Arrivée du Kirghizstan il y a six ans, Maria Antonyan vient de terminer un diplôme d’études professionnelles (DEP) en mode et confection de vêtements sur mesure. Elle est heureuse de s’être tout de suite trouvé un emploi chez un grossiste de vêtements. Or, à 41 ans, elle réalise qu’elle a peu d’économies et qu’elle doit préparer sa retraite.

Maria Antonyan a tout de même commencé à épargner pendant ses études même si ses revenus étaient modestes grâce au soutien de son conjoint. Ainsi, elle a mis en place un plan de versements automatiques pour l’épargne. « J’ai commencé avec 50 $ par mois, puis lorsque j’ai commencé à travailler dans mon domaine, j’ai augmenté à 100 $ par mois et j’envisage maintenant d’augmenter à 150 $ », dit-elle.

Aux yeux de Simon Préfontaine, planificateur financier chez Lafond Services Financiers, c’est déjà excellent qu’elle ait commencé à épargner. « Je l’encourage à augmenter son épargne annuelle, selon sa capacité, parce qu’elle a tout de même plusieurs années devant elle et avec les intérêts composés – les intérêts sur le capital et les intérêts qui sont réinvestis – sur 20 ans, cela fera une différence », indique-t-il.

Il précise que si Maria Antonyan investit 10 000 $ à 5 % d’intérêt, elle aura 27 126 $ au bout de 20 ans, mais si elle investit plutôt 15 000 $, elle aura 41 100 $.

Investir dans des placements appropriés

Maria Antonyan a ouvert un compte de régime enregistré d’épargne-retraite (REER) dans une institution financière, mais elle n’a pas encore choisi dans quels types de placements investir ses économies.

PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, ARCHIVES LA PRESSE

Rapidement, il est important qu’elle établisse sa tolérance au risque et qu’elle choisisse des placements en conséquence. Comme elle a du rattrapage à faire, je lui recommanderais d’investir à la limite de sa tolérance au risque, sans que cela l’empêche de dormir, pour maximiser son rendement.

Simon Préfontaine, planificateur financier chez Lafond Services Financiers

Même si le plus important est que Maria Antonyan ait commencé à épargner, le planificateur financier souligne qu’un des gros avantages du REER est que ses cotisations viennent réduire son revenu annuel imposable, donc son impôt à payer.

« Le REER est particulièrement intéressant les années où le taux d’imposition est élevé. Ainsi, en début de carrière, si on prévoit une bonne augmentation de salaire dans les prochaines années, il pourrait être bien de commencer à épargner dans un compte d’épargne libre d’impôt [CELI], par exemple, et une fois que son salaire a augmenté, transférer le tout dans son REER pour réduire au maximum son revenu imposable », affirme Simon Préfontaine.

Il donne l’exemple d’une personne qui gagne 48 000 $ et obtient une augmentation de salaire qui lui permet d’atteindre 55 000 $. « Avec la table d’imposition de 2023, cela signifie qu’elle verrait son taux d’imposition passer de 27,53 % à 37,12 %, soit une augmentation de presque 10 % », illustre-t-il.

Immigration, RRQ et pension de la Sécurité de la vieillesse

Alors que Maria Antonyan savait qu’elle avait du rattrapage à faire pour épargner pour sa retraite, son inquiétude s’est accrue récemment lorsqu’elle a réalisé qu’elle ne recevrait qu’une partie du soutien gouvernemental à la retraite. En effet, sa période de cotisation au Régime de rentes du Québec (RRQ) aurait commencé le mois suivant son 18e anniversaire si elle avait été au Québec.

« Comme le calcul de la rente du RRQ est basé sur son niveau de cotisation, celle de Maria sera beaucoup plus modeste que si elle avait été au Québec à 18 ans, explique Simon Préfontaine. Elle aura aussi un peu moins pour sa pension de la Sécurité de la vieillesse qui est versée en totalité lorsqu’on a résidé au Canada au moins 40 ans après l’âge de 18 ans. »

La pension de la Sécurité de la vieillesse est versée en partie lorsqu’on a résidé au Canada au moins 10 ans depuis l’âge de 18 ans.

« Comme Maria est arrivée au Canada à 35 ans, elle aura été au pays 31 ans au lieu de 40 entre 18 et 65 ans inclusivement, donc elle recevra le pourcentage équivalent de la rente maximale, soit un peu plus de 77 % », précise Simon Préfontaine.

Il évalue que c’est une raison de plus pour prendre rendez-vous avec un planificateur financier afin de faire un plan de retraite.

« Ainsi, Maria pourra voir combien elle a besoin pour sa retraite, pour quand et comment ajuster son épargne et ses types de placement en conséquence, indique Simon Préfontaine. En plus, alors que les marchés sont bas, c’est le temps d’investir ! »