« On veut aider de très grosses cafétérias et aires de restauration à faire une transition vers le 100 % réutilisable. » La mission de l’entreprise montréalaise Cano, bien qu’écologiquement et logistiquement ambitieuse, se résume assez simplement : zéro déchet.

Depuis 2018, Cano travaille à la conception d’un système de tasses et de contenants réutilisables faciles à emprunter et à retourner pour l’utilisateur, dans une optique de réduction des déchets causés par les emballages dans le secteur alimentaire – et ce, même si ceux-ci peuvent techniquement être recyclables ou compostables.

Récompense

Après des années de travail, la montréalaise entretient plus de 70 partenariats dans les grandes cafétérias des universités et des cégeps, ainsi qu’avec des foires alimentaires commerciales. Ce sont les partenaires et non les individus qui payent pour le service.

La plupart des universités et des établissements collégiaux ont essayé déjà une consigne. Après 10 emprunts, [les contenants] disparaissent.

Marco Gartenhaus, fondateur de Cano

Ainsi, dans ces endroits, les articles de vaisselle à usage unique traditionnels sont remplacés par les produits de Cano, dont chaque article est muni d’un code QR relié à une application mobile et gratuite permettant sa traçabilité. Les utilisateurs peuvent emprunter le contenant ou la tasse, puis reçoivent une récompense sous forme de points (pouvant être dépensés chez le partenaire) s’ils rapportent l’objet rapidement.

PHOTO CHARLES WILLIAM PELLETIER, COLLABORATION SPÉCIALE

Marco Gartenhaus, fondateur de Cano

M. Gartenheus, qui « trouve que les gestes écologiques au quotidien ont besoin de solutions faciles, accessibles et gratuites », considère notamment que le système de récompense permet de « changer les habitudes » et même de « créer une communauté écoresponsable ».

L’aspect économique entre lui aussi en ligne de compte. « Un emballage compostable, ça coûte de 25 à 50 cents. Un contentant réutilisable, ça peut être utilisé plus que 100 fois, donc le coût unitaire est beaucoup moins cher. On vise des économies de 50 à 75 % pour notre partenaire. »

Des chiffres encourageants

En février 2023, Cano s’est installée dans un premier campus universitaire canadien, celui de l’Université de Montréal. L’Université du Québec à Montréal, l’École de technologie supérieure, McGill et, plus récemment, Polytechnique Montréal ont emboîté le pas.

« On est aussi dans plusieurs cégeps, comme André-Grasset, De Maisonneuve, Saint-Laurent, dans les universités Lakehead et St-Lawrence en Ontario, on mène un projet pilote dans une université privée à Los Angeles et on est même en Colombie-Britannique, énumère Marco Gartenhaus. On collabore aussi avec 28 cafétérias comme la foire alimentaire de Place Ville Marie, où on prépare une expansion. »

PHOTO CHARLES WILLIAM PELLETIER, COLLABORATION SPÉCIALE

Au moment de publier ces lignes, Cano compte plus de 32 000 utilisateurs et a pu remplacer plus de 300 000 emballages à usage unique. Presque parfait, son taux de retour se situe à 99,6 %.

On aimerait que ce soit plus. Pour atteindre [la capacité maximale de] 1000 utilisations, chaque tranche de 0,1 % est importante. Ultimement, il faut que ce ne soit pas intéressant pour un utilisateur de garder la tasse.

Marco Gartenhaus, fondateur de Cano

À l’image du canot, moyen de transport qui « déplace des biens sans laisser de traces », la PME a pour objectif qu’on puisse fréquenter des foires alimentaires à plus grande échelle, mais sans générer trop de déchets.

« On a développé quelque chose de vraiment simple. Le moment où tu te rends compte que ça prend 30 secondes à télécharger, la plupart des usagers se disent... plus besoin d’apporter ma propre tasse. »

En savoir plus
  • 2,5 millions
    Depuis 2018, Cano a reçu des subventions en innovation avoisinant les 2,5 millions de dollars de la part de PME MTL, Filaction et Desjardins. Cela lui a permis de concevoir « localement » les tasses (Ottawa), les bacs de collecte (Rive-Sud) et l’application (Montréal) qu’elle utilise.
    Source : Cano