Empilés dans de jolis distributeurs Pez, les bonbons roses de District 31 apaisent les angoisses et favorisent un sommeil sans hamster mental qui tourne dans sa roue comme un forcené.

L’adolescente anxieuse de 17 ans Béatrice Lacoursière a tellement avalé de ces comprimés colorés – sans prescription médicale, ne faites pas ça à la maison – que son corps a lâché dans le très bon feuilleton de Luc Dionne à Radio-Canada.

L’écrivain québécois Alain Farah, que j’adore, parle avec sensibilité des effets des anxiolytiques dans son excellent livre Mille secrets mille dangers, un des meilleurs romans québécois de l’année. Achetez-le, vous me remercierez plus tard.

Mais dans District 31, ce n’est ni le revendeur Cédric Doucet (William Lapierre) ni sa maîtresse de 18 ans, Alexane Lessard (Inès Defossé), qui auraient dû consommer ces benzos calmants. C’est notre pauvre Bruno Gagné (Michel Charette) qui devrait consulter un psychiatre, lui qui patauge dans le troisième sous-sol des bas-fonds de la dépression.

Pour les téléspectateurs, c’est confrontant de voir un adulte dégringoler et partir en vrille comme ce sergent-détective amoché. On voudrait que ça cesse, que son état s’améliore, que Bruno reprenne vite le dessus. Hélas, ça ne se produit pas toujours comme ça dans la « vraie vie ». La dépression, c’est long, longtemps, et District 31 la montre sans arrondir les angles.

Par contre, les réalisateurs du téléroman policier pourraient mettre la pédale douce sur les gros plans de bouteilles de cognac, de rhum, de bière ou de vodka que Bruno transvide dans le flacon de rince-bouche de sa trousse d’hygiène personnelle. Ça devient répétitif inutilement.

Par le comportement irritable, la solitude, le regard vitreux et les tremblements de Bruno Gagné, le téléspectateur comprend toute la détresse l’envahissant, qui repousse ses amis les plus proches. C’est bouleversant d’assister à son naufrage quotidien. On espère maintenant que son marasme ne se prolongera pas aussi longtemps que celui de Guylaine Tremblay dans Annie et ses hommes.

Une autre émission qui bénéficierait d’une cargaison de bonbons roses du bonheur ? Si on s’aimait à TVA. Trois des quatre couples de cette docuréalité – une passion personnelle qui ne veut pas mourir, désolé – se disloquent devant une Louise Sigouin qui perd elle-même contact avec son monde intérieur.

Commençons par Dominic, 33 ans, qui déteste les maillots de bain courts, et Audrey, 28 ans, incapable de laisser son conjoint cuisiner de simples nachos sans le picosser sur la répartition des ingrédients. Rien ne va plus entre ces deux-là, qui battent même le niveau d’inconfort de Marie-Ève et Jonathan de la première saison, dont le couple a explosé dans un nuage de maringouins au Cap Jaseux, rappelez-vous.

Le niveau d’ésotérisme d’Audrey la médium frôle celui du gourou Jean-Simon (Steve Gagnon) dans L’échappée. Telle une Jojo Savard de Verdun, Audrey lit les niveaux d’énergie des gens autour d’elle, ce qui irrite Dominic dans son pantalon trois-quarts à cordons blancs.

Côté mode et magasinage, Si on s’aimait prend une débarque cette année comme François sur une planche à pagaie. Audrey aime que ses copains suivent la mode, et Dominic, de son propre aveu, n’est pas « fancé, fancé ». La très tendance Audrey a été « déclenchée », et Dominic a demandé un temps d’arrêt après leur moment d’accalmie de petite sirène. C’est connu, sous l’océan, la vie est super, mieux que sur la terre.

Pour la première fois en trois saisons, Louise Sigouin a arbitré une chicane dans son bureau, et j’ai craint que le vase bleu transparent, qui apparaît dans presque tous les plans de Si on s’aimait, ne résiste pas à l’altercation. C’est étonnant qu’Audrey n’ait pas vu venir cette dispute dans sa super boule de cristal.

La golfeuse Marie-Denise, 63 ans, croyait qu’une virée dans une boutique de vêtements extirperait l’ex-militaire Tim, 66 ans, de sa lenteur légendaire teintée d’indifférence. Mais non. Tim manque de vigueur, il est nonchalant, et Marie-Denise lui a donné son quatre pour cent. Il était temps.

Il faut que Louise Sigouin accepte que Marie-Denise et Tim n’ont rien à s’apprendre. Ça ne clique juste pas entre eux et ça ne sert à rien de les enfermer dans un Wesfalia à Whistler, ils vont s’entretuer à coups de fer 3. Et Marie-Denise, la coiffeuse semi-retraitée, va tacher sa belle collection de couvre-chefs flyés. Personne ne veut ça.

Aussi, on ne peut pas dire que Marie-Denise n’a pas essayé de connecter avec le snowbird spirituel Tim. Elle a été encore plus patiente qu’Isabelle devant Rico, le professeur de salsa le plus gossant au nord de La Havane. Offrez-lui un bonbon rose tranquillisant, quelqu’un.

Parlant de la monotone Isabelle, 47 ans, c’est pénible d’assister à ses rendez-vous galants avec Jean-François, 42 ans. Peinturer un mur, vraiment ? Jouer au badminton dans une cour de banlieue ? Équeuter des fraises ? Bidule et Boule de poils, les deux rongeurs de JF, ont plus de personnalité que (insérez ici le nom du candidat le plus ennuyant entre Tim ou Isabelle).

Et c’est quoi, le truc avec les fraises maléfiques cette année à Si on s’aimait ? Il y a eu le crumble aux fraises très fade de Jean-François et Isabelle, la tarte aux fraises de la discorde entre Dominic et Audrey ainsi que les fraises pourries de Marie-Denise et Tim.

Message à François à Vicky : ne consommez pas de fraises devant les caméras, seigneur du bon Dieu. Votre couple, le seul qui tienne, ne survivrait pas à ce fruit plus amer que sucré, faut croire.