Quand on pense à la réduction de l’empreinte environnementale dans l’industrie aérospatiale, on pense souvent au carburant ou au moteur. Pourtant, même une firme de développement de logiciels d’avionique qui se lance dans l’écoresponsabilité génère des impacts positifs sur d’autres maillons de la chaîne d’approvisionnement.

La première cohorte d’entreprises du programme d’écoresponsabilité d’Aéro Montréal vient de s’achever. Et parmi ces 14 PME, on trouve bien d’autres firmes que celles qui manufacturent des pièces d’aéronef…

C3RiOS Systèmes n’a vu le jour qu’il y a à peine deux ans. Cette firme montréalaise de 36 personnes développe et certifie des logiciels qui composent les systèmes d’avionique, utilisés dans les postes de pilotage d’avions, d’hélicoptères et des futures solutions de mobilité aérienne.

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C3RiOS Systèmes développe et certifie des logiciels qui composent les systèmes d’avionique.

C’est qu’auparavant, le développement de ces logiciels était confié à de grandes sociétés. « L’arrivée des calculateurs sur des plateformes ouvertes a ouvert le marché », explique Jean-Philippe Fournier Gaudreau, directeur des technologies et des opérations de C3RiOS Systèmes.

Un an à peine après sa création, la PME faisait partie de la première cohorte d’entreprises qui ont suivi le programme d’écoresponsabilité d’Aéro Montréal.

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Jean-Philippe Fournier Gaudreau, directeur des technologies et des opérations de C3RiOS Systèmes

Nous étions conscients de l’impact de notre industrie sur l’environnement. Comme fournisseurs en avionique, nous voulions voir comment on pouvait minimiser notre propre impact.

Jean-Philippe Fournier Gaudreau, directeur des technologies et des opérations de C3RiOS Systèmes

Développer autrement

Après un diagnostic qui a conduit à dresser une feuille de route, C3RiOS Systèmes a mis en place des changements profonds dans ses activités. Désormais, l’entreprise conçoit l’architecture de ses logiciels de manière à pouvoir réutiliser aisément certaines portions. Cela réduit le nombre d’heures de développement, et donc l’énergie consommée sur place et dans le nuage. Et des fonctions différentes sont installées sur le même calculateur, afin de diminuer le nombre d’ordinateurs embarqués dans les postes de pilotage.

Aussi, la firme se penche désormais sur l’utilisation de l’intelligence artificielle. « Nous regardons comment incorporer un algorithme pour optimiser les plans de vol et réduire les consommations de carburant », précise M. Fournier Gaudreau. L’impact se situerait en dehors de l’entreprise, mais avec des réductions d’empreinte environnementale potentiellement considérables.

C3RiOS Systèmes en a fini avec le programme d’Aéro Montréal, mais les changements ne s’arrêteront pas là. Un comité a été créé en interne pour faire un suivi de l’empreinte environnementale et proposer de nouvelles améliorations à l’avenir.

Les retombées sont aussi économiques. « Ces changements nous permettront d’être plus compétitifs ensuite, souligne M. Fournier Gaudreau. C’est la bonne surprise ! » Sans compter que les clients potentiels abordent souvent la question environnementale lors des discussions préliminaires, relève-t-il.

Ce programme est essentiel pour s’assurer que la réalité des PME soit connectée avec les exigences des donneurs d’ordres, estime Mélanie Lussier, PDG d’Aéro Montréal, qui compte ouvrir l’initiative à 31 autres PME cette année.

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Mélanie Lussier, PDG d’Aéro Montréal

Le programme rembourse une partie du diagnostic établi par la firme montréalaise COESIO, soit 30 000 $. Les changements procurant les gains les plus rapides sont lancés d’abord, avec le financement d’une partie des améliorations, à hauteur de 75 % d’un maximum de 40 000 $. « Cela crée de nouvelles habitudes jusqu’à ce que l’organisation s’approprie la démarche », explique Mme Lussier.

Et c’est évidemment sur la somme de ces changements que compte le secteur aérospatial pour obtenir un impact global. « Si on veut faire une différence, chaque entreprise de l’industrie doit participer. Nous devons tous faire notre part », affirme Jean-Philippe Fournier Gaudreau.