Un peu plus, et Upbrella faisait la couverture de Paris Match.

« Une première mondiale », titrait La Gazette de Monaco, le 7 juin dernier.

La construction de la Villa Carmelha, une tour de 25 logements à la structure de bois, « s’impose comme une véritable prouesse technique grâce au recours du procédé canadien Upbrella », lisait-on.

Un procédé québécois, plus exactement.

L’entrepreneur monégasque a appelé la petite firme de Boucherville à la rescousse pour protéger l’édifice pendant sa construction.

Upbrella a inventé un système qui permet d’ériger un bâtiment à l’abri des intempéries… et des regards. Le procédé consiste à construire d’abord le toit, à l’entourer d’une enveloppe protectrice et à élever cette calotte avec une série d’énormes vérins, à mesure qu’un étage est construit sous sa protection. Nul besoin de grues.

La technologie Upbrella a connu sa première application en 2015 dans l’érection d’un immeuble à usage mixte de 10 étages, le Rubic, situé au 1115, boulevard René-Lévesque Est à Montréal.

En 2019, le système a trouvé un nouvel usage avec l’ajout de six étages supplémentaires aux 17 que comptait l’hôtel Le Germain Montréal.

Un troisième type d’application est en cours au 600, rue De La Gauchetière Ouest, pour la réfection de la façade du vaste édifice au revêtement métallique. Enserré sur la tour, un anneau protecteur – un abri périphérique, dit l’entreprise – s’élève peu à peu, couvrant deux étages à la fois et permettant aux travailleurs de rester à l’abri.

« On protège le bâtiment, on protège les travailleurs, on protège les voisins, on protège la rue, décrit Joey Larouche, cofondateur et président d’Upbrella International. On commence à utiliser de plus en plus l’expression “construction furtive”. Quand les gens ne remarquent pas que c’est un chantier, pour nous, c’est une démonstration de réussite. »

Cette furtivité a l’inconvénient de ne pas publiciser le nom de la firme. Ce qui n’a pas empêché une entreprise monégasque de la remarquer.

« C’est exactement ce dont on a besoin ! »

« On était à ce moment-là en train de faire le projet de l’hôtel Germain, raconte Joey Larouche. Le gouvernement de Monaco venait de passer à travers l’épisode assez difficile d’une grue qui était tombée sur son territoire. »

L’effondrement, qui avait fait un blessé et beaucoup de bruit, était survenu en mai 2019, alors que la principauté venait de lancer un appel d’offres pour la construction d’un projet de logements sociaux. Le gouvernement a demandé que les soumissionnaires ajoutent à leur proposition une méthode de construction qui réduirait les nuisances visuelles et sonores et accroîtrait la sécurité.

« Simonin, un manufacturier de structures de bois, a communiqué avec nous après nous avoir trouvés sur Google et YouTube, où on avait affiché des vidéos de notre projet en cours sur l’hôtel Germain, poursuit Joey Larouche. Ils ont dit : “Mon Dieu, c’est exactement ce dont on a besoin.” »

Le groupement formé d’EMC et de Simonin SAS a ajouté la technologie Upbrella à sa proposition, un apport d’autant plus bénéfique que les structures en bois doivent être protégées des intempéries durant leur érection.

« Immédiatement, la principauté a demandé à avoir une présentation, relate Joey Larouche. Je suis allé à Monaco en juillet 2019, et au mois d’août 2019, les médias confirmaient déjà que la principauté avait l’intention d’utiliser un système de construction abritée qui venait du Québec. »

Upbrella a été impliquée dès l’excavation et la coulée des fondations – une première pour l’entreprise québécoise.

« Au moment où on a déployé la solution pour abriter les fondations, on était en pleine COVID, informe Jacques Gauthier, responsable du développement des affaires chez Upbrella. On ne pouvait pas aller sur le chantier, on ne pouvait pas voyager. On a donc fait l’ingénierie à partir d’ici. On s’est trouvé un partenaire à Rennes, devenu depuis un partenaire Upbrella, qui a été capable de fabriquer et d’installer l’équipement pour nous. Tout s’est fait sur Teams et Zoom. »

En décembre 2022, ils ont ajouté à ce sarcophage protecteur des systèmes de levage et de manutention – dont un véritable pont roulant – pour fabriquer chacun des étages. Chaque plancher est assemblé à hauteur d’homme, puis est hissé sur ses colonnes et ses piliers. L’enveloppe extérieure de l’étage est ensuite fermée. L’abri est alors haussé d’un étage, et un nouveau plancher est assemblé sur celui qui vient d’être mis en place. La première levée a été effectuée en mars 2023 et la dernière se fera à la fin de septembre.

Party de famille et méchouis

Upbrella est en quelque sorte la filiale technique de 3L Innogénie, une entreprise de développement de produits brevetés exportables dans le secteur de la construction.

3L, comme trois Larouche.

L’entreprise a été fondée par Joey Larouche, son cousin Justin, ingénieur, et son père Gilles, designer industriel et chargé de projet en construction. « Dans les partys de famille, il nous parlait de tous les inconvénients de travailler dehors », explique Joey Larouche.

C’est justement lors d’un méchoui familial qu’est née l’idée d’ériger un édifice en hauteur comme si on travaillait toujours au rez-de-chaussée.

