Le recyclage n’est pas sans impact sur l’environnement. Une petite entreprise de Baie-Comeau a trouvé une recette pour en faire sans pertes et sans émissions.

L’idée

Une aluminerie qui s’installe chez vous, ça peut changer votre vie. C’est ce qui est arrivé à Thérèse et Marc Lefebvre, de Baie-Comeau, qui ont répondu aux besoins de l’entreprise connue alors comme la Société de métaux Reynolds pour des services de manutention et d’entreposage.

Vingt ans et deux agrandissements plus tard, l’entreprise familiale s’est métamorphosée. Sous un nouveau nom, Lefebvre Industri-AL, elle est maintenant spécialisée dans le recyclage de l’aluminium produit par l’usine devenue propriété d’Alcoa en 2000. Les deux fondateurs ne sont pas loin, mais c’est leur fille Johanne Lefebvre qui est maintenant à sa tête.

Celle qui a étudié les communications et la politique à Montréal donnait un coup de main dans l’entreprise familiale pendant l’été. Elle est finalement revenue pour de bon.

Le produit

L’usine d’Alcoa à Baie-Comeau fabrique des plaques de laminage de différents alliages, selon les spécifications de ses clients. Les résidus de cette production sont recyclés et retournés dans le processus de production.

PHOTO FOURNIE PAR LEFEBVRE INDUSTRI-AL

Le fondateur de Lefebvre Industri-AL, Marc Lefebvre, et sa fille Johanne lors d’un événement de l’industrie de l’aluminium en Allemagne.

Le processus de recyclage n’est pas nouveau, explique Johanne Lefebvre, mais jusqu’à tout récemment, il avait des limites. De l’énergie fossile servait à la refonte et des gaz à effet de serre étaient émis dans le processus. Surtout, il ne pouvait extraire que 55 % de l’aluminium. Le reste, composé en grande partie de matières dangereuses, était acheminé à l’enfouissement.

Lefebvre Industri-AL a réfléchi à des façons de faire mieux. L’entreprise a mis au point une recette unique (et protégée) pour récupérer 100 % de l’aluminium contenu dans les résidus et tous les autres métaux qui entrent dans la composition des alliages qui peuvent être réutilisés.

Le tout se fait sans aucune émission de gaz à effet de serre, ce qui est sans contredit le principal atout de la petite entreprise auprès de son important client.

« On a démarré ça en pleine pandémie, se rappelle la PDG. On a eu le vent dans la face et ça a pris toutes nos économies. »

L’utilisation d’équipements électriques plutôt que de fours qui brûlent des énergies fossiles fait une grande partie du travail, reconnaît Johanne Lefebvre, mais les nouvelles façons de faire font toute la différence. L’entreprise est particulièrement fière de ce qu’elle a pu réaliser elle-même, avec ses propres moyens financiers et des employés précieux formés sur place.

L’avenir

C’est souvent risqué pour une petite entreprise de dépendre d’un seul client. Dans le cas de Lefebvre Industri-AL, ça pourrait bien être un avantage. Partout, les producteurs aluminium, qui sont de gros consommateurs d’énergie, cherchent par tous les moyens à réduire leur empreinte environnementale. Le recyclage est une avenue intéressante pour eux, et le recyclage sans émission de GES encore davantage.

Les portes de ce petit monde commencent à s’ouvrir à la PME de Baie-Comeau. L’entreprise est invitée dans des évènements internationaux organisés par l’industrie et des clients européens s’intéressent à sa technologie.

Le moment des grandes décisions approche, dit Johanne Lefebvre. Des partenaires financiers seront nécessaires pour poursuivre l’expansion.

« Il faut grossir l’équipe. On ne peut plus tout faire nous-mêmes, dit-elle. Il y aura des choix à faire. »

Consultez le site de Lefebvre Industri-AL