En 2013, la Banque de développement du Canada (BDC) a été la première entreprise au pays à recevoir la certification B Corp. Cette société de la Couronne a d’ailleurs pour mandat de promouvoir la certification auprès des entreprises. Et l’engouement est plus que palpable au Québec. Entretien avec Craig Ryan, directeur développement durable à la BDC.

Qu’est-ce qui a intéressé la BDC au point d’en faire la pionnière de la certification B Corp au Canada ?

La BDC se consacre exclusivement aux entreprises canadiennes. C’est notre raison légale. Lorsqu’on a découvert la certification B Corp, le calcul a été simple : si ça concerne les entreprises, ça nous concerne. C’est super novateur comme approche. Il s’agit d’un mouvement socioculturel d’entreprises qui redéfinit la réussite en affaires. Cette certification rejette la pensée de Milton Friedman [NDLR : Prix Nobel et défenseur du libéralisme] et du capitalisme. Les entreprises ne doivent pas juste faire des profits, mais créer une valeur plus large qui inclut la communauté et la planète. C’est un outil de développement stratégique qui va plus loin que le simple développement des affaires.

Vous dites que c’est au Québec que la certification connaît actuellement la plus forte croissance ?

Oui, et cela est encourageant, car la barrière de la langue a retardé l’arrivée de la B Corp au Québec. Tout était en anglais. Il y a actuellement 501 entreprises certifiées B Corp partout au Canada. Il y en a 126 au Québec, tout juste derrière la Colombie-Britannique (137) et l’Ontario (157).

B Corp est-elle une certification accessible à toutes les entreprises, y compris les PME, ou est-ce une affaire de gros sous, si l’on calcule les frais de certification et les frais annuels ?

Ça s’adresse à tout le monde. C’est l’effet miroir de notre économie, laquelle est composée majoritairement de PME. Oui, il faut investir du temps et des ressources pour être certifié. Les frais d’adhésion et annuels sont toutefois modestes. En 10 ans, je n’ai jamais senti que c’était un frein. D’ailleurs, il y a 40 fois plus d’utilisateurs du questionnaire de certification qu’il y a d’entreprises certifiées. Le questionnaire est un formidable outil de planification stratégique. Les questions s’ajustent à la taille et aux activités de l’entreprise. C’est comme du « open source » et c’est ça qui attire les entreprises. À l’interne, nous avons un terme pour désigner ceux qui utilisent les questionnaires, mais qui ne sont pas encore certifiés : ce sont les « B-corpish ».

Vous avez comme mandat de promouvoir cette certification auprès des entreprises canadiennes. Concrètement, que faites-vous pour les aider en ce sens ?

On ne fait aucun discours de vente. On fait de la sensibilisation et de l’accompagnement pratique. Chaque semaine, avec des équipes, on donne des ateliers aux entreprises pour leur expliquer le mouvement. On est présents partout au Canada, mais surtout en Colombie-Britannique, en Ontario et au Québec, les trois provinces où se trouve la plus forte concentration d’entreprises.