OK, OK, je vous le concède. Sur papier, la prémisse de l’excellente série Maid de Netflix est aussi hop la vie que la nouvelle chanson d’Adele (coup de blues garanti) ou qu’un samedi déprimant où il pleut à l’horizontale (coup de barre instantané).

Maid, offerte en français et en anglais, suit une jeune femme de 23 ans, mère séparée d’une fillette de presque 3 ans, qui survit de peine et de misère en travaillant comme femme de ménage. La propre mère de la protagoniste est complètement dysfonctionnelle et inadéquate.

En fait, personne autour de l’héroïne n’a les capacités de la sortir du trou, ni son père bizarre, ni son ex-conjoint violent, ni ses rares amis. Elle est seule au monde, pauvre, isolée, sans diplôme, sans ressource.

Wow, c’est pimpant comme émission. Renouvelez mon ordonnance d’antidépresseurs, ça presse, pensez-vous. Pas si vite. Inspirée de la vraie vie de l’auteure américaine Stephanie Land, Maid ne sombre pas dans le misérabilisme gratuit. Cette histoire touchante, racontée de façon quasi documentaire, déborde de vérité et d’authenticité. Vraiment, c’est à la fois dur, captivant et émouvant.

En pleine nuit, sans valise ni économies, Alex (touchante Margaret Qualley) fuit une relation malsaine avec le père de sa petite Maddy. Où passera-t-elle les prochains jours ? Aucune idée. Alex, qui rêve de devenir écrivaine, n’a pas un seul sou pour louer un mini-studio ou une chambre de motel et personne dans son entourage ne peut l’héberger.

Frappant à la porte de tous les organismes d’aide, Alex se cogne aux lacunes du système, qui échappe les plus vulnérables. L’humiliation de quêter un toit, de la nourriture de même que les montagnes de formulaires à remplir décourageraient n’importe qui.

Par exemple, pour obtenir un appartement subventionné par l’État, Alex doit montrer une preuve d’emploi, ce qu’elle n’a pas. Pour obtenir un emploi, elle doit trouver une gardienne, qu’elle n’a pas les moyens de se payer. Et pour se défendre en cour contre son ex-copain alcoolique qui veut obtenir la garde de Maddy, Alex doit embaucher un avocat, mais avec quel argent ? Il lui reste à peine 2 $ dans son compte chèques.

Le seul emploi qu’Alex réussit à dénicher, c’est au sein d’une entreprise de ménage, avec des conditions de travail hyper difficiles. Au moindre manquement, notamment quand sa puce tombe malade, la patronne d’Alex menace de la congédier. Alex vit un stress constant pour assurer le bien-être de sa petite Maddy.

Au troisième épisode sur un total de dix, on se demande s’il ne manquera pas de tuiles au plafond tellement elles s’abattent sans répit sur Alex. Cela nous fait réaliser à quel point le cycle de la pauvreté se brise difficilement.

PHOTO RICARDO HUBBS, FOURNIE PAR NETFLIX

Rylea Nevaeh Whittet (Maddy) et Margaret Qualley (Alex)

Vous vous doutez que le ciel s’éclaircira un jour pour Alex et sa fille Maddy, l’amour de sa vie. Jamais ça ne devient cucul ou quétaine. Ce qui est aussi formidable dans Maid, c’est que le duo mère-fille de la série est joué par un vrai duo mère-fille. L’interprète d’Alex, Margaret Qualley, a comme maman la formidable Andie MacDowell, qui joue sa mère Paula dans Maid. Paula est une artiste bohème, probablement bipolaire, qui habite dans une roulotte avec son amoureux plus jeune qu’elle. Les deux actrices y sont extraordinaires.

Bonus : le comédien québécois Théodore Pellerin s’immisce dans Maid à mi-parcours avec un petit rôle très intéressant.

PHOTO RICARDO HUBBS, FOURNIE PAR NETFLIX

Le comédien québécois Théodore Pellerin dans Maid

Le bec de la discorde

Qu’est-ce que Sabrina, l’étudiante en kinésiologie de 23 ans, a fait de si terrible pour se faire humilier autant par ses camarades montagnards d’Occupation double dans l’Ouest ? Elle a craché dans le verre de son commanditaire ? Elle a arraché une boucle d’oreille à Jay Du Temple ? Elle a formulé une phrase complète en français ?

Rien de tout ça. Lors d’un voyage à Terre-Neuve, Sabrina, en « couple » avec Frédérick, 24 ans, a donné un bec à Nicolas, 28 ans, le gestionnaire de bar qui, lui, était, en « couple » avec Audrey, 31 ans. C’est tout. Un baiser consentant entre deux adultes consentants qui participent à une téléréalité axée sur les rapprochements. Mettons qu’on est loin de la fois où Kaled n’a pas bougé avec Ann-Sophie, en 2013.

Mais Frédérick s’est senti trompé, incapable d’accepter ce geste qui va contre ses valeurs. Dans ce qui s’apparente à du « slut-shaming », Frédérick a jeté Sabrina au panier comme une vieille guenille. Coupable du même délit, Nicolas n’a pas encaissé de remarques aussi désobligeantes comme : « Sabrina, je trouve que tes valeurs sont placées à la mauvaise place », dixit Audrey, la frencheuse autoproclamée du groupe. Qui est-elle pour s’élever en autorité morale suprême ? Et d’où provient ce nouveau puritanisme ? Oui, je prends ça au sérieux, désolé.

Note aux célibataires : c’est à OD que vous participez. Pas à une retraite spirituelle sur l’approfondissement des liens sacrés du mariage. Gérez-vous.

C’est dommage que Patrice, le barbier de 23 ans, ait été évincé dimanche soir, car c’était le champion des citations alambiquées à OD. Voici ce qu’il a dit à propos de Jolie-Ann, avec qui il souhaitait parler de choses intenses — et pas juste de son « gloss ».

« Je veux rentrer dans des conversations plus creuses avec elle », a martelé Patrice avec toute la confiance de l’univers. Ah, Patrice. Merci pour toute cette profondeur, on va s’ennuyer.