Lorsqu’il est question d’épargne-retraite, l’être aimé peut vous faire économiser. Si vous êtes en couple, le REER de conjoint peut vous permettre d’économiser davantage d’impôts que le REER traditionnel. Attention, toutefois, car certaines précautions s’imposent et certaines règles se posent. Survol.

Comment ça fonctionne ?

Le REER de conjoint est tout simplement un régime enregistré d’épargne-retraite dans lequel un conjoint verse des cotisations, explique Raffaele Nardi, planificateur financier chez Gestion de Patrimoine R. Nardi et représentant en épargne collective chez Investia. L’avantage est le même qu’un REER traditionnel, c’est-à-dire que les cotisations permettent de réduire le revenu imposable. Sauf que le REER de conjoint est plus avantageux puisqu’il permet à la personne ayant le revenu le plus élevé de contribuer au REER de celle ayant le revenu le plus faible. « Cela permet d’équilibrer les REER des deux conjoints pour que les retraits futurs ne soient pas tous faits par un seul des deux conjoints, dit Raffaele Nardi. Il se retrouverait alors à payer beaucoup plus d’impôt. »

Les petits caractères

De façon générale, les règles entourant le REER de conjoint sont très semblables à celles qui encadrent le REER traditionnel. La date limite pour contribuer, par exemple, est cette année le 1er mars 2023 dans les deux cas. En ce qui a trait à l’âge limite, toutefois, il faut noter une subtilité : vous pouvez cotiser au REER de votre conjoint jusqu’à ce que ce dernier ait atteint l’âge de 71 ans, alors que pour que votre propre REER, l’âge limite – toujours de 71 ans – est le vôtre. « Quant aux cotisations, celles que vous effectuez au nom de votre conjoint ne diminuent pas son plafond, explique Raffaele Nardi. Elles réduisent plutôt le vôtre. »

Qui peut en profiter davantage

Le REER de conjoint est avantageux, mais pas autant pour tout le monde. Un grand nombre de facteurs entrent en ligne de compte, comme l’âge et les revenus. Mais de façon générale, le REER de conjoint est avantageux pour les couples dans lesquels un conjoint gagne nettement plus que l’autre, ou quand il y a un grand écart entre les sommes accumulées en REER pour chacun des conjoints. « Ainsi, le conjoint ayant un revenu supérieur aura avantage à contribuer au REER de son conjoint pour avoir lui-même une déduction d’impôt supérieure », note Raffaele Nardi.

La règle des trois ans

PHOTO OLIVIER PONTBRIAND, ARCHIVES LA PRESSE

Boyan Ivanov, spécialiste en placement et planificateur financier pour Banque Scotia Gestion de patrimoine

Pour profiter pleinement des avantages du REER de conjoint, il faut faire preuve de patience – en petite dose. Car si votre conjoint retire les sommes que vous avez versées dans son REER dans les trois années suivant le dépôt, le montant du retrait sera ajouté à votre revenu imposable, explique Boyan Ivanov, spécialiste en placement et planificateur financier pour Banque Scotia Gestion de patrimoine mondiale. « Pour que le retrait soit imposé sur les épaules de votre conjoint, ce qui est véritablement l’avantage du REER de conjoint, il faut passer trois fois le 31 décembre. »

Conjoints de fait, attention

Comme son nom l’indique, le REER de conjoint n’est pas offert seulement aux couples mariés : les couples en union de fait peuvent aussi en profiter. Attention, toutefois, certaines précautions s’imposent, note Boyan Ivanov. « Si vous êtes conjoints de fait, l’argent au REER des conjoints n’est pas dans le pot commun d’un patrimoine familial, dit-il. Vos contributions au REER de conjoint vous permettront donc, en l’occurrence d’une séparation, de garder l’économie d’impôts, mais pas la somme cotisée. » La solution ? « Si vous voulez profiter du REER de conjoint, je vous recommande fortement de faire rédiger un contrat de vie commune ! »