(New York) La Bourse de New York a terminé en ordre dispersé, mercredi, le Dow Jones profitant d’une rotation vers des valeurs délaissées, dans un marché attentiste, faute de nouvelles d’importance.

Le Dow Jones a glané 0,44 %, connaissant, au passage, une sixième séance positive d’affilée. Le vénérable indice new-yorkais est à portée de son record historique en clôture, enregistré le 28 mars.

L’indice NASDAQ a cédé 0,18 % et l’indice élargi S&P 500 a fini à l’équilibre.

En l’absence d’indicateurs majeurs au menu, « il n’y a pas beaucoup de nouvelles économiques à se mettre sous la dent », observe Jack Ablin, de Cresset Capital. « C’est une semaine calme, mais le marché reste orienté à la hausse. »

Signe de la faible volatilité de Wall Street, l’indice VIX, qui mesure l’anxiété des opérateurs, est retombé à son plus bas niveau depuis six semaines.

La place new-yorkaise comptait sur les résultats de sociétés pour se redonner de l’élan, mais les comptes trimestriels ont jusqu’ici suscité des réactions mitigées.

« Les entreprises ont réussi à dépasser les attentes, mais leurs prévisions pour l’ensemble de l’exercice n’ont pas beaucoup évolué », souligne Jack Ablin. « Les bénéfices ne progressent pas beaucoup. »

Le marché obligataire a contribué au manque d’enthousiasme général, avec une nouvelle tension des taux. Le rendement des emprunts d’État américains à 10 ans s’élevait à 4,49 %, contre 4,45 % la veille en clôture.

Le Dow Jones a bénéficié d’achats à bon compte pour finir dans le vert, quand le NASDAQ, lui, était lesté par Tesla (-1,74 %), Alphabet (-1,05 %) ou PayPal (-3,20 %).

Malmené depuis des semaines, Boeing a fait partie des élus (+2,06 %), comme IBM (+0,90 %) ou Honeywell (+0,61 %).

« Les noms un peu délaissés commencent à se distinguer, car les investisseurs se positionnent en attendant des baisses de taux et chassent les bonnes affaires », selon M. Ablin.

Au-delà du Dow Jones, Kyndryl (+27,83 %), qui regroupe les anciennes activités de conseil et de maintenance d’IBM et HP (+3,63 %) ont également effectué un rattrapage.

Parmi les mauvais élèves du jour, Uber (-5,72 %), qui a publié une perte plus importante que projeté par le marché, due, pour l’essentiel, à des dépréciations de participations, sans rapport avec l’activité du groupe.

La prévision de chiffre d’affaires pour le trimestre en cours est aussi apparue modérée au regard de celle des analystes.

Tesla s’est replié aussi (-1,74 %), après l’annonce, mardi, d’une chute de 18 % de ses ventes en Chine en avril par rapport à la même période de l’an dernier.

Wall Street a piétiné la plateforme de commerce en ligne Shopify (-18,59 %), dont les résultats ont pourtant été supérieurs aux attentes du consensus FactSet, mais qui a publié une perte et annoncé s’attendre à une dégradation de ses marges pour le trimestre en cours.

Autre cible des investisseurs, la plateforme de réservation hôtelière Tripadvisor a plongé de 28,73 %. Le groupe a fait état d’une perte plus importante que ne l’envisageaient les investisseurs et indiqué que le comité chargé d’identifier un possible acquéreur avait fait chou blanc.

Après sa première publication depuis son entrée en Bourse, fin mars, le réseau social Reddit a paradé (+4,05 %), le chiffre d’affaires ayant favorablement surpris, même si les pertes se sont creusées et atteignent plus du double des revenus.

Prenant le contrepied de son rival Uber, Lyft a tiré son épingle du jeu (+7,11 %), après avoir dépassé les attentes et annoncé des prévisions plus ambitieuses que prévu, tirées par une forte demande.

Le S&P/TSX clôture en baisse

PHOTO SEAN KILPATRICK, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

Shopify est la plus grande entreprise technologique du TSX.

Les actions du poids lourd de la technologie Shopify ont chuté de près de 19 % mercredi, pesant sur le principal indice boursier canadien, tandis que les marchés américains ont été mitigés.

L’indice composé S&P/TSX a clôturé en baisse de 31,46 points à 22 259,16.

Shopify a enregistré une perte au premier trimestre malgré une augmentation des revenus. La société prévoit également une croissance plus lente de son chiffre d’affaires au prochain trimestre.

Shopify est la plus grande entreprise technologique du TSX et un poids important dans l’indice, souligne Jennifer Tozser, conseillère principale en gestion de patrimoine et gestionnaire de portefeuille chez Tozser Wealth Management à la Financière Banque Nationale.

Les bénéfices de l’entreprise n’étaient pas mauvais, mais ses perspectives de croissance future n’étaient pas aussi roses que les investisseurs l’espéraient, mentionne Mme Tozser.

Shopify est l’une des nombreuses entreprises qui ont bien réussi pendant la pandémie et qui se demandent désormais à quoi ressemblera son avenir post-COVID, affirme-t-elle.

Alors que la saison des résultats au Canada commence, Mme Tozser dit ne pas s’attendre à beaucoup de surprises.

«  C’est pourquoi Shopify est si unique […] parce que ce n’est pas un secteur très développé au Canada », soutient-elle.

L’indice TSX des technologies de l’information a chuté de 4,2 % mercredi, tandis que la plupart des autres secteurs ont affiché des gains modestes.

Les bénéfices ont continué à affluer au sud de la frontière alors que la saison américaine touche à sa fin.

Uber Technologies a vu le cours de son action chuter après que ses résultats eurent été inférieurs aux attentes des analystes, tandis que l’action Lyft a augmenté après avoir dépassé les attentes.

Mme Tozser pense que les marchés connaîtront une rotation sectorielle lorsque les banques centrales commenceront à réduire les taux d’intérêt, ce qui favorisera les entreprises de secteurs tels que l’industrie, la consommation discrétionnaire et les fonds de placement immobilier.

Au Canada, les réductions de taux pourraient commencer dès juin, la faiblesse des données économiques obligeant la Banque du Canada à assouplir ses mesures, évoque Mme Tozser.

Aux États-Unis, des réductions ne sont pas attendues avant la fin de l’année.

Cela place la Banque du Canada dans une situation difficile, selon Mme Tozser.

« Le problème est que si nous réduisons et que les États-Unis ne le font pas, nous allons affaiblir notre monnaie », affirme-t-elle.

Sur le marché des devises, le dollar canadien s’échangeait à 72,81  cents US contre 72,97 cents US mardi.

À la Bourse des matières premières de New York, le cours du pétrole brut a bondi de 61 cents à 78,99 $ US le baril et le contrat de gaz naturel a diminué de deux cents à 2,19 $ US par millier de pieds cube.

Le contrat de l’or a perdu 1,90 $ US à 2322,30 $ US l’once et celui du cuivre a glissé de sept cents à 4,54 $ US la livre.

La Presse Canadienne et l’Associated Press