La possibilité de voir le Québec se relancer dans l’énergie nucléaire a suscité beaucoup de réactions chez nos lecteurs, tant réjouies que choquées. En voici quelques-unes.

Je pense que les besoins futurs en électricité imposent en effet d’explorer cette filière. Cependant, j’espère que nos dirigeants se pencheront aussi sur l’exploration de la filière que l’on pourrait appeler « l’autonomie de chaque consommateur », où on encouragerait l’installation de panneaux solaires et d’accumulateurs pour chaque résidence à grand renfort de subventions ou de crédits d’impôt. Non seulement cette avenue serait bénéfique pour les citoyens, mais cela leur permettait aussi de vendre leur surplus à Hydro, et ainsi chaque effort individuel appuierait la transition énergétique.

Luc Morin

Matière à discussion

Pierre-Olivier Pineau a déjà parlé d’« ébriété énergétique » au Québec. En nous approchant vite de la consommation moyenne des Français, aurions-nous encore besoin de nouveaux barrages tout comme de la remise en opération d’une centrale nucléaire ? Peut-on rester en état d’ébriété et se prononcer contre le nucléaire ? Il y a matière à éducation et à discussion. Un gars comme Francis Vailles mérite d’être amené sur ce terrain.

Gaétan Roy

Non

Selon moi, il est totalement irresponsable de relancer cette centrale, ou toute autre d’ailleurs, puisqu’elles ne sont pas sans danger, nous avons vu au Japon ce que cela peut faire. Avec les changements climatiques, qui peut nous garantir que rien ne peut nous arriver de semblable ? Et ensuite, que ferons-nous de tous ces déchets radioactifs ? Nous polluerons encore un autre secteur. Alors, ma réponse à moi est non, jamais nous ne devons retourner vers cette source d’énergie.

Lise Drouin

Les députés locaux jouent leur siège

Les députés de la CAQ en Mauricie–Centre-du-Québec devraient faire pression pour oublier ce projet parce que sinon, aux prochaines élections provinciales, elles et ils devront se trouver un nouvel emploi. On s’est débarrassé du nucléaire dans la région avec tous ses inconvénients reliés aux mesures d’urgence (en cas d’accident, la zone à protéger remonte jusqu’à La Tuque), et on peut parler aussi de l’information à donner à la population sur les capsules d’iode, etc.

Marc Brosseau

Un seul réacteur...

Je crois que le fait que l’on n’ait qu’une seule centrale rend le coût de la filière prohibitif. Cette centrale requiert un personnel beaucoup trop nombreux pour la puissance générée.

Je crois qu’au mieux, on devrait démanteler l’équipement existant et possiblement réutiliser les enceintes des réacteurs de Gentilly-1 et 2 pour y installer des réacteurs de nouvelle génération de plus petite puissance tels que ce qui est en construction en Ontario.

La centrale existante n’a qu’un seul réacteur et un seul groupe turbine-alternateur… Cela la rend susceptible d’un arrêt de production complet en cas de défaillance d’un seul équipement.

Jacques Bérubé

Bon plan B

Très bonne idée. En affaires, il faut toujours avoir un plan B et M. Sabia est bien placé pour le savoir. Le Québec a encore un bon potentiel pour développer de grands projets de réservoirs et de centrales hydroélectriques, mais Hydro-Québec devra négocier avec des partenaires exigeants, les nations autochtones et Terre-Neuve-et-Labrador. Il est donc important de leur montrer que des alternatives existent pour obtenir les 100 TWh requis au cours des 30 prochaines années. De plus, l’énergie nucléaire ne produit pas de GES. C’est le choix technologique fait par l’Ontario et la France, entre autres.

Pierre-R. Tremblay 

Inefficacité

Hydro-Québec a vendu de l’électricité au rabais aux Américains et maintenant elle veut rouvrir cette centrale en nous faisant croire que nos besoins augmenteront ? Bravo pour l’inefficacité énergétique de cette entreprise qui n’a pas entretenu correctement ses lignes et encore moins tenu compte des études la concernant. Il serait opportun que cette entreprise révise ses façons de faire.

Noémie Rouleau

Des éoliennes à la place

Je demeure à Bécancour. Je n’en veux pas. Toute la population était joyeuse à l’annonce de la fermeture. Ce n’est plus dans les projets du Québec depuis longtemps. J’aimerais mieux des dizaines d’éoliennes que du nucléaire.

André Lapierre

Insensé et irresponsable

Je suis ingénieur nucléaire, ancien travailleur et gestionnaire de la centrale nucléaire de Gentilly-2 pendant plus de 20 ans. Rénover et relancer la centrale G2 en 2023 serait une folie insensée et irresponsable. Cette centrale conçue avec une technologie des années 1960-1970 est vieille et en plein démantèlement. Les coûts seraient astronomiques (4 milliards en 2012) et la fiabilité de l’exploitation, douteuse. Aucun expert sérieux ne peut recommander de relancer cette centrale, quels que soient les travaux de rénovation à réaliser.

Relancer le nucléaire au Québec ? Impensable étant donné que l’acceptabilité sociale du nucléaire au Québec est nulle, ou quasi nulle. Le dernier clou de cette filière énergétique a été planté en 2012 par la décision dogmatique de fermer la centrale. Exit le nucléaire au Québec.

Mais si on veut relancer cette filière, il faut faire vite, et il est probablement trop tard si on veut profiter de ce qui reste d’une expertise nucléaire au Québec. Une expertise qui a coûté cher à développer dans les années 1970-1980 et que la décision de 2012 a tout simplement dispersée et éliminée…

Malgré tout, si un projet sérieux de relance du nucléaire démarrait à court terme, je serais le premier à offrir mes services et à embarquer de nouveau dans ce projet, car l’énergie nucléaire est incontournable à court et moyen termes pour sauver la planète du réchauffement climatique.

Michel Beaudet