », il faut se l’avouer.