« Stratégie », un mot souvent associé aux grandes manœuvres. Mais qu’est-ce que c’est, au juste, en affaires ? C’est la direction que prendra une entreprise : où elle s’en va, pourquoi et comment elle y arrivera. Pour un dirigeant de PME toujours pris dans les opérations, prendre du temps pour penser à sa stratégie n’est pas évident, encore faut-il savoir comment s’y prendre. Conseils d’experts.

Penser court et moyen terme

Pour penser à l’avenir de l’entreprise, on a l’image de ces grands sages qui partent quelques jours en nature, loin du brouhaha quotidien, pour trouver les meilleures idées.

PHOTO DAVID BOILY, ARCHIVES LA PRESSE

Brian King, professeur à HEC Montréal spécialisé en gestion stratégique en contexte turbulent

« C’est certain que l’idéal est de se retirer un peu pour pouvoir penser à l’avenir et essayer de se faire un plan qui a du sens en regardant ses défis actuels et son environnement d’affaires », indique Brian King, professeur à HEC Montréal spécialisé en gestion stratégique en contexte turbulent. Mais, la pire chose à faire serait de s’en tenir à cela, aux yeux de Philippe Dancause, associé directeur du Groupe Dancause, conseillers en stratégie d’affaires. « Le monde change rapidement maintenant, alors la majorité des PME fait un plan stratégique sur trois ans afin d’avoir le temps de réaliser des changements profonds, comme une transformation numérique ou une acquisition et une intégration d’entreprise, explique-t-il. Puis, il faut réajuster le tout en faisant une planification annuelle et des suivis environ toutes les six à huit semaines pour s’assurer que les choses avancent malgré les urgences du quotidien. C’est vraiment un processus continu. »

Du micro et du macro

Lorsqu’on décide de sa stratégie, Brian King affirme qu’elle devrait avoir du sens autant si on la regarde de façon micro, donc en regardant directement les actions de l’entreprise, que macro, donc en regardant plus largement le contexte économique. « Par exemple, dit-il, si on veut augmenter les ventes de l’organisation, de façon micro, on regarde combien de vendeurs de plus sont nécessaires, puis de combien il faut augmenter sa capacité de production et la campagne de marketing qu’il faut mettre en place pour atteindre plus d’acheteurs potentiels. Mais, cela ne sera probablement pas réaliste si, du côté macro, on est en récession et que, contrairement à soi, ses principaux compétiteurs viennent de recevoir beaucoup de financement. »

Clarté collective

Pour réaliser des changements, la tête dirigeante d’une PME a avantage à consulter ses équipes et à bien communiquer avec elles pour faciliter le processus.

PHOTO JACQUES BOISSINOT, COLLABORATION SPÉCIALE

Philippe Dancause, associé directeur du Groupe Dancause, conseillers en stratégie d’affaires

« Généralement, pour accompagner une PME dans son processus stratégique, nous travaillons avec l’équipe de direction et avec les personnes en dessous qui coordonnent les équipes, indique Philippe Dancause. Donc pour une organisation de disons 250 personnes, on travaillera avec environ 50. » Il précise que la mise en œuvre de la stratégie comprendra aussi des présentations à tous les employés. « Ils doivent comprendre ce qui change dans l’environnement externe, comment la clientèle évolue, ce que font les concurrents, ce que l’organisation entreprend comme changement, pourquoi et comment, explique le consultant. Il est recommandé de faire cela en amont pour qu’il y ait une clarté collective : tout le monde doit être convaincu de l’importance de réaliser ce changement. »

Puisque réaliser une planification stratégique sort des activités quotidiennes des organisations, Brian King remarque que plusieurs se tournent vers des consultants. « Ils font ça au quotidien, ils ont leurs outils et avoir quelqu’un de l’extérieur impose une discipline, précise-t-il. Cela évite de se laisser aller. »