Le télétravail, qu’il soit à temps complet ou à mi-temps, ne facilite pas les relations au boulot, y compris le lien entre l’employé et le patron. Dans ce contexte, reconnaître et faire évoluer les talents est encore plus ardu. Trucs de pros.

« Tout est dans la reconnaissance », lance tout de go Jenny Ouellette, présidente et cofondatrice de BonBoss, une firme de management et de développement organisationnel.

Selon elle, reconnaître l’employé à sa juste valeur, pour ce qu’il apporte et ce qu’il est, demeure la meilleure astuce pour l’aider à progresser dans l’entreprise. « Cela motive l’employé, donne du sens à ce qu’il fait en plus d’être un facteur de protection pour sa santé mentale », dit-elle.

Encore faut-il savoir quel type de reconnaissance l’employé apprécie. Ainsi, des félicitations en public, par exemple en pleine réunion sur Zoom avec l’équipe entière, peuvent faire vivre une mauvaise expérience à l’employé visé… alors que l’intention derrière était bonne. « Le mieux, c’est de demander à l’employé quel type de reconnaissance il apprécie », explique Mme Ouellette.

L’attention portée de façon personnelle aux employés peut faire une énorme différence dans l’attraction et la rétention de personnel, croit Olivier Cuilleret, président et fondateur de Fauve, une PME montréalaise de stratégies en acquisition de talents. « Le gestionnaire doit voir l’employé comme un être global et reconnaître à la fois son savoir-faire et son savoir-être », souligne-t-il.

La considération et la reconnaissance sont primordiales, et cela est encore plus vrai depuis la pandémie, croit-il.

Avant, on pouvait être une personne au travail et une autre personne à la maison, chez soi, mais aujourd’hui, c’est différent. Le télétravail a changé cela, en quelques mois.

Olivier Cuilleret, président et fondateur de Fauve

Il est vrai que la frontière entre la vie personnelle et la vie professionnelle est plus floue, plus ténue. Et en ce sens, le gestionnaire a tout intérêt à tenir compte de la personne à part entière. « Le gestionnaire doit s’intéresser pour vrai à la personne, lui poser des questions, apprendre à la connaître… Ne pas la considérer seulement comme un employé, mais comme un être complet. »

Toutes les mesures qui favorisent la prise en charge des besoins des employés, et pas que ceux qui sont propres à l’entreprise, vont contribuer à la reconnaissance. Un exemple ? À la rentrée, la prise en charge de l’achat des effets scolaires pour les employés qui sont parents de jeunes enfants. Un autre exemple : chez Fauve, l’entreprise met un chalet à la disposition des employés. « Ils peuvent le louer jusqu’à 20 jours dans l’année », indique M. Cuilleret.

Lancer « beau travail » ne suffit pas pour souligner les bons coups, rappelle Jenny Ouellette. « L’employé doit comprendre pourquoi, quelle est la bonne pratique qui est soulignée, dit-elle. Pour cela, le gestionnaire doit donner la vision et les attentes, et il doit bien connaître les gens, leurs aspirations, leurs défis, leurs forces… »

Elle-même s’applique, au sein de BonBoss, à prendre au moins 10 minutes par jour pour jaser avec chaque membre de son équipe. « Et je m’assure que c’est un bon moment dans leur journée, selon leurs tâches et leur horaire. Ce n’est pas pour faire du micromanagement, c’est pour dire que je suis là, en support, je suis une ressource, un coach. On ne peut pas, comme gestionnaire, être là juste quand ça va mal », conclut-elle.