Au Royaume-Uni, des compagnies d’assurance comme Aviva ont cessé d’assurer des véhicules électriques, tandis que d’autres ont considérablement augmenté les primes. Qu’en est-il au Québec ?

Un article du Guardian de Londres paru le 30 septembre raconte que la société Aviva a cessé d’assurer le Model Y de Tesla. Le conducteur a réussi non sans peine à trouver un nouvel assureur, mais la prime est salée, à près de 5000 livres sterling (8300 dollars canadiens) par an. D’autres propriétaires de véhicules électriques au Royaume-Uni ont vécu une situation semblable chez d’autres assureurs, selon le même reportage.

« La situation décrite s’applique uniquement au Royaume-Uni, pas au Canada », indique, dans un courriel, Kelsie Ludlow, responsable des communications externes chez Aviva Canada.

Qu’en est-il chez nous ?

« Un véhicule électrique peut coûter plus cher à assurer selon les situations », dit Louis-Thomas Labbé, président du conseil chez Gallagher GPL, un cabinet d’assurance. Il conduit lui-même une Tesla depuis 10 ans. Ce qui lui coûte de plus en assurance, dit-il, est amplement compensé par les économies sur la consommation et les dépenses d’entretien.

Selon lui, le coût plus élevé des assurances des véhicules électriques s’explique parce que le modèle coûte cher en partant, les pièces sont difficiles à trouver et les délais de livraison sont longs. Il y a aussi une pénurie de mécaniciens, ce qui fait que les réparations prennent plus de temps. Ces retards se répercutent sur la location de la voiture de remplacement qui dure plus longtemps et revient plus cher.

Mais, combien plus cher ? lui a-t-on demandé.

C’est dur à dire, car ça varie beaucoup selon un paquet de facteurs, mais tu peux regarder pour 10, 15 % plus cher, peut-être des fois 20 %.

Louis-Thomas Labbé, président du conseil chez Gallagher GPL

Attention aux mythes

Daniel Breton, porte-parole de Mobilité Électrique Canada, lobby de voitures électriques, diverge d’opinion.

Selon le porte-parole du groupe de pression, toutes sortes de mythes entourent l’assurance de véhicules électriques. Par exemple, les histoires de batteries qui s’enflamment facilement ou les collisions qui entraînent automatiquement une perte totale à cause de l’état de la batterie. « Ce n’est pas seulement catégorique comme affirmation, c’est faux, absolument faux », laisse-t-il savoir.

« Les dernières statistiques indiquent que le véhicule à essence a 29 fois plus de risques de prendre feu qu’un véhicule électrique », dit-il, citant des données suédoises rapportées par la publication Motor Trend en juillet dernier.

Il reconnaît toutefois que l’industrie du VE a un enjeu concernant la disponibilité des mécaniciens qualifiés à réparer un véhicule électrique.

« L’enjeu, c’est la formation des mécaniciens, des réparateurs et des débosseleurs. Des compagnies d’assurance travaillent avec des constructeurs et même des concessionnaires pour mettre sur pied, avec le comité paritaire, des programmes de formation de mécaniciens et de réparateurs de véhicules électriques. Ça se fait présentement », dit M. Breton.

En somme, « on ne peut pas dire que c’est blanc ou noir, que nécessairement ça va coûter plus cher », soutient-il.

Il suggère aux consommateurs de s’assurer avec les compagnies qui en font une spécialité. Des assureurs comme Desjardins consentent même un rabais sur la prime d’assurance de véhicules électriques.

« Non, ce n’est pas plus cher assurer un véhicule électrique qu’un véhicule à combustion », répond Benoit Loyer, avocat et conseiller principal chez Desjardins assurance de dommage.

Je dirais même que c’est l’inverse. On donne des rabais sur les primes de véhicules à faible consommation d’essence et aux véhicules électriques. Par exemple, pour le modèle Y de Tesla, il n’y a aucun problème, Desjardins les assure.

Benoit Loyer, Desjardins assurance de dommage.

Pour ce qui est du coût plus élevé des réparations, M. Loyer fait valoir que c’est la technologie embarquée à bord du véhicule qui fait monter le montant des sinistres, pas le fait que la voiture soit électrique.

Dans certains pare-brise, donne-t-il en exemple, un genre de caméra est placé dans la console en haut qui joue le rôle de régulateur de vitesse intelligent. Quand on change le pare-brise, il faut recalibrer le système. La facture est en conséquence, remplacer ce type de pare-brise revient à 1500 $-2000 $ au lieu des 800 $ pour un pare-brise ordinaire.

Statistique Canada, qui suit l’évolution des immatriculations de véhicules neufs, calcule que 21 % des véhicules neufs enregistrés au Québec au cours du 2e trimestre 2023 sont à émission nette zéro ou hybrides électriques ou encore hybrides électriques rechargeables.