Le nom Corporation Financière Champlain revient depuis quelques années de façon régulière dans l’actualité financière alors que la société d’investissement entrepreneuriale qui cible les PME multiplie les acquisitions et creuse davantage chaque jour son empreinte dans le monde des entreprises québécoises. Rencontre avec son président et fondateur Pierre Simard.

Le nombre et le rythme des nouveaux investissements réalisés par la Corporation Financière Champlain au cours des deux dernières années ont été pour le moins soutenus.

L’an dernier, le groupe a réalisé pas moins de 15 opérations de financement ou de refinancement d’entreprises dans lesquelles il a investi, et cette année, il a conclu à ce jour cinq transactions.

Il y a d’abord eu l’acquisition du groupe Sportscene, puis celles de Location Sauvageau et de Location Légaré, d’Armoires Cuisines Action, en plus des refinancements du groupe G2MC et de Sportscene, qui a elle-même procédé à l’acquisition de Restos Plaisirs et ses enseignes Cochon Dingue.

On a aujourd’hui dans notre portefeuille 33 entreprises qui évoluent au sein de 23 plateformes différentes avec lesquelles on continue de les faire progresser.

Pierre Simard, PDG de la Corporation Financière Champlain

C’est en 2004 que Pierre Simard, qui avait œuvré comme banquier d’affaires chez Lazard et Frères à New York, a fondé cette société d’investissement, calquée sur le modèle américain de la Champlain Financial Corporation qu’il avait créée deux ans plus tôt avec deux ex-camarades d’études.

« Je suis natif de Québec. Après avoir obtenu mon diplôme d’ingénieur, je suis allé compléter mon MBA aux États-Unis et j’ai travaillé dans le monde financier à New York.

« En 2002, j’ai fondé avec deux associés la Champlain Financial Corporation et on a créé un premier fonds d’investissement dans les PME américaines. En 2004, j’avais le mal du pays, alors j’ai décidé de revenir à Montréal avec ma famille pour mettre sur pied le même modèle de société de portefeuille », relate Pierre Simard.

Acquérir et consolider

La thèse d’investissement de la Corporation Financière Champlain (CFC) est simple. Il s’agit de faire l’acquisition d’entreprises qui ont du potentiel pour les amener à consolider leur secteur d’activité.

« On identifie des entreprises familiales qui cherchent des partenaires financiers. On prend une participation majoritaire et on accompagne les entreprises pour les amener plus loin.

« On investit dans une perspective de long terme de 10 ans et plus. Notre première acquisition a été celle du manufacturier de fauteuils roulants Orthofab en 2005, mais notre premier gros succès a été l’acquisition et le développement du détaillant Sports Rousseau, en 2006 », raconte l’investisseur.

Après l’acquisition d’une participation de 70 % dans les quatre magasins Sports Rousseau, le groupe s’est transformé en une chaîne de 23 magasins à l’échelle canadienne avant d’être racheté en 2012 par le groupe Forzani, appartenant à Canadian Tire.

L’investissement de 6 millions de 2006 a été revendu 85 millions en 2012. Ç’a été notre coup de départ.

Pierre Simard

En 2012, CFC a fait l’acquisition du détaillant de meubles haut de gamme La Galerie du Meuble de Québec, puis a pris en 2013 une participation majoritaire dans Maison Corbeil, et ensuite dans Les Jardins de Ville.

« On a créé une plateforme de détail dans le meuble haut de gamme qu’on a baptisée G2MC et qui est dirigée par Stéphane et Éric Corbeil, qui sont restés dans l’entreprise.

« On a créé l’enseigne MUST qui compte aujourd’hui huit magasins et là, on s’attaque à l’Ouest canadien avec la bannière Home Société, [présente] en Ontario, qui compte deux magasins, dont un qui affiche la plus grosse surface dans le meuble haut de gamme à Toronto », précise le PDG de la Corporation Financière Champlain.

Il y a 10 ans, la plateforme G2MC réalisait des revenus de 20 millions, qui sont passés aujourd’hui à plus de 200 millions.

Partenaires financiers

Depuis ses débuts, la Corporation Financière Champlain s’est associée avec différents partenaires financiers, mais c’est Fondaction qui reste son investisseur de référence.

« Depuis 2006, Fondaction a investi plus de 100 millions dans une douzaine de nos entreprises. Ils sont nos principaux partenaires financiers. On est associés dans plusieurs plateformes », souligne Pierre Simard.

La Corporation Financière Champlain est aussi associée à une centaine de familles fortunées qui participent à ses projets d’investissement ; 20 de ces 100 investisseurs privés sont plus actifs que les autres.

« On donne l’occasion à des bureaux de gestion de fortune familiale d’investir directement dans une entreprise ou une plateforme, plutôt que dans un fonds. Ils peuvent apporter leur expertise, selon le niveau de leur participation. Les investissements varient de 500 000 $ à 20 millions.

« Aujourd’hui, nos 23 plateformes totalisent des actifs sous gestion de 650 millions », précise Pierre Simard.

Parmi les plateformes importantes de CFC, on retrouve le groupe JLD-Laguë qui est propriétaire de 16 concessionnaires John Deere, de 7 concessionnaires Peterbilt, de Location Sauvageau et de Location Légaré.

Le groupe Grandio, anciennement Sportscene, regroupe maintenant 55 restaurants, dont 42 restos La Cage, des restos Cochon Dingue et 3 Brasseries Lionel, en plus du Moishes qui rouvrira bientôt à Montréal.

CFC est actionnaire majoritaire de toutes les entreprises où elle investit, à l’exception de Louis Garneau où elle a une participation de 30 %. Outre les entreprises déjà nommées, la Corporation Financière Champlain est notamment propriétaire des manteaux Kanuk, des eaux Naya, des Épices Dion, de la Boulangerie Dumas, des jeux éducatifs Brault & Bouthillier et des aliments Wong Wing.

« Notre plus gros investissement est dans Champlain Seafood, qui regroupe huit entreprises de transformation de crabe et de homard en Nouvelle-Écosse, au Nouveau-Brunswick et au Massachusetts.

« On est le plus gros transformateur de crabe et de homard en Amérique du Nord avec 50 millions de livres transformées par année et des revenus de 500 millions. Un investissement dont la valeur au livre est de 140 millions », expose fièrement le PDG de la Corporation Financière Champlain.