Il est encore très loin, le jour où les avions qui vous emmèneront à Paris seront complètement électriques. Toutefois, l’équipe du projet de recherche EcoJet, de Bombardier, teste actuellement un prototype d’avion qui permettra de voyager de façon plus durable tout en allant possiblement un peu plus haut, un peu plus loin, un peu plus vite.

EcoJet est la plateforme de recherche de Bombardier qui vise à développer la technologie permettant de réduire les émissions des avions en combinant aérodynamique avancée et propulsion améliorée.

En mai dernier, l’entreprise québécoise a achevé la première phase d’essais en vol avec un modèle réduit d’avion à aile et fuselage intégrés. En termes simples, plutôt que de miser sur un fuselage (corps de l’avion) cylindrique au-dessous duquel s’accroche l’aile, le nouveau prototype harmonise la forme du fuselage avec celle des ailes.

Le résultat est une baisse de la consommation de carburant grâce à une augmentation de la portance (capacité des ailes à maintenir l’avion en vol) et une réduction de la traînée (friction de l’appareil avec l’air).

PHOTO CHARLES WILLIAM PELLETIER, COLLABORATION SPÉCIALE

Bombardier teste actuellement un prototype d’avion qui permettra de voyager de façon plus durable.

Selon Benoît Breault, directeur de recherche et technologie chez Bombardier, le nouveau design donne plus d’espace aux ailes comparativement au fuselage. « Les ailes sont extrêmement efficaces d’un point de vue aérodynamique et le fuselage est affreusement peu efficace ! La nouvelle forme propose donc moins de fuselage et plus d’ailes. »

L’impact de ce nouveau design est tel que le directeur de recherche et technologie parle d’une révolution pour Bombardier.

Cette nouvelle forme aérodynamique redéfinit complètement la science du vol telle qu’on la connaît depuis 30 ans. Nous sommes en ce moment en train d’écrire et de tester de nouvelles lois de contrôle.

Benoît Breault, directeur de la recherche et technologie chez Bombardier

En plus de l’aérodynamisme, Bombardier évalue l’énergie la mieux adaptée pour parvenir à une aviation efficace et responsable, incluant les propulsions hybrides, électriques, à combustion à hydrogène et à pile à hydrogène.

Toutefois, il est trop tôt pour déterminer celle qui remportera la course ou pour imaginer un avion sans carburant aujourd’hui. « Les batteries disponibles en ce moment ne peuvent pas fournir assez d’énergie pour le poids des avions et les distances à parcourir », explique Benoît Breault.

En parallèle, l’entreprise planche déjà sur un second appareil à fuselage intégré de taille deux fois plus importante.

D’une envergure d’environ cinq mètres de largeur au niveau des ailes, le nouvel avion permettra d’obtenir des données de vol encore plus précises et représentatives des conditions de vol réelles.

PHOTO CHARLES WILLIAM PELLETIER, COLLABORATION SPÉCIALE

Pour Benoît Breault, directeur de la recherche et technologie chez Bombardier, l’entreprise est littéralement en train d’écrire l’avenir des technologies aéronautiques

Par ailleurs, l’appareil n’a pas besoin de pilote. Cette nouveauté permet donc pour la première fois à Bombardier de tester ses algorithmes d’autonomie sur des fonctions de navigation automatique beaucoup plus poussées qui permettraient notamment de réduire la charge de travail dans le cockpit.

Par exemple, certains avions dans l’industrie utilisent actuellement des systèmes d’atterrissage certifiés automatiques, qui leur permettent de se poser tout seuls, mais n’ont pas la possibilité d’exécuter les décollages de façon autonome. Le nouveau modèle réduit permettra donc de tester ces procédures qui pourraient être envisagées dans l’aviation de demain.

Pour Benoît Breault, l’entreprise est littéralement en train d’écrire l’avenir des technologies aéronautiques : « Aujourd’hui, on ne peut opérer les avions de Bombardier qu’avec deux pilotes. Il existe un futur rapproché où l’avion sera beaucoup plus autonome et pourra être opéré avec un seul pilote. Et si on se projette dans un avenir beaucoup plus lointain, il y aura peut-être un jour des avions sans pilote. Nous nous permettons donc aujourd’hui de tester ces algorithmes. »