« On ne cherche pas nécessairement à être moins cher, commente Joey Larouche. On cherche surtout à apporter plus de sécurité, moins d’inconvénients dans les milieux urbains, plus d’efficacité, plus de durabilité. Et on commence à travailler aussi à l’adaptation de nos solutions pour la déconstruction. »

Jusqu’à présent, Upbrella a réalisé quatre projets et en a mis trois autres en chantier, dont un projet d’installation de façade sans grue et sans occupation d’espace public, à Nashville, aux États-Unis.

« C’est un petit projet, mais le donneur d’ordre est le septième groupe de construction aux États-Unis, souligne Jacques Gauthier. On croit que ça va déboucher sur d’autres grands projets. »

Upbrella, qui ne compte que 10 employés, travaille avec un réseau de sous-traitants et de partenaires pour la fabrication des vérins, des éléments structuraux de ses abris, des appareils de contrôle et de l’équipement de manutention.

L’entreprise est soutenue par Investissement Québec pour son financement et sa commercialisation hors Québec.

« Nos défis des prochains mois et des prochaines années, ça va être de créer des filiales à l’étranger et d’avoir tout le soutien financier nécessaire pour pouvoir les déployer », soulève Joey Larouche.

Heureusement, Upbrella est spécialisée dans le déploiement.

PHOTO MARTIN TREMBLAY, ARCHIVES LA PRESSE

Les incendies de forêt ne sont sans doute pas étrangers aux pertes d’emplois dans les PME canadiennes.

Les incendies ont soufflé sur les braises du chômage

Une flambée du chômage, en quelque sorte. Les incendies de forêt ne sont sans doute pas étrangers aux pertes d’emplois dans les PME canadiennes. Le taux de chômage des petites entreprises a augmenté de 0,2 % en juin, atteignant 5,4 %, le niveau le plus élevé depuis 2022. Un chercheur très allumé, Ufuk Akcigit, professeur d’économie à l’Université de Chicago, estime que les incendies ont eu des effets indirects sur l’emploi. Les secteurs de l’agriculture, de la foresterie, de la pêche, des mines, des carrières, du pétrole et du gaz, qui enregistrent la baisse d’emploi la plus importante, ont notamment souffert des grands incendies de mai et juin. Les incendies de forêt ont entraîné un resserrement du crédit, rendant l’accès au capital plus difficile pour les petites entreprises, observe-t-il. Malgré tout, le Québec ne se tire pas trop mal d’affaire : il a enregistré la baisse la plus faible de l’emploi au pays dans les petites entreprises en juillet, soit 0,43 %, selon le rapport sur les petites entreprises d’Intuit QuickBooks.

De l’aide pour les PME touristiques

Dur été : il pleut ou ça flambe. Il s’agit d’aider les petites entreprises touristiques à surnager. Ou à tirer les marrons du feu. La ministre du Tourisme, Caroline Proulx, a annoncé le lancement du troisième appel de projets du Programme d’aide à la relance de l’industrie touristique (PARIT). Les projets soumis doivent être en lien avec l’accès à la nature, le tourisme autochtone, le tourisme hivernal ou le tourisme gourmand et l’agrotourisme. De surcroît, ils doivent être innovants et se distinguer de la concurrence, notamment en proposant un produit haut de gamme, et contribuer à prolonger la saison touristique. Parmi les projets soutenus dans le passé dans le cadre de ce programme, notons l’aide de 2,9 millions de dollars pour la création du parcours immersif et multimédia Onhwa’Lumina, dans la communauté huronne-wendate de Wendake. Les candidats peuvent soumettre leur demande sur le portail Aide financière du ministère du Tourisme (https://aidefinanciere.tourisme.gouv.qc.ca/), du 27 septembre au 25 octobre 2023.

Visitez le site de l’Aide financière du ministère du Tourisme

Entreprises en environnement, un environnement difficile pour les femmes ?

Travailleraient-elles dans un environnement néfaste à leurs ambitions ? En 2021, les femmes n’occupaient que 37 % des emplois dans le secteur de l’environnement au Québec. C’est l’une des conclusions du Portrait des femmes qui exercent un métier ou une profession en environnement, une étude commandée par EnviroCompétences, le comité sectoriel de main-d’œuvre de l’environnement. Pilotée par le Groupe AGÉCO, l’étude avait comme principal objectif d’identifier des pistes de solution pour intéresser, attirer et fidéliser davantage de femmes dans les divers secteurs de l’environnement. Réalisée auprès d’un peu moins de 500 répondantes, elle révèle que le salaire horaire des femmes est inférieur dans la plupart des corps de métier, bien qu’elles aient une plus forte propension à détenir des diplômes universitaires que les hommes qui occupent les mêmes postes. Il y a tout de même un léger progrès : on observe un peu plus de 60 % de prédominance masculine en 2021, alors qu’elle avoisinait 70 % en 2016. Néanmoins, environ 40 % des femmes sondées ont encore l’impression d’être freinées dans leur progression vers des postes décisionnels. EnviroCompétences représente plus de 70 000 travailleurs et professionnels de l’environnement et plus de 10 000 employeurs gravitant autour de l’environnement.

3 millions

La Ville de Montréal ajoute 3 millions supplémentaires au programme Accélérer l’investissement durable – Économie sociale, qui offre aux entreprises d’économie sociale une aide financière afin d’acquérir, de construire, de rénover ou d’agrandir les bâtiments qui leur permettent d’offrir leurs services dans leur communauté.